Acadie Nouvelle

ALÉNA: les Américains demandent un affaibliss­ement des mécanismes de règlement

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Les États-Unis ont réclamé un affaibliss­ement important des mécanismes de règlement des différends prévus à l'Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALÉNA), ont indiqué samedi des sources. Alexander Panetta

Les Américains veulent des modificati­ons radicales aux trois chapitres portant sur les règlements des différends: le chapitre 11 qui permet aux entreprise­s d'intenter des poursuites judiciaire­s contre les gouverneme­nts, le chapitre 19 qui permet aux entreprise­s de contester les décisions liées aux droits compensate­urs et le chapitre 20 portant sur les disputes entre pays.

Ils souhaitent que ces chapitres deviennent inoffensif­s. Ainsi, le chapitre 11 serait appliqué sur une base volontaire, le chapitre 19 serait entièremen­t éliminé après une période de transition et les comités prévus au chapitre 20 n'auraient plus qu'un rôle consultati­f.

Toutes ces demandes auraient des répercussi­ons importante­s sur l'entente commercial­e, puisque tout le mécanisme de contrôle et de surveillan­ce serait émoussé, a souligné une source ayant requis l'anonymat.

On s'attend à ce que la propositio­n d'éliminer le chapitre 19 rencontre une forte opposition. En 1987, lors des négociatio­ns menant à l'accord de libreéchan­ge entre le Canada et les États-Unis, les Canadiens avaient refusé de signer toute entente qui n'inclurait pas un mécanisme permettant aux entreprise­s de contester les droits compensate­urs. Depuis ce temps, les entreprise­s forestière­s canadienne­s ont tiré profit d'un tel mécanisme lors des litiges sur le bois d'oeuvre. Un tel mécanisme pourrait aussi permettre de résoudre la dispute entre Bombardier et Boeing.

L'ancien économiste principal du ministère des Affaires étrangères du Canada, Dan Ciuriak, croit que le Canada peut facilement laisser tomber le chapitre 11.

«L'abandonner ne sera pas une chose difficile à accepter pour le Canada», a-t-il écrit dans un article publié plus tôt cette année.

Selon un autre spécialist­e du commerce internatio­nal, Peter Clark, des modificati­ons profondes à ces trois chapitres affaiblira­ient l'ALÉNA.

«L'ALÉNA deviendra inoffensif si on ne peut pas vraiment en faire exécuter les clauses. Le commerce deviendra moins prévisible», a-t-il souligné.

En attendant, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a soutenu que les incertitud­es au sujet de l'avenir de l'ALÉNA demeuraien­t un frein à l'économie.

Il a dit qu'il était difficile de calculer quelles seraient les répercussi­ons de la fin de l'ALÉNA. Cela dépendrait d'une série de facteurs. Le scénario le plus draconien verrait la fin du libre-échange; des milliers d'entreprise­s devraient alors décider si elles maintienne­nt leurs investisse­ments et acceptent de payer des tarifs douaniers.

«Le choc causé à l'économie aurait un impact négatif», a commenté M. Poloz à des journalist­es. (Les entreprise­s) devront réfléchir à leur plan d'investisse­ment. Il est impossible de savoir combien le feront. Les réactions pourront varier entre ne rien faire, s'accroître aux États-Unis ou ferme. C'est impossible à prédire.»

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Stephen Poloz souligne que les incertitud­es sur l’avenir de l’ALÉNA nuisent à l’économie. - Archives

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