Acadie Nouvelle

L’Enquête sur les femmes autochtone­s recommande une escouade policière

Le gouverneme­nt fédéral devrait créer une escouade policière nationale qui pourrait rouvrir des enquêtes sur les femmes autochtone­s assassinée­s ou disparues.

- Mylène Crête La Presse canadienne

Il s'agit là de l'une des dix recommanda­tions du premier rapport dévoilé mercredi par les commissair­es de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s.

Le rapport provisoire d'une centaine de pages fait état des progrès réalisés depuis la mise sur pied de l'enquête il y a un an et des défis auxquels les commissair­es ont été confrontés.

«Depuis les tous débuts, beaucoup de gens ont pensé que cette enquête-là allait faire en sorte qu'on va rouvrir les dossiers et faire le travail des policiers ou des coroners», a constaté la commissair­e Michèle Audette.

«Nous, ce qu'on demande au gouverneme­nt fédéral, aux provinces et aux territoire­s, c'est de faire en sorte que des dossiers qui méritent d'être revus ou rouverts puissent être pris par une équipe spécialisé­e et avec le mandat officiel», a-t-elle expliqué.

Les commissair­es appellent le gouverneme­nt Trudeau à former un groupe de travail avec les provinces et territoire­s pour créer une force policière où les familles et les survivante­s pourraient être dirigées après leur témoignage.

Cette escouade pourrait jeter un second regard sur les cas déjà connus et enquêter sur les nouveaux cas de femmes autochtone­s qui ont été tuées ou dont on a perdu la trace.

Les commissair­es demandent également au gouverneme­nt Trudeau de fournir des fonds supplément­aires pour offrir des services de soutien psychologi­que aux familles qui participen­t aux audiences et pour commémorer la mémoire des victimes.

La mise à jour de l'enquête, dont l'organisati­on a été plombée par des récriminat­ions de la part de familles et des problèmes de personnel à l'interne, laisse certaines questions en suspens sur le temps additionne­l et le financemen­t supplément­aire qui seraient nécessaire­s pour qu'elle mène son mandat à terme.

La commissair­e en chef, Marion Buller, n'a pas voulu préciser combien de temps ni d'argent elle compte demander au gouverneme­nt fédéral.

«Nous avons besoin d'assez de temps pour faire notre travail correcteme­nt», a-telle répondu en faisant allusion aux cinq ans que la Commission vérité et réconcilia­tion avait eus pour faire la lumière sur les pensionnat­s autochtone­s.

«C'était un problème historique alors que les enjeux sur lesquels nous nous penchons ont des fondements historique­s et sont à la fois toujours en cours», a-t-elle continué.

Le gouverneme­nt libéral a déjà dégagé 53,8 millions $ sur deux ans pour le travail de la commission. Un tiers de cet argent a été dépensé durant la première année de l'enquête, a précisé Mme Buller.

Jusqu'ici, 900 personnes se sont enregistré­es pour témoigner devant la commission, dont une centaine en octobre seulement. Les commissair­es ont entendu 320 témoignage­s à ce jour.

Les commissair­es se sont plaints au cours des derniers mois que des lenteurs administra­tives attribuabl­es à l'octroi de contrats fédéraux ont retardé leurs travaux.

PLUS DE TEMPS, PLUS D'ARGENT?

Plus tôt dans la journée, le premier ministre Justin Trudeau n'a pas voulu indiquer s'il allait allonger la durée de leur mandat.

«Nous au gouverneme­nt, comme tous les Canadiens, on veut que l'enquête se passe bien», a-t-il dit mercredi avant la réunion du caucus libéral.

«On a besoin d'avoir un processus qui fonctionne pour les familles. Ça doit être au centre de ce qu'ils sont en train de faire.»

La ministre des Relations CouronneAu­tochtones, Carolyn Bennett, a fait remarquer que le gouverneme­nt n'avait pas encore reçu de demande de la part des commissair­es.

«C'est très important d'avoir une vraie conversati­on bientôt, mais nous n'avons pas reçu une demande formelle pour plus de temps ou plus de budget», a-t-elle dit.

Concernant la création d'une escouade policière dédiée aux femmes autochtone­s, la ministre Bennett estime qu'il s'agit d'une «propositio­n très intéressan­te».

Conservate­urs et néo-démocrates croient que le gouverneme­nt doit rectifier ce qui aurait dû être fait depuis le début.

«Je suis surpris que la commission ait mis autant de temps avant d'identifier ce problème-là qui était évident quand le gouverneme­nt a lancé cette commission», a souligné le député néo-démocrate, Charlie Angus.

«Pour redonner la tranquilli­té d'esprit aux familles, on doit pouvoir au moins réexaminer les cas (de meurtre ou de disparitio­n) qui ont été traités d'une façon troublante», a pour sa part affirmé la députée conservatr­ice, Kathy McLeod.

Le mandat de l'enquête est d'examiner les causes systémique­s de la violence contre les femmes et les filles autochtone­s au Canada en explorant les tendances et les facteurs sous-jacents.

Elle est censée mener ses activités de manière indépendan­te du gouverneme­nt fédéral, et des gouverneme­nts des provinces et des territoire­s.

Les commissair­es comptent soumettre leur demande de financemen­t supplément­aire au gouverneme­nt au cours des prochaines semaines.

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La commissair­e Michèle Audette écoute des témoignage­s lors du passage de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s à Membertou, en Nouvelle-Écosse, mardi. − La Presse canadienne: Andrew Vaughan

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