La musculation n’est pas qu’une question d’apparence
Dans tous les magazines de musculation masculins ou féminins, les modèles affichent une masse musculaire hypertrophiée et une mine réjouie. Sourire de circonstance ou réel épanouissement? La musculation n’est pas qu’une question d’apparence. Elle a de nombreux bienfaits, prouvés scientifiquement. En 2004, une étude publiée dans le journal professionnel américain Primary Care Companion a démontré que la pratique de la discipline prévenait ou réduisait les symptômes de la dépression, au même titre que la natation ou la course à pied. Les experts reconnaissent qu’elle est un moyen de lutter contre l’ostéoporose. À force d’entraînement, les os, comme les muscles, se renforcent. Le diabète aussi est peu répandu chez les culturistes. Le National Institute of Health des États-Unis a mis au jour que les adeptes de la musculation avaient 34% de chances en moins de souffrir de cette maladie qui, d’ici 2030, touchera 350 millions de personnes à travers le globe, selon l’Organisation mondiale de la santé (l’OMS). Ce pourcentage grimpe à 59% pour les sportifs qui combinent les entraînements de force aux exercices d’endurance cardiovasculaire. Peaufiner sa silhouette n’a pas que des vertus esthétiques, cela prévient les problèmes de dos et améliore l’équilibre, car développer ses pectoraux ou ses ischio-jambiers c’est en même temps travailler ses muscles stabilisateurs. Sport bénéfique, la musculation? Oui, mais gare à l’outrance. Lorsque le culte du corps est poussé à l’extrême, que le culturiste en veut toujours plus et qu’il régit sa vie uniquement en fonction de ses entraînements et de ses idéaux, cela vire parfois au cauchemar. Les psychiatres s’intéressent de plus en plus au phénomène de la bigorexie. Ce trouble mental se définit par un décalage entre la réalité et la perception que la personne qui en est atteinte a de son propre corps. Il touche majoritairement les hommes. La psychologue Nathalie Saint-Amour, de Lévis (au Québec), s’est spécialisée dans le traitement de cette maladie. Elle observe que les gens concernés sont souvent perfectionnistes et animés d’un irrépressible désir de plaire. À qui la faute? La psychothérapeute pointe les images de corps parfaits bombardées dans nos sociétés modernes (et le plus souvent retouchées sur ordinateur). «Les idéaux de la beauté masculine rattrapent ceux des filles», affirme-t-elle. - VP