De bonnes retombées malgré le peu de financement
Pour présenter des vitrines dans les marchés du spectacle comme la FrancoFête, les artistes doivent souvent investir des sommes importantes. S’ils ont accès à du financement à travers certaines agences et initiatives, il reste que le programme d’aide du N
La saison des événements contacts est bien entamée que ce soit en Acadie ou ailleurs au pays. Musique NB, FrancoFête, Contact ontarois, Contact Ouest, Roseq, Bourse Rideau; tous ces événements sélectionnent des artistes pour offrir des extraits de spectacle afin de tenter de se vendre auprès des diffuseurs et ainsi obtenir des tournées. Pour les créateurs et leurs agents, ces rencontres professionnelles sont des passages obligés.
La propriétaire de l’agence Le Grenier Musique, Carol Doucet, précise que ces événements constituent la base de son travail afin de développer des relations et faire tourner ses artistes. Or, ces opérations de promotion coûtent très cher aux artistes et à leur équipe. Un artiste peut dépenser entre 2000$ et 10 000$ pour participer à une vitrine. Les artistes ne reçoivent aucun cachet quand ils se produisent dans ces événements. C’est l’artiste et son agent qui doivent payer.
D’abord, il y a des frais d’études de dossier qui oscillent entre 100$ et 300$, selon l’événement, et ce, avant même d’être retenu en vitrine. L’agente d’artiste Carole Chouinard qui travaille, entre autres, avec Raphaël Butler et les Hôtesses d’Hilaire, précise qu’elle peut investir environ 4000$ en frais d’étude de dossier dans une année pour les musiciens qu’elle représente. Pour beaucoup d’événements, les artistes auront aussi à payer des frais d’inscription de quelques centaines de dollars, une fois qu’ils sont choisis.
La FrancoFête est l’un des seuls événements du genre qui n’exige pas de frais d’inscription supplémentaires aux artistes en vitrine. Dans certaines rencontres comme au Contact ontarois, les frais d’inscription dépassent les 400$, note Carole Chouinard. Pour un groupe comme les Hôtesses d’Hilaire qui compte cinq musiciens, les vitrines représentent un investissement important en frais d’hébergement, de déplacement et de repas. Quant aux artistes solos, ils doivent en plus verser des cachets à leurs musiciens.
«Dans l’année, la moyenne investie par chaque artiste se situe autour de 20 000$, si on inclut une vitrine à l’international», a précisé Mme Chouinard.
Habituellement, les artistes peuvent recevoir de l’aide financière de Musicaction et du programme de développement de l’industrie de la musique du Nouveau-Brunswick (DIM) pour couvrir une partie de leurs dépenses. Encore faut-il qu’ils soient sélectionnés par le jury et qu’il reste de l’argent dans le programme. Sinon, ils doivent aller fouiller dans leurs coffres pour défrayer les coûts.
RÉVISION DU PROGRAMME
Le DIM est doté d’une enveloppe budgétaire annuelle de 300 000$ pour ses trois volets, ce qui aux yeux de plusieurs intervenants est nettement insuffisant. Le programme fournit des subventions pour l’enregistrement sonore, les artistes en début de carrière et l’accès aux marchés (tournée, développement professionnel et vitrines). Musique NB gère ce programme depuis le mois de juin. Jean Surette souligne que l’ensemble du programme est très sollicité depuis deux ans. Entre les mois d’avril et août, ils reçoivent énormément de demandes pour des événements contacts. Arrivé au mois de septembre, le fonds est épuisé.
«C’est la deuxième année que le programme est très sollicité. Sur la moitié de l’enveloppe qui restait quand on a pris en charge la gestion, on a reçu plus du double de sa valeur en demandes. Par le mois d’août et septembre, il y avait déjà assez de demandes dans le système pour que l’enveloppe soit vidée. C’est un défi qu’on va aborder cette année en faisant la révision du programme», a souligné Jean Surette.
Selon M. Surette, les artistes doivent avoir accès à du financement parce que les vitrines peuvent être très dispendieuses. Musique NB, qui entreprend la révision du programme, a lancé un sondage sur son site web et sur les médias sociaux afin de consulter les membres de l’industrie musicale et les clients du DIM pour savoir si le programme répond à leurs besoins. L’association, qui a déjà quelques idées pour étaler le financement sur une plus longue période, estime que le programme nécessite un budget plus élevé.
DES VITRINES NÉCESSAIRES
Les agents d’artistes s’entendent pour dire que ces événements professionnels sont absolument nécessaires pour le développement de la carrière des musiciens. Il est donc impératif que le gouvernement provincial augmente le budget du DIM, estiment-ils.
«En Acadie, pour se faire connaître même de nos diffuseurs à nous, il faut avoir un maximum de vitrines», a partagé Carole Chouinard.
Carol Doucet qui représente au-delà d’une dizaine d’artistes envoie des soumissions pour 50 à 70 vitrines par année.
«Si je prends l’exemple de la FrancoFête, ceux qui ont des vitrines officielles ont énormément de retombées. Les artistes avec qui je travaille cette année ont conclu beaucoup de spectacles dans les événements contacts. Quand ils sont vus et revus par des professionnels, c’est là que le développement se fait. La vitrine est méga importante au développement du spectacle et la meilleure manière d’obtenir des tournées parce que tout débute là. Des fois, on signe les dates directement aux événements», a ajouté Mme Doucet.
Elle cite en exemple Menoncle Jason qui a obtenu une tournée de 12 spectacles lors de la Rencontre d’automne du Roseq à Rimouski.