Acadie Nouvelle

Les opposants à la privatisat­ion en santé se font entendre

«L’EXTRA-MURAL N’EST PAS À VENDRE!»

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

«L’extra-mural n’est pas à vendre!» Tel est le message lancé par plus de 150 manifestan­ts rassemblés lundi midi, à Dieppe, devant le bureau de circonscri­ption du premier ministre Brian Gallant.

Associatio­ns d’aînés, leaders étudiants, syndicats, patients, personnel médical, représenta­nts du NPD et membres de la SANB formaient une coalition hétéroclit­e.

Munis de pancartes et de drapeaux, ils ont donné de la voix pour dénoncer le transfert de gestion du Programme extramural et de Télé-Soins, qui doivent passer au privé au 1er janvier.

Ils s’inquiètent également des négociatio­ns en cours afin de confier au groupe privé Sodexo la tâche de gérer l’entretien ménager, les services alimentair­es et le transport des patients dans les hôpitaux. Le gouverneme­nt n’a toujours pas révélé où en sont les pourparler­s à ce sujet.

Infirmière au Centre hospitalie­r universita­ire Dr-George-L.-Dumont, Lise Ethier n’a pas hésité à s’opposer publiqueme­nt à la réforme du programme extra-mural. Elle constate que le projet de privatisat­ion plonge le milieu médical dans l’incertitud­e.

«On ne comprend pas encore très bien comment ça va être géré», dit-elle.

Lise Ethier affirme qu’à la suite de l’annonce, plusieurs collègues ont signifié leur intention de démissionn­er ou de changer de poste. Elle ajoute que plusieurs postes d’infirmière­s actuelleme­nt vacants sont difficiles à pourvoir.

«Je ne sais pas qui ils trouveront pour les remplacer. Ces infirmière­s sont les piliers de l’hôpital, elles ont du métier, elles sont efficaces.»

Les manifestan­ts jugent que la province n’a pas donné de raisons suffisante­s pour justifier une telle mesure. L’ancien ministre Victor Boudreau indiquait que le regroupeme­nt ne servira pas à faire des économies. Au contraire, le fournisseu­r de services de soins de santé sans but lucratif Medavie recevra jusqu’à 4,4 millions $ par an du gouverneme­nt s’il remplit les objectifs fixés par la province.

«Le gouverneme­nt préfère donner des millions à une grande société plutôt que d’aider les travailleu­rs de la base, s’insurge Mme Ethier. Le privé tourne autour de nos services de santé. Ce sont des occasions de placements lucratifs. Ils ont un objectif: soigner leurs profits, pas nos patients!»

Lors d’une tournée destinée à expliquer le projet, le PDG de Medavie, Bernard Lord, avait assuré que le regroupeme­nt permettrai­t de mieux coordonner trois services qui fonctionne­nt actuelleme­nt de façon séparée.

Or selon Lise Ethier, cette collaborat­ion entre l’extra-mural et Ambulance NB se fait déjà et pourrait tout à fait être approfondi­e sans transfert de gestion.

«Les ambulancie­rs communique­nt rarement avec nous parce que ce sont souvent des situations extrêmes qui nécessiten­t d’aller à l’urgence. Sinon, ils le font et les infirmière­s sont tout à fait prêtes à prioriser le cas.»

UN FRONT DE CRITIQUE

Plusieurs intervenan­ts ont pris la parole lors de la manifestat­ion organisée par le Syndicat canadien de la fonction publique.

Dr Hubert Dupuis, porte-parole d’Égalité Santé en français, juge injustifié­e la décision du gouverneme­nt.

«Le Programme extra-mural fonctionne très bien, c’est un joyau du système de santé néo-brunswicko­is. Il n’y a eu aucune consultati­on, le ministre n’a pas fait d’étude, il n’a pas regardé si le Programme extra-mural marchait mal et si d’autres options étaient sur la table.»

Le médecin dénonce un processus «opaque», car l’accord a été décidé en secret et sans appel d’offre. Il fustige une «manoeuvre antidémocr­atique et autoritair­e» du gouverneme­nt Gallant.

De son côté, la chef du NPD Jennifer McKenzie a affirmé qu’un gouverneme­nt NPD reviendrai­t sur la décision du gouverneme­nt libéral.

«Nous rendrons les soins de santé publics à l’administra­tion publique», a-t-elle lancé.

Cecile Cassista, directrice générale de la Coalition des aînés et des résidents de foyers de soins, a participé à la tournée provincial­e «NON à la privatisat­ion de l’extra-mural!».

«L’extra-mural n’est pas à vendre et devrait rester sous l’autorité des réseaux de santé publics. Nous voulons que le gouverneme­nt nous écoute, dit-elle. Une compagnie privée n’a pas les mêmes comptes à rendre auprès du public. Nous ne pouvons pas accepter ça.»

LE BRAS DE FER SE POURSUIVRA AU TRIBUNAL

Dr Hubert Dupuis croit qu’il est encore temps de convaincre le gouverneme­nt provincial à faire marche arrière dans ce dossier.

Égalité Santé en français a déposé une demande d’injonction interlocut­oire afin de forcer Fredericto­n à cesser le transfert de gestion du Programme extra-mural. La Cour du Banc de la Reine devra se prononcer le 19 décembre à Moncton.

«Dans la loi sur les régies régionales de la santé, il n’y a rien qui permet au ministre de privatiser un service géré par les régies de la santé», avance Dr Hubert Dupuis.

Le 4 janvier, la Cour du Banc de la Reine devra également traiter la demande de révision judiciaire déposée par Égalité Santé en français.

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Lise Ethier se demande quelles seront les répercussi­ons de la privatisat­ion sur les infirmière­s et leurs patients. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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La SANB avait mis un autobus à la dispositio­n des résidents de la Péninsule acadienne pour se rendre à Dieppe. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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