Acadie Nouvelle

DE VRAIS DÉPOTOIRS

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Les fonds marins près des quais de la côte est du Nouveau-Brunswick ressemblen­t à un dépotoir. Si le grand public ne voit pas l’étendue du problème, les plongeurs le remarquent chaque fois qu’ils descendent à l’eau.

Jody Pratt ne manque pas d’analogies pour décrire le fond marin du NouveauBru­nswick. Depuis plus de 20 ans, le citoyen de Richibucto est à la tête d’une entreprise de formation en plongée sousmarine nommée Confederat­ion Divers. Il a donc vu sa part de fonds marins malpropres.

«C’est comme conduire sur la route et voir un fossé plein de poubelles.»

«Imagine quelqu’un qui fait un piquenique, qui se lève et qui part en laissant tout par terre. On voit des gobelets de café, des boîtes de poulet frit et toutes sortes de choses du genre.»

Le président de l’Associatio­n portuaire de Richibucto organise depuis 23 ans des nettoyages des eaux près de quais. Lors de sa première expédition, en 1994, il a passé un week-end avec 43 autres plongeurs dans les eaux de Pointe-du-Chêne, près de Shediac. Pendant deux jours, ils ont transporté sans arrêt des déchets du fond marin vers des conteneurs d’ordures sur terre.

«On a ramassé 6,2 tonnes de déchets. On en avait fait un événement très public pour montrer aux gens ce qui se passait.»

«J’organise beaucoup de nettoyages, mais on ne peut pas suivre le rythme auquel la pollution apparaît. C’est plus grave près des quais. Je ne pense pas qu’il serait possible de garder ces eaux là propres.»

Le niveau de pollution est demeuré à peu près le même depuis les années 1990, selon M. Pratt. Le problème serait causé en grande partie par un manque de sensibilis­ation.

«Je l’avais dit dans une entrevue en 1994: loin des yeux, loin du coeur. Si quelqu’un jette quelque chose en bas d’un quai, c’est parti et ils n’y pensent plus. Mais quelqu’un comme moi qui va nager peut le voir.»

Si les visiteurs des quais doivent changer leur comporteme­nt, plusieurs pêcheurs doivent aussi améliorer leurs pratiques, croit M. Pratt. Il trouve périodique­ment dans l’eau des conteneurs en plastique pour appât congelé utilisés par les homardiers.

«On parle de personnes qui devraient être plus sensibles à la question, parce qu’il s’agit de leur gagne-pain. Il y en a qui sont très méticuleux et qui s’assurent que tout ce qui sort du quai y revient, mais il y en a d’autres qui ne croient évidemment pas que ça en vaut la peine.»

Le programme Ship-to-Shore de l’organisme à but non lucratif néo-écossais Clean Foundation a été fondé en 2008 afin de réduire la pollution des pêcheurs commerciau­x.

Plus de 400 pêcheurs se sont engagés dans la campagne Garbage: I bring it back (Les ordures: je les ramenne).

Environ 600 000 boîtes pour appât sont jetées à l’eau chaque année par des pêcheurs, peut-on lire sur le site internet de Ship-to-Shore.

Le MPO travaille en collaborat­ion avec le Ship-to-Shore par le biais du programme de Ports pour petits bateaux.

Steve Hachey, conseiller en communicat­ion au MPO, n’est pas au courant d’un programme équivalent au NouveauBru­nswick.

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 ?? - Gracieuset­é: Corey Morris ?? Plusieurs fonds marins ressemblen­t à un dépotoir. Sur la photo, on peut voir des eaux près de quais de Terre-Neuve-etLabrador.
- Gracieuset­é: Corey Morris Plusieurs fonds marins ressemblen­t à un dépotoir. Sur la photo, on peut voir des eaux près de quais de Terre-Neuve-etLabrador.
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