Privatisation du Programme extra-mural: «La bonne chose à faire pour le N.-B.» selon Bernard Lord
À moins d’un revirement majeur, il reste moins de deux semaines avant le transfert du Programme extra-mural et de la ligne Télé-Soins 811 vers Medavie, un organisme privé à but non lucratif. Bernard Lord, PDG de Medavie, n’est aucunement perturbé par la vague d’opposition en cours. La décision demeure la meilleure pour le NouveauBrunswick, croit-il.
Le gouvernement libéral de Brian Gallant a adopté la Loi concernant les services extra-muraux le 20 décembre. Le 1er janvier 2018, les deux services seront transférés à Medavie, qui gère déjà Ambulance NB. L’un des objectifs est de créer une seule entité regroupant Télé-Soins, le Programme extramural et Ambulance NB sous un seul toit.
Au cours des derniers mois, l’affaire a cependant provoqué une importante levée de boucliers au Nouveau-Brunswick.
Plusieurs syndicats, associations d’aînés et organismes communautaires se sont positionnés contre la mesure. Le transfert vers le secteur privé fait notamment l’objet d’une demande d’injonction interlocutoire du groupe Égalité santé en français. La Cour du Banc de la Reine devra se prononcer avant le 1er janvier. Le Réseau de santé Vitalité est aussi contre.
«C’est normal qu’il ait des gens avec des points de vue différents dans une société libre et démocratique comme la nôtre. (…) Le fait que des gens soient contre, il fallait s’y attendre, surtout quand un gouvernement décide de faire un changement important comme celui-ci», dit Bernard Lord.
L’ancien premier ministre du NouveauBrunswick continue de croire au bien-fondé de l’entente avec le gouvernement provincial.
«La réalité dans ce cas, c’est que c’est la bonne chose à faire. Le gouvernement prend la bonne décision. Le Nouveau-Brunswick fait face à un défi énorme. La population est vieillissante et une proportion élevée d’entre eux habite en région rurale. Souvent, les enfants ont déménagé dans les centres urbains dans la province ou dans plusieurs cas ailleurs au Canada. Ces personnes âgées ont droit à des services de qualité et ils s’attendent à en recevoir. Le gouvernement doit répondre à cette demande.»
Au cours des derniers mois, Bernard Lord et son équipe travaille d’arrache-pied pour que tout se passe en douceur le 1er janvier. Il y a quelques semaines, Richard Losier a été nommé à la présidence de Services de santé Medavie Nouveau-Brunswick.
M. Losier a notamment été directeur du Centre hospitalier universitaire DrGeorges-L.Dumont et vice-président du conseil d’administration du Réseau de santé Vitalité. Il a aussi travaillé pour un fournisseur américain d’équipements médicaux.
«À ce jour ça va bien. Quand on entreprend un projet comme celui-là, il y a toujours des défis, mais l’équipe est bien préparée. L’objectif premier est de s’assurer que les soins aux patients continuent. Une fois que le programme sera en marche, le travail sera d’intégrer les trois programmes (Extra-mural, Ambulance NB et Télé-Soins 811) et d’améliorer le service de soins à domicile et de réduire les visites aux urgences», explique M. Lord.
Les autres membres du conseil d’administration ont été choisis, mais leurs noms ne sont pas encore connus.
«On a fait du recrutement pour chercher les meilleures personnes. Ils viennent tous du Nouveau-Brunswick. La plupart travaillent dans le système de santé actuel, soit avec les réseaux Horizon et Vitalité ou avec le ministère de la Santé. Ils vont travailler ensemble pour assurer la mise en oeuvre du nouveau programme.» Bien que l’annonce du gouvernement Gallant ait eu lieu le 1er septembre 2017, les pourparlers entre Medavie et le gouvernement provincial ont commencé il y a plusieurs années.
Les premières mentions officielles remontent au discours du budget du NouveauBrunswick de 2016-2017, mais le dialogue initial a été lancé bien avant.
«C’était très clair à ce moment (lors du discours du budget), mais certaines discussions ont été lancés le gouvernement précédent et mon prédécesseur.»
Au cours des derniers mois, le gouvernement Gallant a souvent été appelé à défendre et à justifier sa décision.
«Ce n’est pas une question d’économies ou de couper des emplois. C’est vraiment pour améliorer l’accessibilité aux soins de santé primaire dans la communauté», avait souligné en septembre Victor Boudreau, alors ministre de la Santé.
Le PDG de l’organisme privé assure que le regroupement permettra de mieux coordonner trois services qui travaillent en vase clos dans leur propre secteur d’activité.
«Il y a peu de communication entre les trois. Notre objectif est de créer un système intégral pour la province.»
Si Medavie est une société privée, comment peut-elle être à but non lucratif? Voilà une question qui a été posée à maintes reprises au cours des derniers mois.
Bernard Lord reconnaît qu’il s’agit d’une entreprise commerciale qui vend des produits et services. La différence, selon lui, provient du fait que les profits sont souvent réinvestis dans l’entreprise ou versés à la Fondation Medavie pour la santé.
«On n’a pas d’actionnaires. Avec les revenus nets, on paie nos employés, on bâtit des réserves parce qu’une partie de notre entreprise vend des assurances, alors c’est important d’avoir des fonds lorsqu’il y a des réclamations. Certaines de nos filiales paient des impôts. On réinvestit aussi dans l’entreprise et on verse de l’argent à la Fondation Medavie qui appuie trois grandes causes: le diabète, la santé mentale et le syndrome de stress posttraumatique.»