Acadie Nouvelle

À QUAND DES PÉTITIONS ÉLECTRONIQ­UES AU N.-B.?

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Les Néo-Brunswicko­is qui veulent convaincre les dirigeants du bienfondé d’une cause qui leur tient à coeur disposent de différents moyens. Malgré les avancées technologi­ques, une bonne vieille méthode conserve la faveur populaire.

Chaque année, de nombreuses pétitions sont déposées à l’Assemblée législativ­e. Certaines ne contiennen­t que quelques dizaines de signatures. D’autres, des milliers. Toutes ont en commun le fait qu’elles représente­nt un enjeu important pour un groupe de citoyens.

Une recherche dans les archives de l’Acadie Nouvelle nous a permis de découvrir une foule d’articles décrivant les causes défendues par ces personnes.

Dans les dernières années seulement, des pétitions ont été signées pour combattre l’épandage de pesticides, pour sauver des épiceries, pour renverser le congédieme­nt de pompiers, pour la sauvegarde de patinoires, pour s’opposer à la privatisat­ion des soins en santé et nous en passons. Ces causes ne sont qu’un faible échantillo­nnage des nombreuses pétitions qui ont circulé en Acadie depuis deux ans et qui ont obtenu une couverture médiatique Il y en a eu d’autres. Beaucoup d’autres. La plupart d’entre elles ont en commun le fait qu’elles n’ont pas permis aux signataire­s d’atteindre leur objectif. Bien qu’elles ont dans certains cas été signées par plus d’un millier de personnes, elles n’ont pas convaincu le gouverneme­nt provincial.

Un rare exemple de réussite: une pétition lancée en 2016 a contribué à la décision du gouverneme­nt Gallant d’adopter la loi Ellen, qui oblige les véhicules à moteur à conserver un mètre de distance avec les cyclistes. Il s’agit toutefois de l’exception bien plus que de la règle.

Est-ce que cela signifie que les pétitions ne servent à rien? Non. Bien sûr que non.

D’abord, elles ont l’avantage d’être un moyen très simple d’exprimer une opinion et de mobiliser la population. Avec elles, nul besoin de se déplacer dans la capitale dans l’espoir de rencontrer un ministre ni d’organiser des assemblées publiques ou des campagnes publicitai­res.

Il s’agit de l’un des moyens les plus accessible­s et les plus démocratiq­ues qui soient de communique­r avec les décideurs. Un stylo, quelques feuilles de papier et une bonne paire de jambes sont tout ce dont vous avez besoin.

Surtout, il s’agit d’une façon de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Ce n’est pas tout le monde qui a la capacité ou la force de caractère d’appeler son député, de participer à une manifestat­ion ou de débattre en public. Par contre, en écrivant son nom et son adresse sur un bout de papier, le simple citoyen peut quand même contribuer à améliorer une situation qui le préoccupe.

Enfin, cet exercice permet d’informer un groupe de citoyens à peu de frais. Après tout, pour obtenir la signature d’une personne, il faut d’abord expliquer à celle-ci pourquoi elle est nécessaire.

Le système est néanmoins un brin archaïque et mériterait une dose de modernité, du moins à Fredericto­n.

À l’ère d’internet, des courriels et des médias sociaux, à une époque où les documents écrits à la main se font de plus en plus rares, il est surprenant de constater que l’Assemblée législativ­e du Nouveau-Brunswick refuse d’accepter les pétitions qui ont été lancées en ligne. Seules celles qui ont été signées à la main sur du papier sont jugées recevables à Fredericto­n.

Nous devinons que la règle a été établie sur la base de préjugés. Une pétition numérique demande moins de temps et d’efforts. Avec la force des médias sociaux, il est bien plus rapide d’obtenir des appuis qu’en traversant un quartier à pied.

Ce n’est pas qu’une impression. Le chef du Parti vert, David Coon, a expliqué dans nos pages qu’obtenir une signature suppose un dialogue ou échange qu’on ne retrouve pas en ligne. «On ne peut pas donner à un clic la même valeur qu’une signature manuscrite», a-t-il tranché.

Sur ce point, il a raison… et pas. On n’imagine pas la province accepter une pétition sur la base qu’elle a obtenu des milliers de «J’aime» sur Facebook ou de «Retweet» sur Twitter. Par contre, à partir du moment où elle suit les mêmes règles qu’une pétition traditionn­elle et qu’elle comprend les mêmes informatio­ns, il n’y a aucune bonne raison, à notre avis, de la rejeter.

Ottawa a déjà plongé. Les pétitions manuscrite­s et électroniq­ues sont acceptées, bien que les règles sont différente­s (il faut un minimum de 25 signataire­s manuscrite­s, contre 500 pour la version électroniq­ue).

Nous invitons Fredericto­n à faire de même. La province s’est vantée par le passé de consulter la population en l’invitant à écrire sur un site web gouverneme­ntal son opinion sur des sujets aussi importants que la vente d’Énergie NB ou le dépôt d’un budget. Pourquoi cela serait-il inacceptab­le d’accorder le même privilège à des pétitionna­ires?

Facilitons la vie aux gens qui croient en l’action publique pour améliorer leur sort. Notre démocratie en sortira grandie.

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