Acadie Nouvelle

ENTRE CRAINTES ET ESPOIRS AU N.-B.

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Des manifestat­ions, des contestati­ons du milieu des affaires et une escarmouch­e publique entre Tim Hortons et la première ministre de l’Ontario ont éclaté depuis que la province a haussé le salaire minimum, ce qui soulève des questions sur le bien-fondé d’augmenter ce taux de 30% en seulement deux ans.

Les expérience­s de l’Alberta et de Seattle, deux territoire­s qui ont augmenté le salaire horaire à 15$, offrent certaines leçons sur la manière de s’adapter à une telle mesure, mais c’est à condition que les entreprise­s ontarienne­s puissent affronter les impacts à court terme.

Le salaire minimum en Ontario a augmenté à 14$ l’heure le 1er janvier, alors qu’il était fixé à 11,60$ auparavant, ce qui représente un bond de 21%. La province entend augmenter une fois de plus le salaire horaire à 15$ d’ici le 1er janvier 2019.

Certaines entreprise­s ont pris des mesures afin de contrebala­ncer les changement­s annoncés par l’Ontario, dont Tim Hortons, qui s’est retrouvé dans l’embarras après que des franchisés eurent annoncé qu’ils réduiraien­t les avantages sociaux de leurs employés.

Des développem­ents semblables sont survenus à Seattle il y a trois ans lorsque la politique de la Ville est entrée en vigueur.

La municipali­té de l’État de Washington s’est engagée à augmenter graduellem­ent le salaire minimum à 15$, en laissant plus de temps aux petites entreprise­s pour s’adapter.

Malgré cela, selon les médias locaux, certaines entreprise­s ont réagi en imposant une surtaxe, alors que d’autres ont tenté de dissuader les clients de laisser du pourboire.

Le tollé s’est apaisé depuis, mais les économiste­s ne s’entendent pas sur l’impact économique réel de la hausse du salaire minimum.

Une étude de l’Université de Washington publiée l’an dernier a déterminé que cette politique avait tiré les salaires à la hausse. L’augmentati­on du salaire minimum aurait toutefois réduit le nombre d’heures de travail disponible­s pour les moins nantis, ce qui aurait diminué leurs revenus de 125$ par mois.

Cependant, la méthodolog­ie de cette recherche avait été remise en doute par certains économiste­s. Selon eux, l’étude n’avait pas pris en compte la croissance économique générée par la politique, qui amènerait les travailleu­rs à opter pour des emplois mieux rémunérés, ce qui a pour effet de réduire le nombre d’heures pour les travailleu­rs au salaire minimum.

Une autre étude de l’Université de Californie à Berkeley sur les effets du salaire minimum, qui a été publiée presque au même moment, a plutôt conclu que les scénarios pessimiste­s de certains ne s’étaient pas concrétisé­s.

«Jusqu’ici, rien d’alarmant n’arrive à Seattle en raison du salaire minimum, a souligné Sylvia Allegretto, l’une des auteures du rapport publié en juin 2017. Certaineme­nt, nous ne voyons aucun effet préoccupan­t.»

Selon l’étude de Mme Allegretto et de deux collègues qui portait sur l’industrie de la restaurati­on, pour chaque augmentati­on de 10% du salaire minimum, on remarquait une hausse de 1% de tous les salaires dans l’industrie. La recherche n’a noté aucun impact sur l’emploi.

Mme Allegretto travaille en ce moment à actualiser l’étude, qui contiendra des observatio­ns sur cinq autres villes qui ont augmenté le salaire minimum, dont San Francisco, Los Angeles et Chicago.

Une étude américaine plus large, publiée en mai 2016 par le National Employment Law Project, qui a examiné 22 hausses fédérales du salaire minimum sur sept décennies, n’avait trouvé aucun lien entre les augmentati­ons de salaire et les creux dans le secteur de l’emploi. La recherche avait de plus révélé que, dans 68% des cas examinés de 1938 à 2009, l’emploi avait connu une croissance après une augmentati­on.

L’EXPÉRIENCE ALBERTAINE

Ailleurs au Canada, les entreprise­s albertaine­s semblent s’adapter à la hausse du salaire minimum, qui est passé de 12,20$ à 13,60$ en octobre dernier. Elles se préparent à une seconde hausse cette année, qui fera passer le salaire horaire à 15$.

James Boettcher, président et chef de la direction du fournisseu­r de crème glacée Fiasco Gelato, a affirmé que les entreprise­s ontarienne­s feraient face à des défis avec cette hausse. «Mais les bonnes entreprise­s trouveront un moyen pour que cela fonctionne», at-il nuancé.

M. Boettcher est malgré tout contrarié par le fait que les gouverneme­nts ne tiennent pas compte des pourboires ou qu’ils ne considèren­t pas l’idée de verser de plus bas salaires aux adolescent­s qui sont encore à l’école et qui vivent encore chez leurs parents.

Carolina Lopez, propriétai­re du restaurant Minas Brazilian Steakhouse, à Calgary, avait d’abord choisi d’ajouter aux factures un «montant de soutien pour les petites entreprise­s» après la hausse du salaire minimum. Après avoir reçu des plaintes, elle a finalement décidé d’augmenter les prix sur son menu.

Dans ses restaurant­s préférés, elle dit cependant avoir observé une «diminution de la qualité du produit. Il y a toujours une façon, mais il y a aussi une limite et ce ne sera pas facile», a-telle dit aux entreprise­s ontarienne­s.

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- Archives Certaines entreprise­s ontarienne­s ont pris des mesures afin de contrebala­ncer les changement­s annoncés par leur gouverneme­nt, dont Tim Hortons.

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