Mollusques: l’industrie du Sud-Est paralysée... par la pluie
L’industrie conchylicole du Sud-Est est sur la touche dans la foulée des pluies torrentielles de la mi-janvier. Les producteurs doivent prendre leur mal en patience en attendant que l’interdiction de pêcher des mollusques qui touche une grande zone soit levée par le gouvernement fédéral. Pascal Raiche-Nogue
Il y a une dizaine de jours, un système dépressionnaire provenant du golfe du Mexique a complètement bouleversé les conditions météorologiques dans la province. On a alors assisté à une montée phénoménale du mercure et à d’importantes précipitations.
Peu après le déluge, Pêches et Océans Canada a suivi une recommandation d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et a fermé les eaux d’une grande partie de la côte est à la pêche de plusieurs espèces de mollusques.
La zone en question – qui s’étend sur plus de 150 kilomètres, comme on peut le voir dans la carte – va de la pointe Escuminac (à l’est d’Escuminac) à la pointe Fagan (près de Cap-Pelé) et touche notamment les huîtres, les moules, les palourdes et les pétoncles de baie.
Selon la porte-parole d’ECCC, Amélie Desmarais, il est tombé près de 100 mm de pluie à Bouctouche et plus de 75 mm au parc national Kouchibouguac lors de cet épisode météo. Elle explique que dans des cas semblables, il est pratique courante de fermer des secteurs à la pêche de mollusques.
«Cette pratique permet d’atténuer le risque pour les consommateurs relativement à la salubrité des aliments. Les mollusques et les crustacés peuvent être contaminés par les polluants transportés par les eaux de ruissellement attribuables à une pluie abondante ou à une fonte de neige rapide», dit-elle dans un courriel.
Les nombreux producteurs d’huitres et d’autres espèces de mollusques de la région touchée vont devoir s’armer de patience.
«La fermeture est mise en place pour une durée minimale. Lors des mois d’hiver, lorsque la récolte est à son plus bas, la période est de 21 jours. S’il n’y a pas d’autres épisodes importants de pluie, les zones seront rouvertes», affirme Amélie Desmarais.
L’avis de fermeture a été publié le 15 janvier et est temporaire, mais restera tout de même en vigueur pour au moins trois semaines. À moins d’un revirement, il sera donc levé au plus tôt le 5 février.
Cette interdiction risque de donner du fil à retordre aux nombreux producteurs de mollusques que l’on retrouve dans la région. Depuis quelques jours, ils doivent se contenter d’écouler les stocks pêchés avant l’entrée en vigueur de l’ordonnance d’interdiction.
L’Acadie Nouvelle a appelé plusieurs de ces entrepreneurs qui opèrent dans la zone touchée afin de recueillir leurs commentaires.
Un seul d’entre eux a accepté de nous parler à condition que l’on ne dévoile pas son identité. Il ne souhaite pas que son nom soit associé à une fermeture de zone qui, même si elle n’est imposée que par précaution, peut semer le doute dans l’esprit des consommateurs.
Il confirme ce que la porte-parole d’ECCC nous a dit, soit que ses activités tournent au ralenti l’hiver, mais y met un bémol.
«C’est sûr qu’on récolte moins que l’été, mais j’ai encore des huîtres et des palourdes dans l’eau», dit-il en ajoutant qu’il s’attend à ce que l’interdiction lui occasionne des pertes financières.
Ce producteur rapporte qu’il collabore présentement avec le gouvernement afin d’accélérer la réouverture de la zone à la pêche.
En attendant des bonnes nouvelles, il vend des mollusques sortis de l’eau avant que Pêches et Océans publie l’ordonnance d’interdiction.
«Les huîtres que je vends, elles sont dans mon Elles n’étaient même pas dans l’eau quand ç’a fermé. Je garantis que mes huîtres dans mon sont bonnes, elles ont été sorties avant les grosses pluies.»
Il ne cache d’ailleurs pas qu’il n’aime pas beaucoup voir les médias parler de la fermeture de zones. Il trouve que les journalistes sont vites sur le piton lorsque la pêche est suspendue... mais pas mal moins lorsque Pêches et Océans redonne le feu vert aux producteurs.
«S’il y a des grosses annonces (par les médias) que c’est fermé, je serai pris avec des huîtres que j’ai plus de misère à vendre après», confie-t-il.