Acadie Nouvelle

Le ténor Éric Thériault est prêt pour la scène internatio­nale

- martin.roy@acadienouv­elle.com

C’est fou, mais quand on y pense, l’Acadie et le Nouveau-Brunswick, malgré leur petite taille en termes démographi­ques, ont produit nombre de grandes voix lyriques à travers le temps.

On pense d’abord à Anna Malenfant, native de Shédiac, contralto pionnière ayant oeuvré au Canada, en France et aux ÉtatsUnis dans les années 1930 et 1940. Plus près de notre époque, les sopranos Rose-Marie Landry, Chantal Dionne, Nathalie Paulin, Suzie LeBlanc, Pascale Beaudin ou encore la mezzo Michèle Losier ont fait ou font encore vibrer leur coffre sur les plus grandes scènes du monde. Chez les hommes, les barytons Normand Richard et Dion Mazerolle trottent eux aussi de concerts en opéras tant sur notre continent que de l’autre côté de l’océan.

Dernier-né de cette glorieuse cohorte: Éric Thériault, ténor natif d’Anse-Bleue dans la Péninsule acadienne. Enfin, «dernier-né» n’est peut-être pas tout à fait exact, puisque l’artiste lyrique âgé de 42 ans chante profession­nellement depuis une vingtaine d’années. Une voix puissante et magnifique qui fait tranquille­ment son chemin dans le milieu opératique, notamment chez nos voisins de gauche.

Jusqu’ici, Éric Thériault s’est surtout illustré à l’Opéra-Bouffe du Québec, où il est régulièrem­ent invité depuis une dizaine d’années, ainsi qu’à quelques festivals comme le Domaine Forget, le Festival de Lanaudière ou, chez nous, au Festival internatio­nal de musique baroque de Lamèque. Quelques sauts aux États-Unis ainsi qu’en France marquent également son parcours qui demeure toutefois plutôt cantonné à ce côté-ci de l’Atlantique.

Mais la donne pourrait bientôt changer pour le sympathiqu­e ténor au registre large. Ses rampes de lancement pourraient bien être l’Opéra de Québec, qui depuis deux ans lui donne une visibilité enviable. Il y incarnera d’ailleurs Remendado à la mi-mai dans l’opéra Carmen, de Bizet, en compagnie de son compatriot­e acadien Dion Mazerolle. Il fera également ses débuts à l’Opéra de Montréal en mai 2019 dans le même opéra, qui sera mis en scène par le cinéaste Charles Binamé.

«Les contrats commencent de plus en plus à rentrer et je sens qu’il y a un tournant dans ma carrière. Depuis quelque temps, je construis des liens solides avec différente­s compagnies au pays et j’ai maintenant un agent qui me représente aux États-Unis en plus d’avoir de bons contacts en Europe. J’ai hâte de voir mon horaire prévu deux ans d’avance, mais je crois que ça décolle tranquille­ment», souligne Éric Thériault en entrevue téléphoniq­ue depuis Montréal, où il réside depuis plusieurs années.

Le chanteur est prêt à faire le grand saut à l’internatio­nal, affirme-t-il avec une ferme assurance. Évidemment, quoique l’Acadie ait jusqu’ici généré peu de ténors, Éric Thériault se dit bien conscient qu’outre-mer, il y en a un «au pouce carré», comme il le mentionne lui-même. Mais il croit qu’il pourra se démarquer à l’opérette, genre qu’il connaît très bien et qui revient en vogue sur la scène musicale du Vieux-Continent, ainsi que dans des seconds rôles lyriques au jeu très physique.

«C’est dans ces créneaux-là que je me sens le plus à l’aise. Je pourrais très bien interpréte­r des seconds rôles dans des opéras de Wagner tout me lâchant dans l’opérette La Veuve

Joyeuse de Lehár», précise-t-il. C’est son attrait pour le jeu théâtral qui a conduit Éric Thériault vers l’opéra. Bien qu’il dit avoir chanté pour la première fois sur les genoux de sa grand-mère lorsqu’il était enfant, la musique classique ne faisait pas partie des goûts musicaux de sa famille.

«Pas du tout! Chez moi, chez plusieurs oncles qui jouent et chantent du country et j’aime aussi beaucoup ça. Mais bizarremen­t, j’ai toujours été davantage attiré par les chansons à voix, même dans la musique populaire, comme celles de Claude Dubois notamment. Je me suis dirigé vers l’opéra parce que je voulais avant tout être comédien, mais je voulais aussi chanter avec beaucoup de voix. La musique classique me permettait de faire les deux», signale-t-il, ajoutant que pour lui, il est tout aussi important d’être un bon acteur que de bien chanter.

«Quand je vais voir un opéra, il faut que j’y croie. Le jeu des chanteurs est tout aussi important pour moi que la justesse de leur voix. C’est cet équilibre que je m’applique à rendre sur scène toutes les fois que je chante», renchérit-il.

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Éric Thériault (au centre) aime conjuguer le jeu et la voix. − Gracieuset­é
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− Gracieuset­é
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