LE COLONEL JOHN WINSLOW AU THÉÂTRE
Herménégilde Chiasson a entrepris l’écriture d’un projet théâtral ambitieux sur John Winslow et son journal de campagne. Le dramaturge explique que cette oeuvre sera produite par le théâtre l’Escaouette à Moncton en 2019.
«C’est une des choses que j’ai vraiment mal digérées. Après toutes ces années, on est encore pris à négocier. C’est comme si on ne sera jamais chez nous véritablement. Ça, c’est l’effet de la Déportation. Pendant longtemps, on n’a pas eu de propriété, on n’a pas pu voter... Il y a comme une espèce d’effet de vaincu.»
Pour écrire Winslow, l’auteur s’est appuyé sur le Journal de John Winslow à
Grand-Pré, de Serge Patrice Thibodeau. Ce livre est la traduction intégrale du journal de campagne de l’officier britannique pendant son séjour à Grand-Pré. John Winslow a été un acteur important de la déportation des Acadiens.
Herménégilde Chiasson confie que c’est un projet qui lui donne un peu le vertige, puisque ce sera une production d’envergure qui fera appel à des comédiens, des musiciens, des marionnettistes et des choeurs. C’est une oeuvre qui sera possiblement aussi présentée pendant le Congrès mondial acadien en 2019.
Avec cette pièce, l’auteur entend poser un regard sur la Déportation, mais aussi sur les effets de la conquête britannique. Comment cette conquête a encore des répercussions sur les projets et les défis actuels de la collectivité acadienne? L’action de la pièce prendra son envol à la signature du traité d’Utrecht en 1713 pour aboutir vers une époque plus contemporaine.
«Dernièrement, j’ai pensé à la Déportation et je me dis que la raison pour laquelle les Anglais ont un tel comportement vis-à-vis nous et la raison pour laquelle on est toujours en train de négocier et composer avec cet élément-là, c’est la conquête. Ils ont gagné la guerre. Quand tu gagnes la guerre, tu t’attends à certaines gratifications. On le ressent encore aujourd’hui» a partagé l’auteur.
Il cite en exemple le tollé qui a suivi la suggestion de donner un nom français à une ruelle du centre-ville de Moncton afin d’honorer la mémoire du poète Gérald Leblanc.
C’est un peu cet esprit qu’il veut transmettre dans la pièce. Il admet que cela n’est pas nécessairement évident. «Je ne veux pas qu’on le dise, je veux qu’on le ressente.»
Les acteurs et les concepteurs de cette production n’ont pas encore été choisis. Un premier laboratoire de création se tiendra en février. Herménégilde Chiasson a écrit plusieurs pièces de théâtre. On lui doit, entre autres, Laurie ou la vie de galerie, Le Christ est apparu au Gun Club, et plus récemment La vieille femme près de la voie ferrée.