La brigade de pompiers volontaires d’Eel River Crossing prépare sa relève
Question de s’assurer d’une relève, la brigade de pompiers volontaires d’Eel River Crossing a mis sur pied un volet junior.
Si vous arrivez sur les lieux d’un incendie à Eel River Crossing et que vous croisez des pompiers avec un casque jaune, il s’agit de l’un des pompiers juniors de la brigade.
Depuis quelques mois, quatre jeunes hommes de cette communauté n’ayant pas encore atteint l’âge de 18 ans se sont greffés à la brigade de pompiers volontaires. Le but de cette initiative est de créer un engouement auprès des jeunes pour ce métier de sorte à les inciter à s’impliquer une fois devenus adultes.
La brigade d’Eel River Crossing ne crée pas un précédent avec ce projet. Des initiatives du genre existent dans quelques rares communautés ailleurs en province.
Chef pompier de l’endroit, Aurèle Aubé a jugé bon d’importer le concept au Restigouche.
«Des pompiers, nous n’en avons pas de trop et c’est difficile de trouver une relève. C’est pourquoi on pensait que ce serait intéressant de recruter le plus tôt possible», indique-t-il.
Du coup, la brigade a mis en place un projet pilote permettant l’inscription de jeunes âgés de 14 à 17 ans.
L’initiative a été appuyée par la municipalité qui l’a encadrée par l’entremise d’un arrêté.
«On leur a acheté un habit ainsi que tout l’équipement nécessaire pour être de véritables pompiers. Ce sont des membres presque à part entière de la brigade, à quelques exceptions près», mentionne le maire d’Eel River Crossing, Denis Savoie, visiblement satisfait des quatre nouvelles recrues.
Pour plusieurs raisons évidentes, le travail des adolescents n’est pas le même que celui d’un pompier régulier. Ceux-ci ne peuvent pas, par exemple, éteindre les feux avec les lances, pénétrer dans un édifice en flammes ou effectuer toutes autres tâches qui risqueraient de mettre leur vie en péril.
«On ne les laisse pas non plus intervenir sur des scènes où nous jugeons que ce serait inapproprié, comme un incendie ou un accident de la route avec blessés graves ou de décès. Il y a des scènes où c’est même très dur moralement pour nous d’intervenir. On veut éviter ça aux jeunes. On veut qu’ils aiment le métier, pas les traumatiser», dit M. Aubé.
Mais s’ils ne peuvent éteindre un incendie, à quoi servent ces jeunes pompiers?
«Être pompier, ce n’est pas uniquement tenir une lance à eau et combattre les flammes, ça implique beaucoup plus que cela», s’empresse de dire M. Aubé.
«On n’est jamais trop sur une scène, alors avoir d’un coup quatre paires de bras supplémentaires qui viennent s’ajouter, ça aide. Ils s’occupent de l’équipement, transportent les échelles et les boyaux, font la signalisation, aident à ranger et à nettoyer une fois l’incendie terminé, etc. Ce sont des ressources plus que bienvenues», ajoute-t-il.
Une fois les incendies éteints et les bâtiments sécurisés, les jeunes sont par contre généralement invités sur lieux. Là, ils apprennent à se servir d’équipements – comme les caméras thermiques – et observent les lieux pour analyser l’incendie.
L’arrêté est par ailleurs très strict: les études passent d’abord. Ceux-ci n’ont donc pas le droit de répondre à un appel pendant les heures de classe.
Et ces juniors, ont-ils eu la chance de lutter contre des incendies? En fait, la brigade a été appelée à intervenir plus d’une vingtaine de fois depuis l’automne. L’année 2017 a d’ailleurs été la plus occupée depuis 1981 avec un total de 48 appels.
COMMENT SONT LES JUNIORS?
Pour cette première cohorte, Aurèle Aubé pouvait difficilement tomber mieux.
«Les quatre jeunes de notre équipe sont travaillants, très soucieux des règles et participent aux entraînements. D’ailleurs, nous en avons même un qui est autiste. Au début, on n’était pas certain que ça fonctionnerait, mais on lui a donné une chance et il s’est très bien intégré à l’équipe», explique-t-il.
M. Aubé compte par ailleurs approcher de nouveau la municipalité afin d’étendre le programme. Il aimerait ainsi ajouter deux pompiers supplémentaires, portant le total à six.
«Il faut être réaliste, plusieurs vont entreprendre des études et un certain pourcentage ne reviendra peut-être pas dans la région. Si on peut garder à long terme deux jeunes sur six, ce serait mission accomplie», dit le chef pompier.
M. Aubé note qu’un de ses juniors va justement avoir 18 ans le mois prochain et devenir un véritable pompier volontaire, ce qui va libérer un poste. Heureusement, ce n’est pas l’intérêt qui manque. La brigade aurait déjà quelques noms sur la liste d’attente.