Profession: recruteur d’acrobates
Fabrice Becker a remporté une médaille d’or aux Jeux olympiques d’Albertville, en France, en 1992, dans une discipline toute nouvelle, alors en démonstration. Il a arrêté sa carrière professionnelle en 1999, après une dizaine d’années sur les circuits de coupe du monde en ski acrobatique, dont sa spécialité était le ballet (aussi parfois appelée acroski). C’est là qu’il a rencontré une dépisteuse pour le Cirque du Soleil. Elle l’a recontacté un an après la fin de sa carrière, alors qu’il faisait une tournée de ski acrobatique aux États-Unis. Elle lui a proposé le même emploi qu’elle: dépisteur. Séduit, le Français d’origine est débarqué à Montréal le 30 mars 2000 avec ses valises pour y occuper son nouveau poste auprès du cirque. Celui qui était un gymnaste à la base est devenu spécialiste du recrutement des acrobates, qui pouvaient provenir des disciplines du plongeon, du trampoline ou de l’acrobatie. Il est allé fureter dans diverses coupes du monde, aux Jeux olympiques de Sydney et d’Athènes, parmi bien d’autres endroits pour dénicher des talents pour le cirque. «Le cirque est intéressé par le talent avec un grand T, que ce soit du fin fond de la Mongolie ou de l’Afrique», a expliqué l’homme, aussi enthousiaste après toutes ses années. «Le Cirque du Soleil a le meilleur département de casting au monde», soutient-il. «On veut de gens performants, très ouverts, avec une capacité acrobatique, être capable d’être sur scène, de transcender une performance athlétique de façon artistique». Avait-il pensé se retrouver un jour au sein d’un cirque? «Absolument pas!», rétorque-t-il en riant. Mais aucun regret: «le cirque m’a offert un travail qui comprenait l’ensemble de mes passions». Il fait ici référence à la gymnastique, à la musique - il est guitariste et chanteur - et aux acrobaties. Puis, il est passé de dépisteur à directeur du casting dans son ensemble, responsable de toutes les nouvelles créations du cirque pendant huit ans. Il a ensuite occupé des postes au service des unités de création, en innovation et a développé un modèle de recherche et de développement appliqué aux performances acrobatiques, «un R&D très spécialisé», dit-il, pour inventer de nouvelles performances, ou, comme il l’a résumé, pour «continuer à surprendre avec du wow, du renouveau, de l’innovation». Il est actuellement directeur de création pour le prochain spectacle du cirque - un secret encore bien gardé. Et comment la formation d’un athlète olympique sert-il au créateur circassien? «Ma discipline regroupait déjà un amalgame d’acrobatie et d’artistique», répond-il. Avec ce regard double sur la performance de l’humain avec un emballage artistique. - La Presse canadienne