LA COTE DE CRÉDIT DU N.-B. MALMENÉE
La province pourrait être amenée à payer des intérêts plus élevés sur sa dette après qu’une agence de notation a indiqué que le Nouveau-Brunswick devenait de plus en plus vulnérable à de potentiels chocs économiques.
L’agence de notation Dominion Bond Rating Service (DBRS) de Toronto a annoncé lundi dans un communiqué de presse que la santé économique de la province s’était détériorée.
Évaluée comme «stable» l’année dernière, l’économie de la province se dirigerait aujourd’hui vers une pente «négative». La note attribuée au Nouveau-Brunswick, A (élevé), est cependant restée inchangée.
«Le changement de la tendance reflète la détérioration lente, mais soutenue du profil de crédit de la province au cours de la dernière décennie, ainsi que les faibles perspectives pour les résultats économiques et budgétaires dans le futur», peuton lire dans le rapport.
En cause, notamment, le budget provincial présenté en janvier qui prévoit une augmentation des dépenses publiques et un retour à l’équilibre budgétaire retardé d’un an, en 2021-2022.
Si l’agence de notation a permis au Nouveau-Brunswick de conserver sa note A (élevé), celle-ci avertit toutefois que sans progrès budgétaire et économique, elle attribuera une note plus basse lors de la prochaine évaluation.
Dans le cas de l’obtention d’une note plus basse, la province pourrait être amenée à payer des taux d’intérêt plus élevés pour emprunter de l’argent. «NOUS ALLONS SUIVRE NOTRE PLAN»
Si la ministre des Finances Cathy Rogers prend au sérieux les conclusions du rapport et le passage d’une tendance «stable» à «négative», elle se réjouit du fait que la note n’ait pas changé.
«Malgré le fait que l’agence de dotation a modifié récemment son avis sur la perspective économique, notre cote de solvabilité demeure la même, A (élevé). Nous gérons notre dette de façon stratégique afin de pouvoir mettre en place des politiques fiscales et économiques positives», a-t-elle affirmé sur Twitter.
De son côté, sur les médias sociaux, l’opposition dénonce l’annonce comme «un nouveau coup» de la part du gouvernement Gallant.
Malgré le spectre d’une dégradation de la note à la prochaine évaluation de l’agence DBRS, la ministre a affirmé que le gouvernement s’en tiendra au plan prévu et au budget présenté.
«On reste concentré sur nos plans de retour à l’équilibre budgétaire, de croissance économique, ainsi que sur nos programmes pour la famille et pour l’éducation. On pense que ces programmes auront des retours sur investissement. Ce ne sera pas immédiat, mais c’est une bonne direction pour les gens du NouveauBrunswick.» RÉPERCUSSIONS SUR LA DETTE
Dans son communiqué, pourtant, DBRS «questionne la crédibilité du plan fiscal actuel, étant donné le manque de souplesse pour répondre à des imprévus ou financer de nouveaux programmes qui découlent de promesses électorales.»
Au vu de la capacité limitée du gouvernement d’augmenter les taxes ou de réduire ses dépenses, l’agence de notation craint que toute dégradation des perspectives financières ne se répercute sur la dette.
Comme le mentionne d’ailleurs l’économiste Richard Saillant sur Twitter, le rapport de l’agence de notation montre que l’année dernière, le gouvernement a ajouté près de 600 millions $ à la dette, contre les seulement 273 millions $ annoncés.
DBRS anticipe de plus de nombreux défis auxquels devra faire face la province et qui pourraient nuire à sa capacité de résorber sa dette.
En première ligne, les renégociations de l’Accord de libre-échange américain qui mettrait en danger notamment le secteur du bois et le vieillissement de la population, qui inquiètent également du côté du gouvernement.