Caraquet: l’application d’un règlement sur les roulottes suscite la grogne
La Ville de Caraquet serre la vis aux propriétaires de roulotte et veut mettre fin à leur «utilisation à outrance» par les touristes et les résidents, ce qui suscite de la grogne.
Un avis a été distribué dans les boîtes aux lettres des résidents de la municipalité récemment afin de les prévenir qu’à compter de juin, le règlement, qui existe depuis 2005, mais qui n’était pas vraiment appliqué, sera renforcé.
«Les roulottes de voyage peuvent être entreposées, mais non utilisées, par leur propriétaire et seulement en cour arrière ou latérale», peut-on lire dans la lettre.
L’avis s’est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et ils sont plusieurs à critiquer le règlement.
«C’est mon terrain et c’est mon nom qui est sur l’acte de vente! Y va partir de ma cour le gars qui viendra me dire que je ne peux pas sortir mon auvent de la roulotte pour prendre une bière!» a écrit Amélie Paulin dans une publication Facebook partagée à 240 reprises.
Dans une discussion avec l’Acadie Nouvelle, la résidente de Caraquet souligne qu’elle ne comprend pas pourquoi cela dérange la Ville que des gens s’installent sur un terrain.
«Ces gens-là ou ces familles-là vont venir dépenser leur argent dans nos restaurants, nos épiceries et nos boutiques de souvenirs. Si la Ville bloque ce service que les citoyens offrent aux touristes ou tout simplement permettre à leur famille de s’y installer pour l’été, ces gens-là vont aller s’installer ailleurs tout simplement», pense-t-elle.
Lors de la plus récente assemblée publique du conseil municipal de Caraquet, lundi, aucun citoyen n’a soulevé d’opposition ou de question par rapport au règlement.
«PAS DE CHASSE AUX SORCIÈRES»
De son côté, la municipalité assure qu’il n’y aura pas de «chasse aux sorcières».
«On ne va pas être dans les vitres des roulottes pour voir si quelqu’un y a pris son dîner. On veut essayer d’éliminer ce que j’appelle les terrains de camping dans les cours de résidence. Des patios, des terrasses, des arbres de Noël, des lumières, des barbecues et j’en passe», précise la gestionnaire des arrêtés de la municipalité, Aline Landry.
Elle ajoute que d’autres utilisent et louent leur roulotte, ce qui est problématique.
«C’est fait sans permis et sans réglementation», dit-elle.
Vont-ils s’attaquer aux roulottes qui s’installent lors du Festival acadien de Caraquet?
«Ce n’est pas le but. C’est le conseil municipal qui va décider ce qu’il tolère ou non. Et je n’ai pas compris dans leur interprétation comment ils veulent faire ça. Le but n’est pas d’éliminer le touriste qui arrive pendant le temps du festival. Il y en a un petit peu partout et on ne va pas se mettre à faire la chasse aux sorcières. C’est l’utilisation à outrance des terrains résidentiels qui est visée», souligne Aline Landry.
PLUSIEURS PLAINTES
C’est à cause de plaintes de citoyens que Caraquet a pris la décision d’appliquer son règlement vieux de plusieurs années.
«Nous avons reçu beaucoup de plaintes dans la dernière année pour différentes raisons. À chaque fois, c’était difficile pour nous d’expliquer pourquoi nous avons des règlements, mais qu’on ne les applique pas. Nous avons été tolérants dans les dernières années», explique Mme Landry.
L’achalandage pendant l’été dérange et d’autres se plaignent de perdre leur vue sur la mer.
«Ils disent qu’ils ont une belle vue sur la mer et que soudainement, une grosse roulotte s’installe et ils ne voient plus rien», précise Aline Landry.
La municipalité a également des considérations environnementales: les roulottes ne sont pas toujours connectées au réseau d’égouts, ce qui occasionne parfois des déversements illégaux.
C’est la Commission des services régionaux (CSR) qui est responsable d’appliquer le règlement. Dans la procédure normale, deux lettres sont expédiées si jamais une infraction est constatée et, par la suite, la CSR demande à la municipalité d’enclencher le processus légal.