Sur les routes de l’Acadie avec Gabriel Robichaud
Gabriel Robichaud publie un nouveau recueil Acadie Road qui témoigne de son attachement profond pour l’Acadie tout en jetant un regard non complaisant sur son coin de pays. Sa poésie qui fait écho à l’oeuvre de Guy Arsenault nous transporte sur les routes d’un territoire sans limites, entre la réalité et la fiction.
Poète, dramaturge et comédien, Gabriel Robichaud entend défendre l’Acadie chaque fois qu’il prend la parole sur la place publique. Que ce soit dans sa lettre sur la survivance du peuple acadien publiée récemment dans les journaux ou encore dans son recueil Acadie Road qui paraît cette semaine aux Éditions PerceNeige, il défend cette Acadie avec ardeur, tout en remettant en question certains éléments qui le rendent moins fier. Il ne veut surtout pas que cette Acadie s’efface même si elle est pleine de contradictions. Si le français disparaît dans l’est du pays, l’Acadie contemporaine ne sera plus qu’un vague souvenir, estime le poète.
«C’est quelque chose que je porte en moi, ce rapport à l’Acadie et cette fierté que j’ai de l’Acadie, mais je ne prétends pas forcément que je parle au nom de ce peuple. Par contre ce que je suis prêt à faire, c’est de présenter tout le point de vue et l’amour que j’ai pour ce peuple et le défendre corps et âme», a déclaré l’artiste au cours d’un entretien téléphonique depuis Ottawa.
Le poète qui habite la capitale canadienne depuis près de quatre ans maintient un lien très étroit avec l’Acadie et Moncton. Il raconte que depuis son départ, il n’a jamais été autant amené à expliquer ce qu’est l’Acadie. Il s’est donc mis à réfléchir sur son peuple et sa culture.
«Même si je n’habite plus au NouveauBrunswick, je suis là souvent, je me tiens au courant de tout dans les médias. Je dirais que je me rends compte de l’importance que prend le fait que je suis Acadien dans tout ce que je fais. Je ne serais pas qui je suis, je ne ferais pas ce que je fais si je n’étais pas Acadien.»
Conçu comme un road-trip, son recueil constitue en quelque sorte une cartographie poétique du territoire acadien. Le poète nomme les lieux, les routes, les détours, les panneaux, les villes, les villages en offrant de courts poèmes entrecoupés de quelques plus longs textes. Il s’est inspiré des recueils des années 1970 dans lesquels on nommait beaucoup les lieux. Les courts poèmes représentent un peu les sorties de routes, tandis que les plus longs constituent les haltes routières. L’écriture s’est étendue sur six années, pour se conclure dans un voyage en voiture dans l’est du pays à l’été 2017. On ressent bien la route, la voiture, avec les arrêts, les paysages qui défilent et les changements de poste de radio. Un livre qui le rend à la fois fier et vulnérable.
«C’est un livre qui m’a brassé l’intérieur au moment de l’écrire, mais qui me brasse l’intérieur aussi au moment de le lire et d’en parler parce que je me sens très proche, mais en même temps, ce n’est pas un journal, c’est juste que je parle de chez nous et j’en suis très fier. J’ai envie que ça transparaisse et tout d’un coup je dévoile un peu ce que je porte. Je trouve ça dur d’aimer quelque chose tout seul et j’ai envie de le partager. On ne sait jamais si cet amour va être contagieux ou pas.»
Si l’artiste a voulu faire un clin d’oeil au poète de Moncton Guy Arsenault, c’est que son oeuvre l’a complètement changé. «Il y a eu ma vie avant et après Acadie
Rock», mentionne l’auteur. Il a lu ce recueil à l’âge de 16 ans en janvier 2007. Il s’est ensuite mis à écrire. À peine sorti en librairie, son recueil reçoit déjà un accueil positif, notamment à l’émission Plus on est
de fous, plus on lit sur la première chaîne de Radio-Canada.
Gabriel Robichaud aura un printemps immensément littéraire, en commençant par le Salon du livre de l’Outaouais et le lancement de son recueil à Moncton, le 13 mars. Il participera aussi au Salon du livre d’Edmundston, au Festival Frye à Moncton et au Salon international du livre de Québec.