Acadie Nouvelle

Jules-Edy Laraque n’oubliera jamais Bathurst

- Robert Lagacé robert.lagace@acadienouv­elle.com

«Edy! Edy! Edy!»

Il faisait bon revoir Jules-Edy Laraque, vendredi, au Centre régional K.-C.-Irving.

Honoré en compagnie de trois autres anciennes gloires de l’organisati­on, soit Marc Bouchard, Éric Bétournay et Charline Labonté, l’ancien numéro 10 a eu un malin plaisir à discuter, à serrer des mains et à signer des autographe­s avec les partisans, des anciens comme des plus jeunes qui ne l’ont pourtant jamais vu jouer.

C’est que du haut de ses 5 pieds 7 pouces et de ses 176 livres – d’accord son tour de taille s’est depuis enrobé de quelques kilos -, Laraque a su, à sa façon, marquer l’histoire du Titan d’Acadie-Bathurst.

Pourtant, il n’avait ni les mains d’un marqueur naturel, ni le don de déjouer les adversaire­s de façon élégante.

Il n’avait pas non plus le talent de bagarreur de son célèbre frère Georges qui, pendant de nombreuses années, a été une terreur dans la Ligue nationale.

Mais, il avait le coeur d’un cheval. Dans le feu de l’action, il patinait souvent comme si sa vie en dépendait. Et, surtout, il mettait de la vie dans l’aréna. Il avait ce don. Il est l’un des rares dans les 20 ans de l’équipe qui savait tenir continuell­ement la foule en haleine.

D’ailleurs, si vous demandez aux partisans de la première heure qui a été le joueur le plus électrisan­t du Titan au cours des 20 dernières années, les chances sont plus que bonnes que son nom soit en tête de liste en compagnie des Mathieu Perreault et Mathieu Benoit.

Sa marque de commerce était de multiplier les coups d’épaule à pleine vitesse. Quand il était sur la glace, tout le monde regardait. Tous étaient dans l’attente d’une retentissa­nte mise en échec. Il a fasciné une génération de partisans qui s’est ensuite assurée de propager son histoire.

Voilà, c’est dit, Jules-Edy Laraque est une légende à Bathurst.

Vendredi, en quittant Halifax, où il travaille comme policier, l’ancien numéro 10 a senti l’émotion le gagner au fur et à mesure qu’il s’est approché de Bathurst. Il n’y a mis les pieds qu’à deux reprises depuis qu’il a joint les forces de l’ordre au début des années 2000. La dernière fois remonte à il y a environ 10 ans.

Et chaque fois qu’il y revient, il ne reconnaît pas la rue Sainte-Anne. Il faut dire qu’elle a énormément changé au fil des ans.

«Il y a plein de souvenirs qui m’ont traversé l’esprit quand je suis arrivé en ville, dit-il. Ma pension, l’endroit où je me stationnai­s, l’aréna qui était toujours plein à craquer dans les séries, tout. J’ai même la musique de l’avantmatch qui me joue actuelleme­nt dans la tête.»

Acquis des Huskies de Rouyn-Noranda pendant l’été 1998, Laraque n’aura finalement jamais eu l’occasion de jouer dans son patelin de Laval puisque Léo-Guy Morrissett­e a, quelques semaines plus tard, décidé de déménager son club dans le nord-est du Nouveau-Brunswick. Et comme la géographie n’était pas sa matière forte, il n’avait aucune idée de l’endroit où le destin l’envoyait cet été-là.

«Je savais qu’il y avait des équipes à Moncton, à Halifax et au Cap-Breton, mais c’est tout ce que je savais des Maritimes. Je ne savais pas où se trouvait Bathurst. Je me disais, ‘’mais c’est où ça ce coin-là?’’», raconte-til en riant.

Jules-Edy Laraque n’a cependant pas mis de temps à se faire de nouveaux amis. Il faut dire qu’avec sa bouille sympathiqu­e et son style de jeu kamikaze, il avait tout pour devenir un favori de la foule. Et c’est ce qu’il a fait à force d’écraser ses adversaire­s contre la bande.

«Depuis mon bantam BB à Laval, année où j’ai commencé à jouer avec contact, j’ai toujours aimé frapper. Mais je l’ai toujours fait légalement. Souvent, c’est la foule qui me faisait aller. C’est elle qui me donnait de l’énergie», confie-t-il avec un large sourire.

Bien qu’il ait adoré ses dernières saisons à Halifax, où il a d’ailleurs décidé de faire sa vie, Jules-Edy Laraque n’oubliera jamais Bathurst. C’est impossible. Il ne peut effacer de son passé un endroit qui lui a donné autant d’amour et d’affection.

«Je me souviens encore très bien de la première fois que la foule a scandé mon nom. Même que la semaine dernière, j’étais à l’aéroport de Halifax et une dame m’a abordé pour me dire que son père faisait partie de ceux qui ont commencé à scander ‘’Edy! Edy! Edy!’’ au Centre K.-C.-Irving. Ça m’a suivi ensuite à Halifax. C’était quelque chose aussi là-bas quand il y avait 8000 partisans qui se mettaient à m’encourager», lance-t-il en souriant.

«Une chose est sûre, la rue n’est plus ce qu’elle était. Dans le temps, il n’y avait même pas de cinéma ici. Il fallait conduire jusqu’à Caraquet pour aller voir un film.»

N.D.L.R. - Nous poursuivro­ns cette série d’entrevues avec les anciens du Titan honorés vendredi dernier dans l’édition de jeudi avec Marc Bouchard.

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Jules-Edy Laraque attend son tour avant d’embarquer sur la patinoire en compagnie de Marc Bouchard (au centre) et d’Éric Bétournay (à droite). - Acadie Nouvelle: Robert Lagacé

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