BIEN MANGER À L’HÔPITAL
«C’est vrai que ça peut paraître aberrant de ne pas bien manger à l’hôpital. Ça va de pair avec l’évolution des mentalités. Les gens sont prêts aujourd’hui à ces changements. Il y a quelques années, on pouvait fumer et acheter des cigarettes dans les hôpitaux», rappelle Mme Sunderland.
Manger des repas sains et équilibrés à l’hôpital, c’est possible. C’est aussi ce que souhaite le Réseau de santé Vitalité qui a entrepris un travail de fond dans ce domaine. Malgré des avancées, il lui reste des efforts à fournir.
En avril 2017, Danika Sonier a donné naissance à un petit garçon, à l’hôpital de Tracadie. Après son accouchement, la jeune femme est restée hospitalisée plusieurs jours. Plusieurs jours pendant lesquels on lui a servi des plateaux-repas matin, midi et soir.
Quel souvenir garde-t-elle de cette expérience culinaire? «C’était fade», répond-elle. Danika Sonier n’est pas la seule à ne pas saliver devant la nourriture proposée dans les centres hospitaliers. Valmond Léger, de Tracadie, a séjourné dans les établissements de Tracadie, de Caraquet et de Bathurst pour des problèmes cardiaques. Quand on lui pose la même question, il fait la moue.
«C’était du manger d’hôpital, assure-til sans grand enthousiasme. Je peux pas dire que c’était mauvais, mais ce n’est pas comme à la maison. Ça ne valait pas un bon steak.»
Depuis 2015 pourtant, la direction du Réseau de santé Vitalité a adopté une nouvelle politique alimentaire.
«Notre plan de travail s’étale sur cinq ans», renseigne Linda Sunderland, directrice des services professionnels du réseau.
À terme, tous les repas pour les patients et ceux vendus dans les cafétérias au personnel ainsi qu’aux visiteurs seront sains et bons pour la santé.
«Les menus ordinaires des patients ont déjà été améliorés. C’était notre priorité.» QUELS CHANGEMENTS ONT ÉTÉ FAITS?
«Les jus sont des jus purs à 100% et non plus à saveur artificielle. Nous avons étoffé notre offre de légumes et de fruits. Nous privilégions les pains à grains entiers. Nous proposons des légumineuses au moins une fois par semaine et du poisson, deux fois par semaine. Enfin, nous avons enlevé les pâtisseries en dessert», détaille la responsable, diététiste de formation.
Avant l’application des nouvelles mesures, des galettes de poisson contenant du gras transformé pouvaient être offertes aux malades. Ce n’est plus le cas désormais. Le trop sucré, le trop salé et le trop riche sont dans la ligne de mire de la direction de Vitalité.
Les cafétérias ont elles aussi été mises au régime sec. Dans certaines d’entre elles, la révision de la carte a été draconienne. Plus de frites, plus de hot-dogs, plus de poutines dans le Restigouche et dans le secteur de Beauséjour, qui comprend Moncton.
«Il nous reste deux zones à revoir: le Nord-Ouest (Saint-Quentin, Edmundston et Grand-Sault, NDLR) et Acadie Bathurst (Caraquet, Tracadie, Lamèque et Chaleur, NDLR).»
Linda Sunderland l’affirme, un tel travail se construit sur la durée.
«Il était impensable de tout changer du jour au lendemain. Nous travaillons maintenant par produit.»
Les boissons sucrées seront bientôt bannies des cafétérias et des machines distributrices. Ces modifications n’ont pas entraîné de coûts supplémentaires.
«Nous nous sommes assurés, avec les dirigeants concernés, que ces transformations pourraient être absorbées sans hausses financières», déclare la directrice des services professionnels.
Comment expliquer que ces mesures ne soient prises que maintenant?
L’initiative du Réseau de santé Vitalité plaît.
«Je suis d’accord avec ce qu’ils font. On sait tous combien bien manger est important pour notre santé. Moi-même, je fais attention», commente Sylvie LeBreton, de Hacheyville près de Saint-Isidore, dont la mère est présentement hospitalisée.