LES INFIRMIÈRES SONT AU BOUT DU ROULEAU
Les infirmières du Nouveau-Brunswick font face au surmenage. Elles sont trop peu pour faire le travail demandé. Des solutions à court et à long terme doivent rapidement être trouvées selon le syndicat qui les représente.
La pénurie d’infirmières a entraîné, samedi, la fermeture d’une partie de l’urgence de l’Hôpital de Moncton pendant plusieurs heures. Des ambulances ont été redirigées vers le Centre hospitalier universitaire Dr.-George-L.-Dumont.
En près de 22 ans d’expérience, la présidente du Syndicat des infirmières et des infirmiers du Nouveau-Brunswick n’a jamais vu une telle situation.
«C’est une pénurie assez sévère. On ne le sent pas seulement dans nos hôpitaux, mais aussi dans nos unités de soins prolongés et dans nos foyers de soins», a indiqué Paula Doucet.
Même si c’est la première fois que Mme Doucet entend parler d’une telle situation, elle rappelle que les infirmières doivent prendre chaque jour des décisions difficiles.
«Les infirmières font des quarts de travail très difficiles chaque jour parce qu’ils n’ont pas assez de personnel», insiste la présidente du syndicat.
La situation ne se répète pas qu’une fois par année. C’est une occurrence quotidienne. Les quarts de travail s’allongent pour pallier au manque de main-d’oeuvre et la fatigue s’accumule au point où on peut dire qu’elles brûlent la chandelle brûle par les deux bouts.
«Plusieurs infirmières font face à l’épuisement professionnel et il n’y a pas d’aide en vue. Nous devons trouver des solutions à court terme, mais aussi à long terme. On doit recruter et retenir des infirmières dans les réseaux».
Les réseaux de santé Vitalité et Horizon affichent actuellement 62 postes d’infirmières à combler. À l’interne, la réalité est tout autre. Le réseau anglophone cherche à embaucher 320 infirmières par année et du côté francophone, le réseau cherche à combler actuellement de 50 à 75 postes.
Est-ce qu’on recrute assez d’infirmières pour faire face à la pénurie? Sont-elles assez à sortir des universités? «Non», croit Mme Doucet.
Il manque surtout des infirmières immatriculées. La formation de ces infirmières dure quatre ans. Le syndicat représente actuellement 6900 membres. Dans cinq ans, 41% d’entre eux pourront prendre leur retraite. C’est plus de 4000 infirmières en moins.
Les départs à la retraite ne sont pas la seule cause du manque d’effectif.
«En plus des postes permanents et vacants pour lesquels on ne trouve pas preneur, on a des infirmières qui sont en congé de maladie. On a des infirmières qui sont en congé de maternité. On a des infirmières qui ne veulent plus travailler à temps complet parce que ce n’est plus ça qui est à la mode», a déclaré la vice-présidente aux services cliniques du réseau Vitalité, Johanne Roy.
Le gouvernement provincial a bien commencé à s’attaquer à la situation. Un comité formé d’élus et de professionnels de la santé a été formé. Un comité sur lequel siège d’ailleurs Mme Roy. C’est trop peu trop tard d’après le syndicat.
«On le répète depuis longtemps. Nos membres vieillissent et nous devons avoir un plan au moment ou les infirmières prendront leur retraite. Comment trouve-t-on une personne pour remplacer une infirmière? On ne peut pas attendre qu’une infirmière quitte avant de penser à la remplacer», a expliqué Mme Doucet.
Le problème que l’Hôpital de Moncton a vécu samedi dernier n’est qu’un signe précurseur de ce qui s’en vient. Le manque de maind’oeuvre dans les hôpitaux du NouveauBrunswick sera plus percutant au cours des 15 prochaines années.
«Au niveau de la pénurie, c’est assez nouveau au Nouveau-Brunswick. D’après les projections qu’on a avec la province, ça s’enligne pour les 15 prochaines années. Nous ne sommes qu’au début», a souligné Mme Roy.
Comme le réseau Horizon, Vitalité recrute maintenant aux niveaux national et international. Les administrations hospitalières savent qu’elles doivent s’attaquer au problème, mais on n’a pas encore trouvé de solution.
«Souvent c’est quand nous sommes mal pris que nous sommes le plus créatifs. On cherche des solutions. On ne les a pas encore trouvées. On n’a pas encore la recette magique, mais il faut vraiment penser en dehors de la boîte parce qu’on a des défis qui s’en viennent», a avancé la vice-présidente.
Des pistes sont explorées. On pense à redorer l’image d’une carrière en soins de santé. Pour plusieurs raisons, le métier d’infirmière attire moins les jeunes.
«On est en mode de petite séduction. Il faut vraiment se montrer sous notre beau jour.»
Pour séduire ces jeunes, le réseau Vitalité embauchera des étudiantes en sciences infirmières de première, de deuxième et de troisième année afin qu’elles puissent commencer à prendre de l’expérience et se familiariser avec l’environnement hospitalier.
«On essaie de redorer certains types d’emplois au niveau de la santé parce que, oui, il nous manque des infirmières, mais il nous manque aussi du personnel dans tous les secteurs. Les postes en santé semblent moins attrayants et on a de la difficulté à les combler.»
Pour une première fois aussi, les nouvelles recrues chez Vitalité peuvent accéder à un poste permanent. Auparavant on embauchait surtout pour des remplacements.