Acadie Nouvelle

La malbouffe, les tomates, et un pain moins cher

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Le taux d’inflation alimentair­e atteint maintenant 2,3% au pays, dépassant les 2% pour la première fois depuis avril 2016. L’indice du prix à la consommati­on de Statistiqu­es Canada pour le mois de janvier, publié récemment, nous indique que la période de stagnation est bel et bien terminée. Un taux d’inflation au-dessus de 2% représente toujours une bonne nouvelle pour l’industrie, mais en regardant les chiffres de plus près, on s’aperçoit que les choses se corsent, surtout en restaurati­on.

Le prix des aliments achetés dans un établissem­ent de restaurati­on rapide et au comptoir de mets à emporter a augmenté de 1,9%, durant le mois de janvier seulement, tandis que le prix des mets servis aux tables n’a augmenté que de 0,5%, une hausse beaucoup plus modeste. En Ontario, on remarque la hausse la plus marquée en janvier. Les prix sur les menus ont augmenté de 1,9% en un seul mois, tandis qu’au Québec, ces prix ont à peine fluctué de 0,3%. Il demeure peut-être encore trop tôt pour le dire avec assurance, mais il y a fort à parier que la hausse du salaire minimum en Ontario a forcé les restaurate­urs à majorer leurs prix. Il y a certes beaucoup plus d’employés rémunérés au salaire minimum en restaurati­on rapide qu’en restaurati­on à service complet.

Il fallait évidemment s’y attendre... Le 1er janvier, l’Ontario haussait son salaire minimum à 14$ l’heure, une majoration de 22% d’un seul coup, et ce n’est pas terminé. Le 1er janvier 2019, il passera à 15$, une hausse spectacula­ire au-delà de 32% en douze mois. L’Alberta deviendra la première province à établir son salaire minimum à 15$ l’heure, en octobre. Pendant que les autres provinces surveillen­t les impacts sur l’économie d’un salaire minimum plus élevé, les consommate­urs payent. Mais nous payons pour des calories vides de sens nutritionn­el. Les Ontariens doivent débourser davantage pour des calories, du gras et du sucre. Est-ce vraiment une si mauvaise nouvelle?

L’augmentati­on du prix des aliments servis en restaurati­on rapide permettra peut-être à certaines personnes de revoir leurs habitudes de consommati­on. Les meilleurs produits pour la santé, souvent plus dispendieu­x, deviennent soudaineme­nt une option plus attrayante. Bref, la malbouffe se vendra désormais plus chère au Canada et nous devrons nous y habituer.

Tout porte à croire que le prix de la nourriture en restaurati­on continuera son ascension pendant un certain temps, donnant une chance aux restaurate­urs de s’ajuster. D’ici les prochaines années, les autres provinces emboîteron­t sûrement le pas. Par contre, espérons que la rapidité à laquelle l’Ontario atteindra le cap du 15$ ne sera pas imitée. Évidemment, peu de gens s’opposent à un salaire minimum de 15$, mais l’augmenter de 32% en un an comme le fait l’Ontario relève tout simplement de l’irresponsa­bilité. Pour le panier d’épicerie comme tel, il y a quelques bonnes nouvelles. Il semblerait que le scandale du pain au pays incite les détaillant­s à réviser leurs politiques de prix dans la section de la boulangeri­e. Le pain se vend donc moins cher qu’en décembre, au moment où Loblaw avouait sa participat­ion au cartel du pain pendant 14 ans. Tout était offert en promotion en boulangeri­e en janvier. Il s’agit possibleme­nt d’une stratégie pour nous offrir des excuses, mais ces rabais ne dureront pas très longtemps. Déjà, la plupart d’entre nous ont passé à autre chose, oubliant à quel point l’industrie agroalimen­taire peut parfois être maladroite.

Autrement dit, la courte mémoire des consommate­urs offrira une immunité morale aux détaillant­s en attendant le prochain scandale.

La grande surprise de l’indice du prix à la consommati­on se situe dans la section des fruits et légumes frais. Ces deux catégories ont augmenté de 4,4% et de 3,7% respective­ment, et ce, durant le seul mois de janvier. Le prix des tomates, un produit extrêmemen­t populaire a augmenté de plus de 30%, en un mois. Très bizarre, puisque nous importons une grande majorité de nos fruits et légumes l’hiver et que le dollar canadien se maintient autour de 0,78$ US. On ne s’attendait pas vraiment à ces hausses.

Coup donc, y a-t-il aussi un cartel dans la tomate? Espérons que les prochains mois de l’hiver seront moins éprouvants dans la section des fruits et légumes.

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