Réflexion visuelle sur la guerre
Le hasard a fait en sorte que l’ouverture de l’exposition Rêve de
camouflage coïncide avec l’inauguration de la galerie. Le directeur estime qu’il y a un lien entre les deux artistes. Sur la liste des invitations personnelles de Marie-Hélène Allain, figurait le nom d’Anne-Marie Sirois. Reconnue pour ses illustrations, ses films d’animation et ses sculptures de fer, l’artiste de Moncton propose cette fois-ci une installation qui invite le public à réfléchir sur les rêves des peuples qui vivent dans des zones de guerre. Elle raconte qu’elle a eu cette idée après avoir vu l’image d’une femme portant son bébé dans un châle sur son dos qui courait à travers les rafales de balles en Afghanistan. «C’est assez horrifiant quand on pense à ça. Je me suis dit que si on transposait ça à la nord-américaine, ça serait une femme qui promène une poussette avec un enfant dedans. La poussette serait en tissu de camouflage, ainsi que l’enfant et probablement la femme. Elle se promènerait à travers les tirs. C’est sûr que c’est ironique.» Elle s’est alors imaginé les désirs profonds des gens qui doivent se camoufler et se cacher pour survivre, en dehors du fait qu’ils souhaitent la paix et un retour à la vie normale. Elle a eu envie d’illustrer visuellement un rêve d’une personne prise à se cacher. «J’ai choisi que son souhait soit d’aller en pique-nique avec sa famille. J’ai fait un pique-nique où tout est camouflé.» L’installation comprend un filet de chasse symbolisant les fils barbelés, une poussette, une poupée et une nappe avec tous les éléments d’un pique-nique en plein air. Tout a été repeint en motif de camouflage ou recouvert d’un tissu semblable. De plus, elle invite les gens ayant vécu dans des zones de conflit à noter leur désir ou leur pensée sur un bout de papier qui sera épinglé sur le filet. «J’aimerais que ça fasse réfléchir le public sur tous les individus qui sont privés de liberté. Il ne sont pas obligés de prendre ça pour du cash ce que j’expose, mais au moins, ils peuvent apporter leur propre réflexion. Ici, on se plaint souvent le ventre plein», a ajouté l’artiste qui présente son exposition jusqu’au 12 mai. Plus d’une centaine de personnes sont attendues pour les deux événements qui se tiennent vendredi à compter de 17h au Centre culturel de Kent-Sud.