Bientôt la fin des grandes épiceries?
Épicerie en ligne, caisses enregistreuses automatisées, commandes de produits prêts à cuisiner, le panier d’épicerie n’est désormais plus du tout le même.
La traditionnelle visite hebdomadaire à l’épicerie à grande surface ou chez l’épicier du coin serait-elle en voie de devenir une mode dépassée et d’appartenir au folklore?
La question mérite d’être posée, alors que de plus en plus de commerces ont décidé de se lancer dans les services d’épicerie en ligne et que le commerce des mets prêts à cuisiner gagne des adeptes.
«Les choses bougent rapidement dans ce secteur. Il y a des menaces comme Walmart et Amazon. Des supermarchés vont faire faillite le mois prochain», explique d’entrée de jeux Sylvain Charlebois, doyen de la Faculté en Management et professeur en Distribution et politiques agroalimentaires à l’Université Dalhousie.
Selon lui, le géant Amazon est à lui seul à l’origine de la disparition de 7000 commerces de détail aux États-Unis en 2017.
«C’est une tendance que l’on va voir au Canada», prévient l’expert du domaine agroalimentaire, tout en spécifiant qu’environ 2000 emplois sont disparus depuis novembre dernier au pays dans le secteur de la distribution alimentaire.
«La vente en ligne est un marché qui est en développement, particulièrement chez les jeunes. Ça n’a cependant pas encore un impact très significatif sur nos ventes, ça représente en moyenne environ 1% des transactions d’une épicerie canadienne», a indiqué pour sa part Daniel Thériault, le copropriétaire du Supermarché Donat Thériault d’Edmundston.
Toujours selon lui, l’expérience du magasinage en épicerie n’est quand même pas vouée à disparaître à court terme.
«Plusieurs consommateurs apprécient l’aspect social, le volet découvertes et les conseils et les sourires de nos employés qui accompagnent souvent le magasinage en épicerie», explique le commerçant, un des rares avec la bannière Atlantic Superstore et IGA à offrir un service de commandes d’épicerie en ligne au Nouveau-Brunswick.
CAISSIÈRE, UN MÉTIER EN VOIE DE DISPARITION?
Plusieurs grandes bannières ont également décidé d’effectuer un virage technologique en mettant en place des caisses enregistreuses automatisées qui nécessitent moins de personnel.
«Ce n’est pas nécessairement par soucie d’économies, mais plutôt pour faire face à un manque de main-d’oeuvre dans le commerce de détail», explique Daniel Thériault, dont le commerce a décidé de ne pas emprunter cette avenue afin de préserver son cachet familial et de respecter la vision de l’entreprise.
De l’avis de Sylvain Charlebois, ce passage à un mode d’intelligence artificielle ne peut aller qu’en s’accentuant.
«C’est clair que de moins en moins d’humains seront nécessaires pour opérer une épicerie, même si les gens au NouveauBrunswick ne sont pas encore tout à fait prêts à faire des affaires avec des machines», affirme le professeur de Halifax, qui craint également les répercussions de la hausse notable du salaire minimum décrétée dans quelques provinces canadiennes.