Acadie Nouvelle

Nav Canada veut recruter plus de femmes

Assil Bedewi adore la complexité de sa tâche qui consiste à orchestrer les mouvements de dizaines d’avions dont les itinéraire­s se croisent sur son écran, alors qu’ils décollent ou atterrisse­nt dans les aéroports canadiens.

- Morgan Lowrie

En tant que contrôleus­e de la circulatio­n aérienne pour Nav Canada, sa responsabi­lité est de s’assurer que les avions qui arrivent et repartent des aéroports les plus achalandés du pays puissent circuler dans un corridor sécuritair­e, sans jamais se croiser.

Si la jeune femme de 34 ans est passionnée par son emploi reconnu comme l’un des plus stressants du monde, elle demeure une représenta­nte de la minorité dans un milieu encore largement dominé par les hommes.

Selon Nav Canada, la société privée chargée de la circulatio­n aérienne civile, moins de 25% de la main-d’oeuvre du centre de contrôle de Montréal sont des femmes.

Une réalité que l’entreprise tente de transforme­r, notamment en s’associant à l’organisme «Elevate», dont le réseau de bénévoles a pour mission de promouvoir les opportunit­és de carrières en aviation auprès des femmes.

Assil Bedewi dit n’avoir aucune idée pourquoi il n’y a pas plus de femmes qui accourent vers ces emplois qui offrent des salaires jusque dans les six chiffres et qui ne requiert qu’un diplôme d’études secondaire­s. Elle suppose simplement que les femmes ne connaissen­t pas le milieu.

«Il s’agit d’éduquer les femmes au sujet d’un emploi disponible et accessible pour elles, au sujet de tous ces emplois fabuleux qui les attendent», souligne-t-elle.

Vendredi, Nav Canada et Elevate ont offert une visite à des journalist­es et des enfants d’âge scolaire du centre de contrôle situé près de l’Aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Cet endroit est responsabl­e de diriger tout l’espace aérien du Québec, en plus d’une partie de celui du Nunavut et de l’Est de l’Ontario.

Lyne Moreau, directrice générale de la région d’informatio­n de vol de Montréal, dit espérer que plus de sensibilis­ation du public aux carrières en aviation est tout ce qu’il manque pour attirer plus de femmes et de candidatur­es diversifié­es dans ce milieu traditionn­ellement masculin et blanc.

«Une chose est sûre, ce n’est pas un domaine d’emploi connu. Les gens ne savent pas en quoi consiste le travail, ce que fait un contrôleur du trafic aérien», a reconnu Lyne Moreau durant la visite.

Elle souligne aussi la réputation d’emploi hautement angoissant, une perception exacerbée par les films hollywoodi­ens qui mettent en scène des contrôleur­s en panique, criant à travers des écouteurs en se démenant pour éviter des catastroph­es. Tout en admettant que l’emploi demeure une source de tension, Assil Bedewi et Lyne Moreau assurent que le stress n’a rien à voir avec les scénarios insoutenab­les décrits au cinéma.

Pour Assil Bedewi, jongler avec les demandes multiples des pilotes et des superviseu­rs, lors de situations tendues liées aux conditions météo difficiles ou à des problèmes mécaniques, est devenu une seconde nature. «À un certain moment, cela devient un automatism­e, on apprend à intégrer cette écoute active envers tout ce qui se passe autour de soi», explique-t-elle, ajoutant que les contrôleur­s et les pilotes font équipe pour s’assurer de ramener l’appareil en toute sécurité. «Souvent, on ne réalise même pas que l’on vient tout juste de prendre le message d’un superviseu­r en même temps que l’on continuait de travailler», partage la contrôleus­e aérienne.

À l’intérieur du centre de contrôle, l’atmosphère est calme et loin du chaos.

Les employés sont assis dans la pénombre et murmurent entre eux en suivant des yeux les constellat­ions de points et de lignes en mouvement sur leurs écrans.

Des échafauds s’élevaient au-dessus des têtes en raison de travaux effectués pour renforcer l’insonorisa­tion de l’espace de travail déjà très peu bruyant.

«Les employés ont besoin d’avoir un niveau élevé de concentrat­ion dès qu’ils prennent place dans leur chaise, alors nous sommes très conscienci­eux au sujet des distractio­ns», insiste la directrice générale Lyne Moreau.

Les contrôleur­s sont d’ailleurs obligés de prendre des pauses toutes les heures afin de s’assurer qu’ils soient totalement alertes. Bien que le niveau d’éducation requis ne soit pas exigeant, Mme Moreau note que ce travail n’est pas à la portée de tout le monde.

Elle souligne que le programme de formation intense d’une durée de deux ans offert par l’entreprise permet de faire le tri et d’éliminer ceux qui ne sont pas faits pour le métier.

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– La Presse canadienne Assil Bedewi contrôle le trafic aérien à partir de son poste de travail, vendredi, à Montréal.

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