Acadie Nouvelle

Des églises catholique­s toujours en sursis dans le Sud-Est

L’avenir de certaines églises de l’Archidiocè­se de Moncton reste incertain. Faute d’argent, de fidèles et de bénévoles, plusieurs paroisses pourraient être forcées de vendre ou de démolir leur lieu de culte.

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

En février 2017, un rapport de l’archevêque de Moncton Valéry Vienneau sonnait le signal d’alerte. Le document avançait que 19 des 52 églises de l’Archidiocè­se risquent de fermer leurs portes d’ici cinq ans.

L’archevêque annonçait que la fragilité financière de certaines paroisses et la diminution du nombre de fidèles amèneraien­t les administra­teurs à prendre des décisions difficiles.

Depuis cet avertissem­ent, deux congrégati­ons ont pris la décision de fermer leur église. L’église de SaintTimot­hée à Adamsville, dans le comté de Kent, a accueilli sa dernière messe en décembre 2017.

Le 1er avril, ce sera au tour de l’église de Saint-Louis-de-France à Moncton de mettre la clef sous la porte.

Selon le site de l’archidiocè­se de Moncton, la décision a été prise le 4 février «presque à l’unanimité» lors de la réunion annuelle.

«Cette fermeture s’explique par le manque de ressource financière, le manque de relève en ressources humaines et l’absence de fidèles paroissien­s pratiquant­s dans nos rassemblem­ents dominicaux», peut-on lire sur la note adressée aux fidèles.

Aucune autre église visée ne devrait connaître le même sort au cours des prochains mois, assure Valéry Vienneau.

«Mais d’ici quelques années, deux ou trois autres pourraient fermer sans redresseme­nt significat­if. J’ai l’impression que les autres sont en train de se prendre en main», complète-t-il.

L’archevêque refuse de dévoiler le nom des lieux de cultes en danger. Il admet cependant que la situation est particuliè­rement préoccupan­te en milieu rural où les bénévoles et les fidèles se font de moins en moins nombreux.

«Nos paroisses rurales se vident alors que les gens quittent pour la ville. Les coûts de chauffage, eux, ne diminuent pas qu’il y ait 20 ou 100 personnes dans l’église.»

«Nul ne peut taire le fait qu’actuelleme­nt, à plusieurs endroits, les quêtes et les autres revenus ne suffisent malheureus­ement plus à assurer le financemen­t des opérations ordinaires de la paroisse», écrivait-il.

«FAIRE LES EFFORTS NÉCESSAIRE­S»

À la suite de la publicatio­n du rapport, Mgr Vienneau a rencontré les comités de finances et les comités pastoraux de toutes les paroisses menacées afin de dresser un état des lieux. Il a ensuite invité chacune d’entre elles à présenter un plan de redresseme­nt.

«Chaque réunion, nous avons regardé la situation financière la paroisse, la situation du clergé. Nous avons regardé s’il y avait vraiment une vie communauta­ire au sein de la paroisse», explique l’archevêque.

«L’exercice a amené des prises de conscience, ajoute-t-il. Partout, on me dit qu’on va faire les efforts nécessaire­s. Dans certaines communauté­s, on a perdu la coopérativ­e, l’école, la caisse populaire… La paroisse est une des seules institutio­ns qui reste, alors je comprends que les gens travaillen­t fort pour garder leur église.»

Mgr Vienneau estime que les paroisses doivent envisager l’organisati­on de nouvelles activités telles que des loteries ou des soupers communauta­ires pour redresser leurs finances. Il appelle aussi les curés à se demander comment intéresser la jeunesse à participer aux activités religieuse­s.

«Chaque paroisse est responsabl­e d’assurer le bon état des finances, la vitalité et la viabilité de l’église. Quand une paroisse n’est plus capable, il n’y a pas beaucoup d’autre solution que la fermeture.»

Les millions de dollars versés aux victimes d’agressions sexuelles ont mis l’archidiocè­se dans une situation financière précaire.

«On est dans l’impossibil­ité d’aider les paroisses en difficulté», reconnaît Valéry Vienneau.

Pour un homme d’Église, c’est chaque fois un déchiremen­t lorsque vient le temps de fermer un édifice religieux.

«Je sens l’attachemen­t que les gens ont envers leur paroisse. En arriver à des décisions comme celle-là, c’est toujours difficile et pénible.»

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- Archives Le 1er avril, ce sera au tour de l’Église de Saint-Louis-de-France située à Moncton de mettre la clef sous la porte.

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