TROU NOIR: LA COLÈRE NE S’ESTOMPE PAS
En scandant «On lâche pas» ou encore «So-so-solidarité», les travailleurs saisonniers du Nord-Est ont une nouvelle fois exprimé leur mécontentement, mercredi matin à Tracadie. Pour eux, les propositions du fédéral et du provincial ne vont pas absorber le «trou noir» qui les menace (ou pour certains, qui les englue).
Mardi, un dispositif permettant aux travailleurs saisonniers de toucher un revenu sous condition de suivre une formation en attendant la reprise de leur emploi en usine a été dévoilé.
«C’est une insulte qui sous-entend que les gens du Nouveau-Brunswick ne sont pas éduqués. Il faut que les gouvernements nous respectent», s’indigne Fernand Thibodeau.
Le porte-parole du mouvement qui s’est constitué en septembre n’est pas farouchement hostile à l’idée des formations.
«Mais à condition que ce ne soit pas imposé. Dès lors qu’on oblige les gens à les suivre, c’est une dictature. C’est un système de pénalités supplémentaire.»
Autre voix associée à cette grogne, celle de Jean-Maurice Landry. Le candidat néo-démocrate, depuis peu, pour siéger à l’Assemblée législative parle d’«un camouflage, un système de broche à foin».
Les manifestants demandent un retour à l’ancienne formule, c’est-à-dire accumuler 420 heures en 14 semaines et bénéficier de 35 semaines d’indemnisation. Présentement et pour des raisons statistiques, ils doivent travailler 16 semaines au moins s’ils veulent profiter pleinement de l’assurance-emploi.
Au début du rassemblement, 250 personnes environ ont défilé le long de la rue Principale. D’autres individus sont venus gonfler les rangs du cortège jusqu’à sa dislocation en fin de matinée.
La manifestation se voulait «pacifique», aux dires de Fernand Thibodeau. Elle s’est déroulée sous surveillance policière. Aucun incident n’est à déplorer.
Placé en tête, pancarte à la main, Steve Hachey ne décolère pas. Il doit reprendre le travail le mois prochain. En attendant, il subsiste avec 300$ versés toutes les deux semaines.
«Je reste chez un ami, à Tracadie. Je m’en sors, grâce à un arrangement avec lui pour le loyer. C’est pas facile», confie-t-il.
Alexandre Lanteigne, lui aussi, rêve de mieux. Il a repris son poste de laveur à la Coopérative de pêcheurs de Lamèque en début de mois. Avant cela, c’était le chômage. Apprendre que les quotas de pêche au crabe on été revus à la baisse l’inquiète.
«S’ils pêchent moins, ça veut dire moins de travail pour nous. Ma saison peut s’arrêter à tout moment. Je ne suis assuré de rien. C’est stressant.»
Fernand, Jean-Maurice, Steve, Alexandre et les autres ont d’ores et déjà pris rendez-vous pour le 27 mars. Ce jour-là, Pierre Laliberté, commissaire des travailleurs et travailleuses à la Commission de l’assurance-emploi, à Ottawa, sera présent à Inkerman pour une réunion publique. - VP