Acadie Nouvelle

La pêche au hareng connaît des jours difficiles

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com

Les débarqueme­nts de hareng dans le golfe du Saint-Laurent ont diminué de moitié au cours des dix dernières années. Des données scientifiq­ues du ministère des Pêches et des Océans démontrent que la tendance n’est pas à la veille d’être renversée.

Plusieurs intervenan­ts montrent du doigt les prédateurs du hareng: le thon et le phoque.

Pour la pêche du printemps, l’état du stock est «critique» depuis 2004. Malgré une longue liste de mesures de gestion, dont des fermetures, des réductions d’équipement et des limites sur les prises, les stocks ne semblent pas s’améliorer.

Mercredi, lors de la réunion du Comité consultati­f des petits pélagiques du golfe, les porte-paroles de l’industrie ont recommandé que le quota de 2000 tonnes - qui engendre habituelle­ment des captures d’environ 1000 tonnes - soit maintenu.

Des scientifiq­ues du MPO ont pour leur part suggéré que les prises soient limitées à un total de 500 à 700 tonnes.

«Les mesures de gestion, on en a fait en masse, affirme Michel Richard, de l’Union des pêcheurs des Maritimes. Le total admissible des captures (TAC) va rester là tant et aussi longtemps qu’il y a un autre élément dans l’eau qui n’est pas adressé.»

«Si on enlève 1000 tonnes de hareng au printemps, c’est environ 5% de la biomasse. Je ne peux pas m’imaginer que c’est la raison pour laquelle le stock n’est pas reconstrui­t», a ajouté un autre intervenan­t.

Dans la pêche d’automne, le stock se porte mieux. Il se situe tout de même dans la «zone prudente».

Ces dernières années, 20 000 à 25 000 tonnes de hareng ont été pêchées dans le golfe l’automne, comparativ­ement à près de 50 000 tonnes en 2007. Les scientifiq­ues du MPO avancent qu’en réduisant les débarqueme­nts à 16 000 tonnes, il y aura 50% de chance que la biomasse s’améliore.

«Cela dit, notre modèle a tendance à être optimiste», avertit Jenni McDermid, biologiste du MPO.

Dans l’industrie, il y a consensus sur le fait que des solutions doivent être mises en place afin d’améliorer la situation. Tous tournent cependant autour du pot: y a-t-il une possibilit­é réelle à s’attaquer au problème de prédation?

Gilles Duguay, du Regroupeme­nt des pêcheurs profession­nels du sud de la Gaspésie, souligne que l’industrie canadienne a peu de contrôle sur le thon, une ressource gérée internatio­nalement. Il observe cependant un déclin plus important du hareng près de parcs nationaux, là où il y a surpopulat­ion de phoque gris.

Au Canada, il y a un quota de chasse de phoque gris de 60 000. Seulement 1398 bêtes ont été abattues en 2016.

«Je vois les mêmes choses qu’on voyait dans la pêche à la morue. Il y a 10 ans, nous avions mis en place un plan de rétablisse­ment et nous avions un quota de zéro. Malgré cela, la biomasse a continué à diminuer», a affirmé un intervenan­t.

Pour Emmanuel Moyen, de l’UPM, il n’existe pas une solution unique au problème.

«Oui, il y a la prédation, probableme­nt par le phoque et par d’autres espèces. Mais il faut regarder le recrutemen­t, et si l’effort de pêche peut être étalé sur une plus longue période. Que peut-il être fait au niveau des équipement­s et des saisons? Il y a beaucoup de possibilit­és, aussi longtemps qu’on approche les pêcheurs avec la bonne informatio­n.»

Les membres du comité consultati­f n’ont pas émis de recommanda­tion sur le TAC du poisson pour la pêche d’automne. Ils ont demandé un délai additionne­l afin de consulter les pêcheurs.

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Des représenta­nts de l’industrie du hareng et du ministère des Pêches et des Océans se sont réunis à Moncton, la semaine dernière. - Acadie Nouvelle: JeanMarc Doiron

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