La pêche au hareng connaît des jours difficiles
Les débarquements de hareng dans le golfe du Saint-Laurent ont diminué de moitié au cours des dix dernières années. Des données scientifiques du ministère des Pêches et des Océans démontrent que la tendance n’est pas à la veille d’être renversée.
Plusieurs intervenants montrent du doigt les prédateurs du hareng: le thon et le phoque.
Pour la pêche du printemps, l’état du stock est «critique» depuis 2004. Malgré une longue liste de mesures de gestion, dont des fermetures, des réductions d’équipement et des limites sur les prises, les stocks ne semblent pas s’améliorer.
Mercredi, lors de la réunion du Comité consultatif des petits pélagiques du golfe, les porte-paroles de l’industrie ont recommandé que le quota de 2000 tonnes - qui engendre habituellement des captures d’environ 1000 tonnes - soit maintenu.
Des scientifiques du MPO ont pour leur part suggéré que les prises soient limitées à un total de 500 à 700 tonnes.
«Les mesures de gestion, on en a fait en masse, affirme Michel Richard, de l’Union des pêcheurs des Maritimes. Le total admissible des captures (TAC) va rester là tant et aussi longtemps qu’il y a un autre élément dans l’eau qui n’est pas adressé.»
«Si on enlève 1000 tonnes de hareng au printemps, c’est environ 5% de la biomasse. Je ne peux pas m’imaginer que c’est la raison pour laquelle le stock n’est pas reconstruit», a ajouté un autre intervenant.
Dans la pêche d’automne, le stock se porte mieux. Il se situe tout de même dans la «zone prudente».
Ces dernières années, 20 000 à 25 000 tonnes de hareng ont été pêchées dans le golfe l’automne, comparativement à près de 50 000 tonnes en 2007. Les scientifiques du MPO avancent qu’en réduisant les débarquements à 16 000 tonnes, il y aura 50% de chance que la biomasse s’améliore.
«Cela dit, notre modèle a tendance à être optimiste», avertit Jenni McDermid, biologiste du MPO.
Dans l’industrie, il y a consensus sur le fait que des solutions doivent être mises en place afin d’améliorer la situation. Tous tournent cependant autour du pot: y a-t-il une possibilité réelle à s’attaquer au problème de prédation?
Gilles Duguay, du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, souligne que l’industrie canadienne a peu de contrôle sur le thon, une ressource gérée internationalement. Il observe cependant un déclin plus important du hareng près de parcs nationaux, là où il y a surpopulation de phoque gris.
Au Canada, il y a un quota de chasse de phoque gris de 60 000. Seulement 1398 bêtes ont été abattues en 2016.
«Je vois les mêmes choses qu’on voyait dans la pêche à la morue. Il y a 10 ans, nous avions mis en place un plan de rétablissement et nous avions un quota de zéro. Malgré cela, la biomasse a continué à diminuer», a affirmé un intervenant.
Pour Emmanuel Moyen, de l’UPM, il n’existe pas une solution unique au problème.
«Oui, il y a la prédation, probablement par le phoque et par d’autres espèces. Mais il faut regarder le recrutement, et si l’effort de pêche peut être étalé sur une plus longue période. Que peut-il être fait au niveau des équipements et des saisons? Il y a beaucoup de possibilités, aussi longtemps qu’on approche les pêcheurs avec la bonne information.»
Les membres du comité consultatif n’ont pas émis de recommandation sur le TAC du poisson pour la pêche d’automne. Ils ont demandé un délai additionnel afin de consulter les pêcheurs.