Libérée des griffes de son proxénète
Marie a été attirée dans le milieu de la prostitution par un souteneur à l’âge de 19 ans. Ce dernier l’a exploitée et a fini par la forcer à vendre son corps. La jeune femme s’en est sortie et tente aujourd’hui de tourner la page. Témoignage.
Marie préfère taire son vrai nom, de peur qu’on la retrouve. Elle a été aspirée dans le commerce du sexe par un besoin criant d’argent.
Tout a commencé par la rencontre de son proxénète que lui a présenté une amie. Incapable de payer les factures, la jeune femme a accepté de vendre son corps, tentée par la perspective de faire de l’argent rapidement.
«Je venais de perdre mon travail et je ne voulais pas finir à la rue, raconte-t-elle. Beaucoup des filles que je connaissais sont rentrées là-dedans à cause de la drogue. Ce n’était pas mon cas.»
L’homme leur a proposé de quitter le Nouveau-Brunswick pour Edmonton en Alberta. Il offrait d’accompagner les jeunes filles, de placer les annonces et de prendre les rendez-vous.
«Il était censé nous aider avec les déplacements parce que je n’avais pas de voiture. Je croyais que c’était une bonne personne. Je me trompais. J’étais une proie facile, j’étais isolée, je buvais tout le temps.»
Elle a rapidement découvert que le proxénète cherchait à tirer profit de sa vulnérabilité. Pendant deux ans, elle a vécu sous son contrôle.
«Il prenait 40% de ce qu’on gagnait pour lui, alors qu’il ne faisait rien pour nous. Il nous en prenait presque autant pour payer la chambre et le site. Il nous forçait à le faire et nous menaçait verbalement», témoigne-telle.
Comme la plupart des travailleuses du sexe, Marie offrait ses services sur Internet, elle rentrait en contact avec ses clients au moyen du site d’annonces Backpage. Son quotidien se déroulait rarement en dehors de sa chambre d’hôtel.
«Quand je n’attendais pas pour des clients, je dormais le reste du temps», se souvient Marie.
«La plupart du temps, on ne savait pas qui était la personne avant de la rencontrer. Plusieurs fois on ne se faisait pas payer et parfois le client faisait des choses qu’il ne devait pas... Je ne pense pas que c’est quelque chose que quiconque aimerait faire.»
IMPOSSIBLE DE S’ENFUIR
Après deux ans, elle était à bout, autant physiquement que psychologiquement. Le métier d’escorte a complètement brisé sa confiance en elle.
«J’étais très déprimée, souffle-t-elle. Ça me faisait sentir sale. Je pensais que je ne valais rien d’autre, mais j’avais tort!»
À plusieurs reprises, la jeune femme a voulu tout quitter. Mais son pimp ne l’entendait pas ainsi. Impossible de se dégager de son emprise.
«Il nous menaçait de nous abuser et se mettait en colère si on ne faisait pas ce qu’il voulait. Il connaissait mon cousin et menaçait de lui faire du mal.»
C’est finalement la police qui a mis fin à son calvaire en démantelant le réseau de prostitution.
Ce sont les gendarmes qui ont organisé son retour à Moncton l’an dernier, où l’organisation sociale YWCA l’a prise en charge.