Toute une industrie entoure les chiens
Les chiens ne sont plus perçus de la même façon. Certains les identifient comme des membres à part entière de la famille. Cet égard particulier a généré un nouveau secteur d’activités et pour des passionnés, des débouchés professionnels.
Les chiens procurent des revenus et un métier à des hommes et des femmes, dans la Péninsule acadienne, autre que les vétérinaires. Rencontre avec des amoureux des toutous qui gagnent leur vie grâce à eux.
LA TOILETTEUSE
Noémie Gionet Lanteigne est toiletteuse depuis deux ans. Elle a aménagé une partie de sa maison à Notre-Dame-des-Érables, près de Paquetville, en salon. Tous les jours, chiens surtout et chats parfois se succèdent sur sa table ou dans sa baignoire.
«J’ai tout le temps de la demande. Ça dépend de la météo. S’il fait mauvais temps, les gens préfèrent attendre le retour du soleil. Noël est ma période la plus folle. Tout le monde veut que son animal soit beau pour les fêtes.»
Elle satisfait toutes les requêtes: du lavage biannuel à la coupe élaborée avec teinture.
«Pour quelques-uns de mes clients, leur animal, c’est leur bébé. Ils en prennent soin.»
De quoi l’occuper de 1h30 pour un petit gabarit à 3h pour les plus gros spécimens.
«Le plus longtemps que j’ai passé sur un animal, c’était 4h30, se souvient-elle. C’était un gros chien qui n’était pas du tout coopératif. Il m’a demandé beaucoup d’ouvrage.»
Noémie Gionet Lanteigne assure que faire toiletter son compagnon à quatre pattes n’a rien d’une coquetterie.
«Pour certaines races de chiens, surtout celles à poil long, c’est une nécessité. Sinon, des noeuds se forment et ça leur fait mal. On n’y pense pas, mais la peau d’un chien se déshydrate. Ils se grattent, ça peut créer des problèmes d’allergie. Les laver, c’est également bon contre les parasites.»
L’ÉDUCATRICE CANINE
À Tracadie, du côté de la Pointe-desRobichaud, Eliza Godin a lancé son activité d’éducation canine il y a cinq ans.
«Ça fait trois ans que j’en vis pleinement», révèle-t-elle.
Attirés par sa bonne réputation, ses clients parcourent des kilomètres pour bénéficier de son expérience avec leurs toutous.
«Ils viennent de Tracadie, Shippagan, Caraquet, Neguac, et même de Moncton. J’en ai aussi de la Gaspésie.»
Quelle que soit la taille de la bête (du chihuahua au Saint-Bernard), quel que soit son âge (du chiot de quelques semaines au chien plus âgé ayant un problème de comportement, de socialisation et autre), elle obtient un résultat.
«Des personnes pensent que parce que je suis une jeune femme, je ne peux pas tout faire. Je ne suis pas une dresseuse. Je travaille selon le principe de renforcement positif de l’animal. C’est une méthode totalement différente que celles reposant sur l’autorité ou la punition. Je n’ai pas besoin de gros bras et d’une forte voix pour parvenir à mes fins.»
Eliza Godin est formelle: tous les chiens sont capables d’être domestiqués. Y compris ceux catégorisés «difficiles» et ceux ayant plus d’un poil gris.
«Tous les animaux peuvent apprendre. Il faut juste trouver la bonne façon de les motiver et de les amener à faire ce qu’on a envie qu’ils fassent parce qu’ils ont envie de le faire et non parce qu’ils se sentent forcés de le faire.»
La résidente de Tracadie s’est formée au Québec «parce que ce n’est pas possible au Nouveau-Brunswick». Elle constate combien l’éducation canine est répandue dans la province voisine.
«Éduquer son chien est plus dans la mentalité des Québécois. Mais ça s’en vient ici.»
Cela illustre, selon elle, à quel point les propriétaires de chiens font attention à leur animal.
«Ils sont conscients qu’être maître, ça nécessite du temps. Mais ça en vaut la peine. Ça joue sur la relation qu’ils ont avec leur chien. L’interaction est plus forte. Tout le monde est heureux.»
LA GARDIENNE
Audrée Daigle éduque elle aussi les chiens selon la technique du renforcement positif, chez elle, à Bas-Caraquet. Depuis mars, elle propose un autre service: la garderie.
«Mes amis savaient que j’aime les chiens. Ils me demandaient souvent de garder le leur quand ils partaient en vacances. J’ai senti qu’il y avait un besoin dans la Péninsule. J’ai décidé de faire ça à titre professionnel.»
Elle commence juste et a déjà des projets d’agrandissement.
«Cet été, avec mon conjoint, on va construire un autre abri pour accueillir plus de chiens. On va également aménager une aire de jeux boisée avec piscine et parcours d’agilité», annonce-t-elle.
La jeune femme a présentement cinq box, mais réfrène ses envies de grandeur.
«Ça restera une garderie de petite taille. Je n’accueillerai pas une centaine de chiens. Ça ne m’intéresse pas. Je veux que l’animal se sente bien chez moi, et son maître en confiance.»
Son service de garde va de la journée à plusieurs semaines.
«À la journée, c’est pour celles et ceux qui ne veulent pas que leur chien reste tout seul à la maison pendant qu’ils travaillent. Il est en contact avec d’autres animaux. C’est bon pour sa socialisation.»
Dans sa famille, l’amour des bêtes est une passion qui se transmet de génération en génération. À 10 ans, la fille d’Audrée donne, de bon coeur, un coup de main à ses parents dans cette nouvelle aventure. Elle aimerait bien avoir un chiot pour l’élever.
«Adopter un chien, ce n’est pas un fardeau. C’est une complicité», définit la maman.