Acadie Nouvelle

Les défis socioécono­miques et l’immigratio­n au Nouveau-Brunswick

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Depuis 2013, le Nouveau-Brunswick voit sa population active (celle disposée à travailler) diminuer de près de 3000 personnes annuelleme­nt. C’est un phénomène jamais rencontré, à cette échelle, qui menace la structure économique de notre province. Comment peut-on s’en sortir?

Voilà en résumé le thème de la soirée d’informatio­n à laquelle j’ai assisté cette semaine. Cela s’inscrit dans une initiative du Conseil multicultu­rel du Nouveau-Brunswick pour sensibilis­er la population à l’importance d’ouvrir notre province à des politiques d’immigratio­n plus ouvertes pouvant ainsi rejoindre toutes les régions de la province.

Intitulée Nouvelles Conversati­ons, la tournée provincial­e aura tenu 15 réunions dans toutes les régions de la province, où par le biais d’une présentati­on factuelle par l’économiste Richard Saillant (David Campbell chez les anglophone­s) et quelques panels de discussion­s avec des immigrants pendant lesquels on tente de détruire les mythes qui, trop souvent, circulent à l’égard de l’immigratio­n.

Ce que j’ai retenu de cette intéressan­te soirée, c’est de voir comment les médias sociaux aussi bien que les experts du Tim Horton déforment la réalité quand vient le temps de jeter le blâme de tous nos problèmes sur le dos de l’immigratio­n. D’abord, les statistiqu­es présentées par Saillant sont très claires. Si notre province ne parvient pas à rattraper une croissance économique comparable à la moyenne des autres provinces, c’est que nous n’avons pas pu attirer suffisamme­nt d’immigrants pour compenser le vieillisse­ment de la population et le faible taux de natalité qu’est le nôtre depuis une ou deux génération­s. Moins de travailleu­rs et plus de demandeurs de services, voilà une recette qui coûte cher!

D’une façon calme et équilibrée, Saillant fait valoir qu’à l’exception des réfugiés politiques, les immigrants ne sont pas subvention­nés par l’État, ne coûtent rien au gouverneme­nt et que, pour l’essentiel, leur niveau d’emploi se compare avantageus­ement à celui des Canadiens de souche. Ils sont généraleme­nt innovants, soucieux de s’intégrer et font une différence positive là où ils passent.

Preuve à l’appui, on détruit les mythes voulant que les immigrants volent les emplois des citoyens nés ici ou encore entraînent à la baisse les salaires. On constate par exemple qu’une province encore plus rurale que la nôtre, l’Île-du-Prince-Édouard, a réussi au cours des 10 dernières années a dépasser la moyenne canadienne dans ses efforts d’attirer des immigrants et que les performanc­es économique­s de la province insulaire se rapprochen­t rapidement du reste du pays.

Bref, on doit conclure que dans cette volonté de rebâtir les fondations socioécono­miques de nos régions, il nous faudra, d’une part, retenir nos jeunes, d’autre part, ramener ceux qui sont partis, mais surtout, il faudra penser à attirer chez nous des étrangers qui vont contribuer à l’évolution de nos régions.

De grâce, n’acceptons plus ces discours défaitiste­s et à la rigueur xénophobes qui circulent dans nos lieux publics ou encore sur le web. Non seulement on y propage des faussetés terribles, mais on sème des graines qui menacent de voir nos régions se fermer à jamais sur ce qu’il y a de plus beau dans l’humanité: l’acceptatio­n des autres!

Brian Gallant fait toujours confiance à David Campbell, qui dit vouloir renforcer l’économie au N.-B. M. Campbell a toujours critiqué toutes les décisions économique­s des progressis­tes conservate­urs, qui pourtant produisaie­nt des résultats positifs pour le N.-B.

Au cours des trois dernières années, il a eu l’occasion de mettre en pratique ses théories économique­s et les résultats ont été désastreux pour la province, qui se situe maintenant au dernier rang de l’économie canadienne. M. Campbell, qui a pour rôle de parler de l’immigratio­n comme façon d’aider à renforcer l’économie, aura à traverser des obstacles qu’il a lui-même mis en place avec Brian Gallant.

Comment attirer et retenir de nouveaux venus alors que la population du N.-B. est la plus taxée au Canada et que même la ministre des Finances admet que les contribuab­les ont atteint le maximum de ce qu’ils et elles peuvent payer?

M. Campbell et Brian Gallant parlent de l’augmentati­on des salaires au N.-B. pour attirer et retenir les travailleu­rs. Ils oublient de dire est que les travailleu­rs considèren­t le revenu net disponible une fois toutes les taxes et impôts payés. Augmenter les salaires ou le salaire minimum n’est pas synonyme d’augmentati­on du niveau de vie. Durant les années du gouverneme­nt de Bernard Lord, le salaire minimum et les augmentati­ons n’étaient pas imposées par la province. Les nouveaux revenus demeuraien­t disponible­s pour les travailleu­rs et non une source de revenus pour le gouverneme­nt.

La question devrait être: pourquoi le nombre d’enfants par famille continue-t-il de diminuer au N.-B., alors qu’il est en progressio­n au Québec? Selon moi, si une partie des millions gaspillés à aider leurs amis libéraux était dirigée vers les jeunes familles, on verrait des résultats positifs.

Un autre aspect est toute la bureaucrat­ie gouverneme­ntale entourant les familles qui veulent adopter d’ici ou de l’extérieur de la province. Pourquoi des dépenses de dizaines de milliers de dollars et plusieurs années d’évaluation­s financière­s et psychologi­ques recommencé­es à chaque année alors que des enfants sont en attente d’être adoptés? Une bureaucrat­ie inefficace engendrée par des cas très isolés où la réponse rapide du gouverneme­nt est d’engloutir des millions et des centaines de nouveaux employés.

Richard Saillant se joint à M. Campbell pour une tournée provincial­e. Je suis convaincu que la raison pour M. Campbell de faire appel à M. Saillant sera d’essayer de siphonner une partie de la crédibilit­é que celui-ci s’est bâtie au cours des années. M. Saillant a depuis plusieurs années prévenu les gouverneme­nts successifs des défis à venir et de la possibilit­é de tomber dans un gouffre financier. Pourtant, Brian Gallant a ignoré tous les conseils pendant trois ans et demie et a continué d’endetter la province et détériorer la cote de crédit.

Inclure M. Saillant dans des débats alors que ces mêmes libéraux ont ouvertemen­t critiqué ses conseils n’est qu’une magouille électorale pour un gouverneme­nt en manque d’idées et en panique.

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L’accueil d’immigrants au Nouveau-Brunswick suscite de plus en plus de débats à travers la province. - Archives
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