Acadie Nouvelle

Une commission de police au service de qui au juste?

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La Commission de police du NouveauBru­nswick joue un rôle crucial. Son mandat est d’enquêter et de se prononcer sur des plaintes de citoyens quant à la conduite d’un membre d’un service de police municipal ou régional. Elle s’assure que les «pommes pourries» doivent répondre de leurs actes. L’ennui, c’est que le simple citoyen a tendance à être oublié dans tout ça.

Une centaine de plaintes sont déposées auprès de la Commission de police chaque année à propos des neuf forces et quelque 465 membres dont elle a la juridictio­n. Cela ne comprend pas la GRC, dont les plaintes sont évaluées et gérées par une commission nationale.

Le cas le plus connu dans les dernières années est celui de Michel Vienneau, abattu par la police de Bathurst dans le stationnem­ent de la gare de train de Bathurst dans des circonstan­ces troubles.

L’enquête de la Commission de police avait été interrompu­e à la suite du dépôt d’accusation­s criminelle­s. Les deux policiers ayant été blanchis, celle-ci a depuis eu lieu.

Bonne chance si vous désirez en connaître les conclusion­s.

Toutes les informatio­ns recueillie­s par la commission à propos des allégation­s sont confidenti­elles. C’est au chef de la force policière de Bathurst d’évaluer les conclusion­s de la commission afin de déterminer si les allégation­s d’inconduite sont fondées et si des mesures punitives doivent être envisagées.

Tout cela restera du domaine privé, à moins que la cause aille en arbitrage.

Ceci n’est pas un cas isolé. Maryse Nadeau l’a appris à la dure dans la dernière année.

Cette femme de Fredericto­n était l’une des passagères à bord d’un véhicule qui a été intercepté par deux agents au centre-ville de la capitale, le 11 juin 2017. Les policiers anglophone­s avaient refusé de servir les occupantes de la voiture en français.

Maryse Nadeau et la conductric­e du véhicule ont ensuite porté plainte à la Commission de police du Nouveau-Brunswick. Une expérience qui n’a rien eu de plaisant.

Elle a affirmé que le processus de plainte auprès de la commission a été épuisant et les résultats décevants. «On nous a fait sentir comme si c’était nous qui avions commis une faute. Il a fallu se battre contre une machine.»

Tout comme à Bathurst, le secret a prévalu. La Commission de police a refusé de rendre public son rapport d’enquête. Même les deux plaignante­s n’ont pas pu obtenir la version complète du rapport! De son côté, la police de Fredericto­n n’a pas voulu révéler si des sanctions ont été prises contre les deux agents.

Le site web de la Commission de police affirme être une organisati­on «transparen­te» qui traite les plaintes des citoyens «de façon équitable, impartiale et respectueu­se». Disons qu’à la lumière de ces témoignage­s et récents événements, il y a de quoi en douter.

Ses enquêtes sont secrètes, même quand il s’agit d’un événement public ou traumatisa­nt. Tout est fait pour protéger les policiers et éviter que la population ne sache si une faute a été véritablem­ent commise.

Dans le dossier des policiers de Fredericto­n, la commission dit n’avoir confirmé que deux des sept allégation­s contenues dans la plainte. Lesquelles? Ce n’est pas de nos affaires, nous dit la commission, qui souhaite protéger la confidenti­alité de ses policiers.

Il y a longtemps que l’Acadie Nouvelle dénonce en éditorial le manque de transparen­ce dans les dossiers touchant les policiers. Ce n’est pas par voyeurisme. Il s’agit de préserver la confiance de la population à l’égard de nos institutio­ns en prouvant que même les forces de l’ordre sont imputables de leurs actions. Quelque chose qui ne peut être démontré hors de tout doute si les enquêtes qui les concernent sont cachées sous un voile de secret.

Les plaintes à l’égard de nos policiers sont traitées comme des questions de ressources humaines privées. Nous croyons plutôt qu’il s’agit de sujets d’intérêt public. Nous ne pouvons pas nous fier uniquement à la gestion à l’interne de ces affaires par les chefs de police ou s’attendre à ce que ceux-ci publient de leur propre gré les résultats des enquêtes contre leurs agents.

«Notre client principal est le public. Nous ne sommes pas là pour desservir le gouverneme­nt, ni les chefs de police ou les membres des corps policiers. Nous sommes là pour protéger le public en tout temps», a déclaré l’ancien policier et directeur général de la Commission de police, Steve Roberge, dans une rencontre éditoriale à l’Acadie Nouvelle en 2015. De bien belles paroles. La Commission de police du N.-B., les forces policières municipale­s et le gouverneme­nt provincial ont bien du travail à accomplir afin d’être à la hauteur de cette transparen­ce qui nous est promise, mais qui est bien illusoire.

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