«ÇA N’A PAS DE BON SENS!»
Tel que l’avaient prédit les crabiers, les mesures de protection des baleines noires provoquent une «course généralisée pour capturer le quota».
Aucune baleine noire de l’Atlantique Nord n’a encore été observée dans le golfe du SaintLaurent ce printemps. Cela ne les empêche pas d’avoir un impact important sur la pêche du crabe des neiges.
La fermeture statique de 1960 miles nautiques carrés (6722 kilomètres carrés) a forcé «environ 130 pêcheurs à occuper des territoires de pêche déjà exploités», affirme-t-on dans une déclaration préparée par six organismes de pêcheurs du nord-est du N.-B., de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Dans les années récentes, de 20% à 30% du total admissible des captures (TAC) étaient pris dans cette zone.
Dans un effort pour atteindre leur quota, les crabiers utilisent 150% du nombre de casiers qu’ils ont utilisé en 2016, quand le TAC était à un niveau semblable. Malgré cela, en 17 jours de pêche, ils ont seulement capturé 88% des prises d’il y a deux ans (7275 tonnes en 2018 contre 8246 tonnes en 2016).
«Tout le monde craint qu’il ne reste pas suffisamment de crabes à l’extérieur de la zone de fermeture statique», peut-on lire dans la déclaration publiée lundi après-midi.
«On est juste à 35% du quota global. Ça n’a absolument pas de bon sens. Il faut être capable de pêcher plus que ça. On en avait pris 43% en 2016. Et plus on va aller de l’avant, moins on aura de crabe. En 2016, on n’avait pas cette crainte-là», affirme Robert Haché, directeur général de l’Association des crabiers acadiens.
Une carte interactive du National Oceanic and Atmospheric Administration, aux ÉtatsUnis, indique qu’aucune baleine n’a été observée à l’extérieur des environs de la baie de cap Cod, au large du Massachusetts, dans les deux dernières semaines. Une patrouille aérienne du ministère des Pêches et des Océans en a observé une à l’est de l’île du Cap-Breton.
Quand les mammifères marins en voie de disparition arriveront dans le golfe, ils pourraient être exposés à un risque élevé en raison de la forte densité de casiers à l’extérieur de la zone statique de fermeture.
Les crabiers ont donc l’intention de demander au ministre des Pêches et des Océans, Dominic LeBlanc, de faire marche arrière sur la fermeture statique. Ils maintiennent que l’ouverture de cette zone jusqu’à la fin mai serait bénéfique pour les pêcheurs et les usines, mais aussi pour les baleines.
«Puisque le quota aurait été capturé plus rapidement, les baleines auraient rencontré une distribution de câbles plus espacés et moins nombreux dans la colonne d’eau.»
«On va probablement demander encore une fois au ministre qu’il ouvre la zone pendant les deux dernières semaines de mai», mentionne M. Haché.
Le DG de l’Association des crabiers acadiens reconnaît que les captures lentes du début de la saison pourraient être dues à un phénomène de reproduction plus prolongé que la normale. Cela rendrait les crabes mâles moins aptes à entrer dans les casiers. Son hypothèse semble cependant de moins en moins probable à mesure que la saison avance.
Les signataires de la déclaration sur le déroulement de la pêche en 2018 incluent l’Association des crabiers acadiens, l’Association des crabiers gaspésiens, l’Association des crabiers de la baie, les Crabiers du Nord-Est, l’Association des pêcheurs professionnels crabiers acadiens et les Crabiers membres du Regroupement Des Palangriers Et Pétoncliers Uniques Madelinots.