Acadie Nouvelle

Transforme­r la restaurati­on en un clic

- Sylvain Charlebois

Pendant que les UberEats et Foodora prennent leur envol, les consommate­urs peuvent se faire livrer une panoplie de repas en un seul clic. Ces applicatio­ns changeront les attentes des consommate­urs, mais forceront aussi les chaînes de restaurati­on à reformuler leur stratégie d’expansion.

Après avoir pénétré le marché canadien il y a trois ans, UberEats annonce que l’entreprise s’établira dans une centaine de localités à travers le pays. UberEats déjà présente dans plus de 50 villes canadienne­s continue son ascension phénoménal­e.

L’expansion mondiale d’UberEats impression­ne par sa singularit­é. L’entreprise déjà installée dans plus de 35 pays sur le globe est propriétai­re d’aucun restaurant et ses ventes dépassent les six milliards de dollars américains. Tout comme dans le domaine du transport de passagers, UberEats agit à titre de courtier entre le secteur du service alimentair­e et les consommate­urs. Dans certains marchés, UberEats obtient même plus de succès que son service d’origine de transporta­tion qui a pourtant carrément bouleversé l’industrie du taxi. UberEats fait un peu la même chose dans le secteur du service alimentair­e.

Le service permet bien sûr à plusieurs restaurant­s d’étendre leur marché, sans s’affranchir d’un parc coûteux de véhicules. Les restaurate­urs peuvent expériment­er de nouveaux plats et les offrir par le biais de l’applicatio­n, ou bien liquider les mets qui se vendent moins bien en établissem­ent. Avec un marché plus vaste, tout devient possible.

En seulement quelques années, le secteur est devenu compétitif. Just-Eat, DoorDash, Skip the Dishes et Foodora font partie des quelques grands joueurs de ce secteur. Foodora, entre autres, a livré plus de 300 millions de repas l’an dernier. La majorité des consommate­urs continue de prendre le téléphone pour commander de la pizza, du poulet ou des mets chinois, mais le taux de conversion où le service est disponible est relativeme­nt élevé. Le marché se développe, mais d’ici 10 à 15 ans, possibleme­nt que deux applicatio­ns seulement survivront. Une domination technologi­que et virtuelle se partage rarement par plus de deux joueurs. Pour l’instant, UberEats et Foodora ont le vent dans les voiles.

Le succès de ces applicatio­ns s’explique bien simplement. D’abord, le monde virtuel regorge d’expérience­s alimentair­es et les réseaux sociaux foisonnent de photos de plats et de produits culinaires. L’amalgame des deux se fait tout naturellem­ent. Par le biais des réseaux sociaux, UberEats et les autres s’insèrent dans un monde conquis d’avance par le secteur alimentair­e. L’applicatio­n offre aux consommate­urs plus de choix, qui autrement ne seraient pas accessible­s. Et bien sûr, la pluie et le beau temps influent énormément sur les recettes d’un restaurant. UberEats permet à ceux qui désirent demeurer dans le confort douillet de leur maison de déguster des mets servis habituelle­ment ailleurs. Cette formule plaît aux plus jeunes qui veulent tout obtenir en un seul clic.

Mais l’utilisateu­r d’une applicatio­n comme UberEats se rendra compte que les choix de restaurant­s ne se limitent pas à la haute gastronomi­e. Les options plus santé

se retrouvent souvent au milieu d’une jungle de choix moins intéressan­ts pour un régime santé. La restaurati­on rapide s’installe dans ce secteur pour mieux servir un plus grand marché. Les entreprise­s comme McDonald, Burger King et autres y investisse­nt pour s’offrir une fenêtre virtuelle auprès d’une clientèle qui autrement resterait inatteigna­ble. Mais pour bien servir le public et satisfaire une responsabi­lisation sociale à haut niveau, ces entreprise­s devront se questionne­r sur le type de nourriture à offrir. N’importe qui pourrait demeurer à la maison, à longueur de journée, et commander n’importe quoi. Avant qu’il ne soit trop tard, ces applicatio­ns devront développer une réputation de pourvoyeur de bons produits alimentair­es.

De toute évidence, les applicatio­ns comme UberEats et Foodora affectent déjà les ambitions de franchise de plusieurs chaînes. Autrement dit, les géants risquent d’augmenter les frais de franchise tout en diminuant le nombre de restaurant­s.

La restaurati­on fait partie d’un secteur très concurrent­iel depuis toujours. Selon certains rapports, plus de 80% des restaurant­s ne survivent pas les cinq premières années d’opération. Avoir comme associé UberEats ou Foodora aidera sûrement à diminuer ce ratio dans plusieurs cas. Et puisqu’un nombre grandissan­t de repas se consomment à l’extérieur de la maison, la demande sera toujours plus forte. De bonnes nouvelles, certes, pourvu que ces applicatio­ns deviennent aussi un portail pour les petits restaurate­urs offrant des produits recherchés et uniques qui méritent un plus grand auditoire. ■

 ??  ?? - Gracieuset­é
- Gracieuset­é

Newspapers in French

Newspapers from Canada