Acadie Nouvelle

La rhétorique de Trump incite des musulmans américains à se lancer en politique

Un peu partout aux États-Unis, des Américains de confession musulmane se lancent en politique dans une proportion jamais vue dans l’ère post11-Septembre, poussés à l’action par la rhétorique et les politiques islamophob­es du président Donald Trump, selon

- Philip Marcelo et Jeff Karoub Associated Press

Lorsque Tahirah Amatul-Wadud a entendu parler de la victoire d’Alexandria Ocasio-Cortez face au représenta­nt Joe Crowley à la primaire démocrate de l’État de New York le mois dernier, la candidate y a vu des parallèles avec sa propre campagne pour un siège au Congrès dans l’ouest du Massachuse­tts.

Alexandria Ocasio-Cortez, une jeune femme progressis­te née de parents portoricai­ns, inconnue du public et dotée de maigres moyens financiers, a damé le pion à un politicien expériment­é qui siégeait au Congrès depuis 30 ans.

Mme Amatul-Wadud, une avocate afroaméric­aine musulmane âgée de 44 ans, se porte candidate face à un influent membre de la Chambre des représenta­nts dans le cadre de la primaire démocrate au Massachuse­tts, qui aura lieu le 4 septembre. Elle est la seule rivale du représenta­nt Richard Neal pour ce scrutin.

Depuis la victoire d’Alexandria OcasioCort­ez, Tahirah Amatul-Wadud croule sous les encouragem­ents, les offres de bénévolat et les dons en argent. Elle croit de plus en plus à ses chances de l’emporter face à un politicien d’expérience.

Plusieurs Américains, à l’instar de Mme Amatul-Wadud, espèrent profiter de l’essor de l’activisme progressis­te au sein du Parti démocrate qui a permis à Mme Ocasio-Cortez de remporter une victoire improbable, et qui pourrait permettre aux démocrates d’obtenir la majorité dans les deux chambres du Congrès en novembre.

DES RÉACTIONS ISLAMOPHOB­ES

Pourtant, le chemin de la victoire peut être plus difficile pour un Américain musulman. Certaines campagnes prometteus­es ont déjà perdu des plumes, tandis que d’autres se heurtent à de fortes réactions islamophob­es.

Au Michigan, le candidat démocrate au poste de gouverneur Abdul El-Sayed continue de faire face aux allégation­s infondées d’un rival républicai­n, qui l’accuse d’entretenir des liens avec les Frères musulmans. Des politicien­s républicai­ns et démocrates ont dénoncé ces accusation­s, qu’ils assimilent à une «théorie du complot».

À Rochester, au Minnesota, l’aspirante mairesse Regina Mustafa a avisé les autorités d’au moins deux cas où des menaces antimusulm­anes ont été affichées sur ses comptes de médias sociaux.

En Arizona, la candidate au Sénat Deedra Abboud a reçu un torrent d’attaques islamophob­es sur Facebook en juillet, ce qui a poussé son rival, le républicai­n Jeff Flake, à se porter à sa défense sur Twitter.

Quelque 90 Américains musulmans se sont portés candidats à des postes nationaux ou étatiques dans la première phase des primaires en vue des élections de mimandat du mois de novembre, un nombre que les groupes musulmans considèren­t comme sans précédent, du moins depuis les attentats du 11 septembre 2001.

Mais les récentes primaires ont ramené ce nombre à environ 50, ce qui dépasse encore largement la douzaine de candidats musulmans recensés en 2016, selon Shaun Kennedy, cofondateu­r de Jetpac, un organisme à but non lucratif du Massachuse­tts qui aide à former des candidats musulmans.

Neuf candidats au Congrès sont toujours en lice, selon le décompte de Jetpac. Au moins 18 autres font campagne pour la législatur­e d’un État et 10 autres sont candidats pour d’importante­s fonctions étatiques ou locales, notamment pour des postes de gouverneur, de maire ou de conseiller municipal. D’autres candidats convoitent des postes plus modestes au sein de conseils d’aménagemen­t local et de commission­s scolaires, par exemple.

La prochaine période de primaires déterminan­tes aura lieu au mois d’août.

Au Michigan, au moins sept candidats musulmans figurent sur le bulletin de vote du 7 août, notamment Abdul El-Sayed, qui pourrait devenir le premier gouverneur musulman des États-Unis.

Au Minnesota, la décision de Keith Ellison, premier élu musulman du Congrès, de briguer le poste de procureur général de l’État a déclenché une frénésie politique pour le remplacer. Parmi les candidats à sa succession figurent deux musulmans: Ilhan Omar, le premier élu d’origine somalienne de la législatur­e de l’État, et Jamal Abdulahi, un militant lui aussi originaire de la Somalie. ■

«Je crois fermement que nous devons faire face à cette rhétorique», a expliqué Mme Abboud, qui a aussi vu des opposants organiser des manifestat­ions armées lors de ses événements de campagne. «Nous ne pouvons pas l’ignorer ou prétendre que c’est un élément marginal, nous devons laisser cet affreux visage se montrer au grand jour pour décider si ce visage nous ressemble.»

 ??  ?? Tahirah Amatul-Wadud, une avocate afro-américaine musulmane âgée de 44 ans, se porte candidate face à un influent membre de la Chambre des représenta­nts dans le cadre de la primaire démocrate au Massachuse­tts, qui aura lieu le 4 septembre. Associated Press: Charles Krupa
Tahirah Amatul-Wadud, une avocate afro-américaine musulmane âgée de 44 ans, se porte candidate face à un influent membre de la Chambre des représenta­nts dans le cadre de la primaire démocrate au Massachuse­tts, qui aura lieu le 4 septembre. Associated Press: Charles Krupa

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