Une stratégie «irresponsable», selon les environnementalistes
Gordon Edwards, du Regroupement canadien pour la surveillance du nucléaire, dénonce l’absence de plan concret pour l’entreposage des déchets de démantèlement, plus grands et plus complexes à traiter. «C’est toujours un problème non résolu pour l’humanité, on ne sait pas comment s’en débarrasser, lance-t-il. On les enterre simplement à un endroit en espérant que ça n’affectera pas les hommes et l’environnement. Ils essaient de convaincre le public que c’est parfaitement sécuritaire mais le risque existe.»
Le plan de déclassement actuel présume que les déchets seront transportés à 2500 km de la centrale de Point Lepreau, ce qui fait dire à Gordon Edwards qu’Énergie NB envisage de les expédier en Ontario.
La société Ontario Power Generation souhaite construire un abri souterrain pour les déchets nucléaires de faible et moyenne activité près de Kincardine, au bord du lac Huron. Cependant, le projet suscite une forte opposition des communautés avoisinantes et n’a pas encore reçu le feu vert de la ministre fédérale de l’Environnement
«Il n’y a aucune obligation, aucun contrat, ni aucune volonté de la part de l’Ontario de récupérer ces déchets, prévient Gordon Edwards. De plus le Québec a toujours opposé beaucoup de résistance au passage de déchets nucléaires sur son territoire.» Shawn-Patrick Stensil, spécialiste du nucléaire chez Greenpeace Canada, croit qu’Énergie NB aurait dû établir un plan avant même la réfection de la centrale.
«Pourquoi le gouvernement a-t-il le projet de construire un réacteur modulaire quand ils n’ont même pas de solution pour les déchets qui existent déjà? Je trouve ça déplorable et tout à fait irresponsable.»
Il appelle la société de la Couronne à établir différents scénarios et à consulter la population sur les options envisagées. «Énergie NB doit donner des garanties, des preuves qu’elle pourra gérer ces déchets de façon convenable et acceptable socialement», insiste-t-il.
Le Canada ne s’est jamais doté d’une politique de gestion des déchets radioactifs provenant du démantèlement des centrales, déplore M. Edwards. «Il n’y a pas de politique, pas de lignes directrices sur la procédure à suivre, le gouvernement fédéral refuse de prendre la responsabilité.»