EMPLOYÉS RECHERCHÉS
Travailleurs saisonniers mécontents, salariés à temps partiel qui peinent à boucler leurs fins de mois, entreprises qui ferment… De prime abord, la Péninsule acadienne ne brille pas par son dynamisme économique. En cherchant bien, on trouve pourtant des o
N’en déplaise aux mauvaises langues, il est possible d’être embauché dans le Nord-Est. Enseignement, santé, restauration, journalisme, mécanique… Les secteurs d’activité où il y a des possibilités sont variés.
Selon les dernières données du ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail, il y a présentement plus de 400 postes à pourvoir dans les régions de Caraquet, à Tracadie, à Shippagan et leurs environs.
Certains sont saisonniers ou à temps partiel. D’autres sont permanents et à temps plein. Pour les employeurs, les défis sont de taille.
Début juillet, l’avocate Mireille Saulnier, à Tracadie, s’est mise en quête d’un assistant administratif juridique. Pour cet emploi, une formation aux techniques de bureau et une expérience en droit immobilier étaient demandées.
«J’ai reçu plusieurs candidatures, mais les profils ne correspondaient pas à ce que je recherchais.»
Dans son domaine, l’avocate ne peut pas faire l’impasse sur les qualifications. Compte tenu du contexte, il lui fallait un nouveau collaborateur rapidement.
«J’ai finalement engagé quelqu’un avec qui j’avais déjà travaillé dans le passé. Ça vient de se conclure», révèle-t-elle.
Le monde juridique n’est pas le seul domaine où les embauches sont difficiles. Dans la restauration, le manque de main-d’oeuvre est criant. La gérante d’un restaurant du sud de la Péninsule en sait quelque chose.
«Je n’ai aucun problème pour vous parler, mais je ne veux pas que mon nom apparaisse dans votre journal. Dans le commerce, il faut faire attention à ce qu’on dit. Ça peut faire mal aux affaires. Je ne veux pas que mes paroles soient mal interprétées et que ça me nuise», prévient-elle d’emblée.
En ce moment, notre interlocutrice a besoin d’une personne pour s’occuper de l’entretien de son établissement. La situation devient urgente.
«En attendant, je suis obligée de le faire faire par un autre employé qui cumule les heures», explique-t-elle.
Elle propose de 35 à 40 heures par semaine, payées de 12$ à 13$; aucun diplôme n’est requis pour ce poste. On pourrait penser la tâche aisée pour elle. Il n’en est rien.
«J’ai diffusé mon annonce fin juin. Je cherche encore.»
Des candidats se sont présentés. Personne ne convenait.
«Il y en a un qui était sous contrôle judiciaire. Une femme me paraissait intéressante et motivée, mais elle n’avait pas de voiture. Avec les autres, j’ai tout de suite senti qu’ils ne feraient pas l’affaire. Et pourtant, ce n’est pas compliqué ce que je demande de faire. Je veux quand même que ce soit bien fait.»
D’expérience, la restauratrice sait qu’engager du personnel dans son milieu est périlleux. Les métiers de la restauration sont réputés, à juste titre, pour être stressants, exigeants et ingrats d’une certaine façon.
«On travaille sept jours sur sept, même les jours fériés. Les salaires ne sont pas les meilleurs. C’est dur d’avoir un bon employé et de le garder. Les gens font ça pendant un temps, puis passent à autre chose.»
En début d’année, elle recherchait un cuisinier. Faute de trouver son bonheur parmi les résidents de sa région, elle s’est tournée vers l’immigration. Son futur salarié est sur le point d’arriver.
Dans ces conditions, voir des travailleurs saisonniers défiler dans la rue et se plaindre de la réforme de l’assurance-emploi la frustre.
«Je reçois des personnes qui me disent clairement qu’elles cherchent juste à faire leurs heures pour toucher le chômage. Ça ne m’intéresse pas. Moi, ce qu’il me faut, c’est du personnel sur le long terme.»
«DES CADENCES DIFFICILES»
À Paquetville, Marie-Claude Thériault tient à faire la part des choses.
«Oui, il y en a qui profitent du système. Mais ils ne représentent qu’une minorité», assure-t-elle.
Pendant près de 10 ans, elle a été saisonnière à Shippagan.
«Ce sont des cadences difficiles. C’est dur physiquement et mentalement. J’avoue qu’au bout de plusieurs mois à ce rythme, j’avais besoin d’une pause pour me remettre d’aplomb. Puis, je repartais pour un autre cycle. À force, on s’habitue. Mais ça reste dur», témoigne-t-elle.
Depuis l’automne dernier, cette mère de famille est la gérante assistante du magasin Great Canadian Dollar Store situé sur la rue du Parc. Fin juin, elle a passé une annonce pour un poste de commis à temps partiel.
«Je m’attendais à connaître des difficultés de recrutement parce que ce n’était pas du temps plein.»
Quelques jours après, la commerçante est tombée sur la perle rare.
«Une personne de Tracadie qui travaillait déjà une trentaine d’heures par chez elle et qui voulait un revenu de complément. Je suis vraiment contente d’elle. Elle est sérieuse et compétente.»
Comme quoi, les aiguilles dans les bottes de foin finissent par se dénicher.