Acadie Nouvelle

MISSION PRESQUE IMPOSSIBLE

TROUVER UN LOGEMENT AVEC UN JEUNE ENFANT

- pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e Pascal Raiche-Nogue

Jessica Chamberlai­n nous accueille chez elle, lundi avant-midi. Tout près du comptoir de la cuisine, son bébé de trois mois à peine se trouve dans son siège dans le salon, sage comme une image.

«Il est tout le temps de même», dit-elle en lui jetant un coup d’oeil bienveilla­nt, un gros sourire au visage.

C’est dans ce modeste appartemen­t que cette étudiante en traduction à l’Université de Moncton, son conjoint et le petit Malik. Le couple y a emménagé l’année dernière. Ils ont aussi un chat qui ne semble pas trop inti- midé par la visite.

Leur logement n’est pas énorme, mais il est bien situé et plutôt abordable. Le hic, c’est qu’il se trouve dans un sous-sol. Doté de très petites fenêtres, il n’est pas très lumineux.

«On trouve qu’il n’y a pas assez de clarté pour le petit et on aimerait avoir des fenêtres», explique Jessica Chamberlai­n.

Elle raconte comment son petit bout de choux dort souvent très tard le matin. Elle se demande si c’est peut-être parce qu’il n’est pas exposé à beaucoup de lumière naturelle.

Et puis elle se sent elle-même un peu à l’étroit chez elle.

«Ce n’est pas vraiment plaisant dans un sous-sol pour moi non plus. Je suis en congé de maternité, j’aimerais avoir une cour. Vivre dans un duplex ou avoir un appartemen­t avec un balcon, n’importe quoi.»

CHERCHER LA PERLE RARE

En avril, peu après la naissance de leur bébé, elle et son conjoint se sont mis en quête d’un nouveau logement à louer. Ils ont cependant eu droit à de mauvaises surprises.

Il y a tout d’abord eu les petites annonces publicisan­t des logements pour adultes seulement. Et celles qui laissaient carrément entendre – pas toujours très subtilemen­t – que les enfants n’y sont pas les bienvenus.

«La plupart (des propriétai­res), je ne les appelle même pas parce que c’est écrit sur Kijiji qu’ils ne veulent pas d’enfants, où que les appartemen­ts sont pour des locataires “quiet” ou “mature”.»

Récemment, ils ont cru avoir trouvé la perle rare. En plein dans leur budget, un beau gros appartemen­t lumineux. Et surtout: pas de condition interdisan­t la présence d’enfants. La totale. Jessica Chamberlai­n a donc passé un coup de fil à la propriétai­re.

«Le petit faisait de petits babillages en arrière. Il ne braillait pas. Elle a dit “est-ce que c’est un enfant que j’entends en arrière?” Je lui ai répondu oui et je lui demandé si cela la dérangeait. Elle m’a dit “bien, est-ce que c’est le tien?” Je lui ai dit oui. Elle m’a répondu qu’ils ne prenaient pas d’enfants. C’était vraiment sec.»

Elle n’en revenait tout simplement pas et confie qu’elle était déçue de devoir faire une croix sur cet appartemen­t répondant à tous leurs critères.

Une autre fois, elle et son conjoint se sont pointés pour visiter un appartemen­t prometteur.

Le petit Malik était avec eux, tout emmitouflé dans son siège pour bébé. Ils ont été accueillis par une personne qui leur a dit que la propriétai­re n’était pas là, mais qu’elle allait les rappeler.

«Puis là, on n’a jamais eu de nouvelles. On lui a envoyé un message texte et elle ne nous a pas répondu. Je suis allée sur Kijiji et l’annonce était encore là. Ça fait que… c’est pourquoi? Est-ce que c’est parce qu’on a un petit?»

Elle comprend mal pourquoi des propriétai­res leur tournent le dos ainsi, alors que certains d’entre eux sont prêts à accueillir des étudiants qui sont pas mal plus bruyants que son bébé.

Elle confie aussi qu’elle a été surprise de constater qu’elle n’est vraiment pas la seule à encaisser de tels refus. Sur Facebook, elle a trouvé de nombreux témoignage­s qui ressemblai­ent à s’y méprendre à ce qu’elle vit en ce moment.

En attendant de trouver un logement où elle pourra s’établir avec toute sa petite famille (préférable­ment avec le chat aussi), elle poursuit sa recherche.

Elle demande si elle ne finira pas par jeter l’éponge et retourner vivre chez des proches dans le nord de la province, d’où elle est originaire, jusqu’à la fin de son congé de maternité.

«Au moins, on a un toit sur notre tête pour le moment», se console-t-elle.

«Je trouve ça dommage qu’ils ne veulent pas d’enfants dans les appartemen­ts. Je ne comprends pas ce qui est le point, vraiment.»

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Acadie Nouvelle: Pascal Raiche-Nogue Jessica Chamberlai­n en compagnie du petit Malik, dans le salon de l’appartemen­t.
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