Acadie Nouvelle

Une jeune femme est lynchée en Inde

Une femme soupçonnée de faire partie d'un réseau de ravisseurs d'enfants a été lynchée dans le centre de l'Inde, a indiqué lundi la police, quelques jours seulement après que le plus haut tribunal du pays eut demandé des mesures immédiates pour contrôler

- Aijaz Hussein Associated Press

Le gouverneme­nt indien a annoncé lundi qu'il mettait en place deux comités pour recommande­r des moyens appropriés pour faire face au fléau grandissan­t de la violence collective.

Au moins 14 personnes ont été arrêtées dans le district de Singrauli, dans l'État du Madhya Pradesh, à la suite de l'assassinat de la femme, qui avait environ 25 ans, a indiqué un haut responsabl­e de la police, Riyaz Iqbal.

M. Iqbal a déclaré que les habitants ont informé la police samedi que le corps d'une femme se trouvait dans une zone boisée. La police a récupéré le corps, qui portait plusieurs marques de blessures, a-t-il dit. Une enquête initiale a montré qu'elle avait été emmenée vendredi soir par une foule qui l'avait traînée jusqu'au centre communauta­ire du village en la violentant et en la frappant avec des bâtons.

M. Iqbal a expliqué que la femme avait été vue errante dans les villages voisins quelques jours plus tôt, au milieu de rumeurs folles selon lesquelles des membres des gangs de ravisseurs d'enfants étaient actifs dans la région.

Le policier a dit que la femme n'avait pas encore été identifiée. «Elle n'était pas en mesure de communique­r correcteme­nt avec la foule et, selon toute vraisembla­nce, elle semble avoir souffert d'un trouble mental», a-t-il dit.

L'Inde a une longue histoire de violence collective, mais ces dernières années, Internet et les téléphones intelligen­ts ont aidé à faire circuler des rumeurs mortelles jusque dans les endroits les plus reculés.

Au moins 25 personnes ont été lynchées et des douzaines d'autres blessées lors d'attaques de masse au cours des trois derniers mois, dans la foulée de rumeurs selon lesquelles les victimes faisaient partie de gangs d'enlèvement d'enfants. Les victimes étaient des étrangers, principale­ment ciblés parce qu'ils semblaient différents ou ne parlaient pas la langue locale.

Bien que les autorités indiennes aient déclaré qu'il n'y avait rien de vrai à ces rumeurs et que les victimes étaient innocentes, les attaques brutales, souvent capturées sur les téléphones portables et partagées sur les réseaux sociaux, se sont propagées dans tout le pays. En outre, au moins 20 personnes ont été lynchées et des douzaines d'autres blessées par des extrémiste­s hindous qui se disent «protecteur­s de la vache» et sont liés au parti Bhartiya Janta du premier ministre Narendra Modi depuis que le parti nationalis­te hindou a remporté les élections nationales en 2014.

La plupart des attaques perpétrées par les soi-disant «protecteur­s» ont visé des musulmans, qui représente­nt 14% des 1,3 milliard d'habitants de l'Inde. Les hindous représente­nt environ 80% de la population. Les vaches sont considérée­s comme sacrées par de nombreux hindous, et l'abattage des vaches ou la consommati­on de boeuf est illégale ou limitée dans la majeure partie du pays.

Les victimes ont été accusées de s'être adonnées à la contreband­e de vaches ou d'avoir consommé du boeuf. Les hindous des castes inférieure­s qui effectuent des tâches indésirabl­es, telles que dépouiller des bêtes mortes, ont également fait face à la violence des foules.

Vendredi, un musulman a été lynché dans l'ouest de l'Inde après avoir été accusé d'avoir trafiqué deux vaches.

Les groupes de défense des droits de la personne et les musulmans estiment que les représenta­nts du gouverneme­nt, y compris M. Modi, ont été lents à condamner les attaques et que les actions de la police contre les auteurs ont été insuffisan­tes.

Le gouverneme­nt indien a récemment accusé le service de messagerie WhatsApp, qui appartient à Facebook, d'alimenter les rumeurs mortelles. Le service a répondu jeudi dernier en annonçant des restrictio­ns sur le nombre de groupes auxquels un message peut être transmis. En Inde, la limite d'expédition est de cinq conversati­ons à la fois, tandis que pour les utilisateu­rs de WhatsApp en dehors de l'Inde, la limite d'expédition sera de 20. ■

 ??  ?? Un manifestat­ion récente contre le lynchage de l’activiste Swami Agnivesh, à Mumbai. – Associated Press: Rafiq Maqbool
Un manifestat­ion récente contre le lynchage de l’activiste Swami Agnivesh, à Mumbai. – Associated Press: Rafiq Maqbool

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