La rivière Restigouche a eu chaud en juillet
Le manque de pluie et les épisodes de chaleur intense qui frappent le Nouveau-Brunswick depuis quelques semaines ont bien failli provoquer la fermeture partielle de la pêche au saumon sur la rivière Restigouche.
Il a fait beau et chaud en juillet, c’est le moins que l’on puisse dire. Peut-être même un peu trop au goût de David LeBlanc, directeur du Conseil de gestion du bassin versant de la rivière Restigouche.
Le manque de précipitation a fait descendre le niveau de la Restigouche à un niveau presque record. Et plus l’eau est rare, plus elle est chaude, ce qui est loin d’être idéal pour les saumons. Ceux-ci se déplacent alors moins et se confinent dans des fosses plus profondes où l’eau est plus fraîche. Heureusement sur la Restigouche, on retrouve ce genre de refuges thermiques en bonne quantité.
«Lorsque l’on pêche dans des eaux aussi chaudes et qu’on remet le poisson à l’eau par la suite, les risques de mortalité sont plus importants. Il faut donc, autant que possible, éviter la pêche dans ces conditions», exprime M. LeBlanc.
Par exemple, il est fortement recommandé de fermer la pêche en fin de matinée si la température de l’eau atteint 23°C, tôt en journée. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit plus au sud.
En raison de la température élevée de l’eau, la pêche a été fermée quelques aprèsmidi (à compter de 11h) sur la rivière Miramichi. Sur la Restigouche, cette mesure extrême n’a pas été appliquée, mais elle a toutefois été sérieusement considérée.
«En fait, nous n’avons pas de protocole en place pour ce genre de situation de stress causé par la chaleur de l’eau puisque cela ne s’était pas produit depuis plusieurs années. Mais nous devrons nous pencher sur la question parce que de telles situations risquent d’être de plus en plus fréquentes», croit M. LeBlanc.
UN PARI PAYANT
L’équipe du CGBVRR s’est tout de même mise en alerte la semaine dernière et est passée à un cheveu d’adopter une mesure similaire à celle de Miramichi. En collaboration avec les agents du MPO, elle a décidé d’attendre avant de décréter la fermeture partielle en raison des prévisions météorologiques qui faisaient état de précipitations importantes.
Le pari s’est avéré payant. Depuis vendredi, les précipitations ont fait grimper les niveaux de certaines tributaires de 60 cm par endroits. Toute cette pluie a également contribué à refroidir les cours d’eau, dont le tronçon principal (Restigouche).
Certains camps de pêche avaient néanmoins décidé de leur propre chef de fermer plus tôt lors de la période de canicule par mesure préventive et aussi en raison du faible niveau de l’eau qui nuisait à l’accessibilité des canots. Puisque l’eau a grimpé et s’est refroidie, ces camps ont décidé de rouvrir leurs portes.
Tout n’est par contre pas réglé puisqu’on attend de nouveau des températures très chaudes au cours des prochains jours.
«Il va falloir suivre la situation de près. Habituellement, on fait face à des cours d’eau aussi bas en août et en septembre. Il fait un peu plus frais la nuit, ce qui au moins joue en faveur de la température de l’eau. Mais là, en pleine canicule de juillet, l’eau n’a pas pu se refroidir. Et les températures chaudes semblent vouloir perdurer», explique M. LeBlanc.
«Il va falloir développer un protocole pour clarifier nos décisions et nos interventions lorsque le seuil critique de température est atteint. C’est toute une logistique de rejoindre les pêcheurs sur les eaux de la Couronne, surtout qu’on est une rivière interprovinciale. Ce qu’il reste à déterminer également, ce sont les endroits où nous devons mettre les stations témoins pour la prise des températures», dit-il.
Si le faible niveau de la Restigouche ne semble pas avoir eu trop d’impacts négatifs pour les canots récréatifs à rame, la navigation de plaisance par l’entremise de canots à moteur en a pris pour son rhume, estime M. LeBlanc.
«Par endroits, c’était extrêmement difficile de passer pour les embarcations à moteur. Le trafic a donc été restreint, ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose puisqu’on se retrouvait dans un contexte où il était important de diminuer le stress pour les poissons», indique-t-il. ■