Acadie Nouvelle

Des résidents militent pour la conservati­on et la restaurati­on des ponts couverts

Si vous n’avez jamais échangé un baiser sous un pont couvert en bois, vous manquez quelque chose, estime Raymond Boucher.

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Ce résident de longue date du NouveauBru­nswick a des souvenirs vivaces de ses 19 ans, lorsqu'il marchait sous deux ponts couverts avec la femme qui allait devenir son épouse.

Ces deux ponts couverts et plusieurs autres ont maintenant disparu, a indiqué l'homme, âgé de 75 ans.

«En 1953, nous avions 340 ponts couverts dans la province, nous en avons maintenant 58», s'est-il désolé en entrevue téléphoniq­ue depuis Riverview.

«Nous en avons perdu six depuis 2004.»

Ces structures en bois, surnommées «ponts des baisers» en raison de la relative intimité qu'ils offrent aux passants, permettent de se reporter à une autre époque, a expliqué M. Boucher.

Raymond Boucher est le président de l'Associatio­n pour la conservati­on des ponts couverts du Nouveau-Brunswick, qui milite pour la restaurati­on et la préservati­on de ces ponts, qui sont très populaires auprès des touristes, selon le groupe.

Dimanche après-midi, des résidents se sont rassemblés au pont Starkey, près de la localité de Codys, et au pont McGuire, à Elmsdale ‒ tous deux fermés en raison des inondation­s ‒ afin de demander au gouverneme­nt de protéger les derniers ponts de ce genre.

Selon M. Boucher, seulement trois des 58 ponts couverts sont protégés en raison de leur valeur patrimonia­le, dont le pont de Hartland, le plus vieux et le plus long pont couvert toujours en place dans le monde.

Les autres risquent de se faire démolir et d'être remplacés par des structures en acier ou en béton, a-t-il soutenu.

«Nous sommes la seule province de l'Atlantique à avoir des ponts couverts sur son territoire», a souligné M. Boucher, mentionnan­t que le Québec et l'Ontario étaient les seules autres provinces du Canada avec des ponts couverts.

Cet enjeu tient à coeur à Jen DeLong, qui a fait deux heures de voiture pour se rendre au rassemblem­ent du pont Starkey qui, selon ses dires, a été construit par son arrièregra­nd-père, Dan Starkey, en 1912.

«Il avait de la famille ici et, pour faciliter le chemin d'une ferme à l'autre, le pont a été construit», a-t-elle expliqué.

Elle craint que le pont soit remplacé par une structure en acier.

«C'est l'héritage de notre famille et même des gens d'ici, ils voient ce pont depuis plusieurs années», a-t-elle plaidé.

La Presse canadienne n'a pu joindre le ministère des Transports et des Infrastruc­tures de la province, dimanche. En avril, le ministre Bill Fraser avait toutefois assuré au réseau anglais de Radio-Canada que le gouverneme­nt ne tentait pas de se débarrasse­r de ces ponts. Selon lui, la province veut simplement trouver des moyens pour mieux les protéger. - La Presse canadienne ■

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