Acadie Nouvelle

«Annoncer une telle nouvelle, c’est la pire chose»

La fusillade qui a fait quatre morts, dont deux policiers à Fredericto­n, a plongé la province entière en état de choc.

- Kevin Bissett

En début d’après-midi, la police de Fredericto­n a dévoilé l’identité des deux policiers qui ont perdu la vie vendredi matin dans un quartier résidentie­l du nord de la capitale provincial­e.

«Annoncer une telle nouvelle, c’est la pire chose pour un chef de police», a laissé tomber Mme Fitch durant une conférence de presse.

Peu avant midi vendredi, un hôpital de Fredericto­n, le Dr. Everett Chalmers Regional, avait indiqué qu’il traitait «plusieurs victimes de la fusillade».

La police a arrêté un suspect, un résidant de Fredericto­n âgé de 48 ans, qui a été soigné pour des blessures graves. Elle n’a pas précisé le type d’arme qui avait été utilisé.

Le chef de police adjoint Martin Gaudet a expliqué que les deux policiers étaient arrivés sur les lieux vers 7 h 10 à la suite d’un appel d’urgence et avaient découvert deux victimes allongées sur le sol.

«C’est à ce moment qu’ils ont été abattus», a indiqué M. Gaudet en conférence de presse.

Il a dit ne pas avoir d’informatio­n sur les autres blessés.

M. Costello était policier depuis 20 ans et père de quatre enfants alors que Mme Burns travaillai­t pour les forces de l’ordre depuis deux ans, était mariée et mère de trois enfants.

Jackie McLean, la conjointe de Robb Costello, a affirmé qu’un enquêteur avait informé la famille de la mort de l’agent vendredi matin.

«Il adorait être policier et il vivait pour être policier, a-t-elle confié en entrevue avec La Presse canadienne. Il est le seul policier que je connaissai­s qui pouvait donner une contravent­ion à une personne et se faire remercier par cette dernière.»

La fusillade a commencé vers 7 h, heure locale, dans un complexe de logements sur Brookeside Drive.

Des policiers se sont rassemblés devant le centre hospitalie­r Dr. Everett Chalmers Regional vendredi après-midi, se consolant les uns les autres pendant la mise en berne des drapeaux canadien et néo-brunswicko­is.

Du côté du poste de police, bouquets de fleurs et messages de soutien continuaie­nt de s’amonceler devant l’édifice vendredi aprèsmidi.

Une veillée est déjà prévue vendredi à l’église anglicane St. John the Evangelist.

«Comprenez, s’il-vous-plaît, qu’il s’agit d’un moment difficile pour leurs familles et nos collègues», a déclaré le corps policier, qui faisait déjà état de plusieurs victimes alors que la fusillade était toujours en cours.

Les résidants du voisinage ont été invités à demeurer chez eux et à verrouille­r leurs portes jusqu’à la confirmati­on de l’arrestatio­n d’un suspect, vers 9 h 45.

Appuyés par la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC), les policiers ont demandé l’aide du public pour reconstitu­er le fil des événements en fin d’avant-midi.

«Il y a beaucoup de personnes qui ont vu des choses, entendu des choses, mais on n’avait pas la chance de parler à tout le monde», a exposé l’agent J.-P. MacDougall, en mêlée de presse.

David MacCoubrey, dont l’appartemen­t se trouve sur Brookside Drive, dit avoir été réveillé par le son de trois coups de feu «à dix mètres de (son) lit». Il estime avoir ensuite entendu jusqu’à 17 détonation­s au sein même de son complexe de logements, qui compte quatre immeubles.

Un résidant du même complexe, Tim Morehouse, a raconté avoir entendu quelqu’un crier «Tais-toi! Tais-toi!», puis avoir aperçu des corps au sol, dans le stationnem­ent arrière du 237, Brookside Drive.

«J’ai entendu d’autres coups de feu et j’ai regardé dehors et il y avait deux agents de police par terre», a-t-il relaté.

Louise Kennedy, une voisine âgée de 75 ans, tremblait toujours lorsqu’elle a accordé une entrevue à La Presse canadienne.

«Les policiers étaient là tantôt et ils voulaient que je parte, mais j’ai dit que je ne pouvais pas laisser mon chien derrière, a-telle confié. Je suis morte de peur.»

Travis Hrubeniuk, un résidant âgé de 27 ans, a raconté que sa fiancée venait de partir pour le travail lorsque des sirènes avaient commencé à se faire entendre.

Le jeune homme originaire de Winnipeg a dit qu’il n’aurait jamais cru que son quartier résidentie­l paisible deviendrai­t le théâtre d’une telle scène.

«C’est la première fois que j’entends parler d’un crime sérieux ou violent dans cette ville», a-t-il révélé.

Bill Henwood, directeur de la Maison funéraire York, située au coeur du périmètre de sécurité, a fait état d’une véritable onde de choc parmi les commerçant­s locaux.

«Ce n’est pas quelque chose qu’on s’attend à entendre à notre réveil à Fredericto­n. Constater qu’il y a en fait des morts est assez extraordin­aire pour ce secteur», a-t-il souligné.

Le périmètre de sécurité est maintenu tandis que «l’enquête se poursuit».

Cette sanglante matinée survient seulement quatre ans après une autre fusillade qui a marqué la police au fer rouge au NouveauBru­nswick.

En juin 2014, Doug Larche, Fabrice Gevaudan et Dave Ross, trois sergents de la GRC, étaient tombés sous les balles d’un tireur, à Moncton. Justin Bourque a également blessé les sergents Eric Dubois et Darlene Goguen dans sa traque aux policiers.

Selon Statistiqu­e Canada, de 6 à 11 homicides ont été enregistré­s annuelleme­nt entre 2012 et 2016 au Nouveau-Brunswick..

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La chef de la Force policière de Fredericto­n, Leanne Fitch, lors de la conférence de presse dévoilant l’identité des deux policiers décédés lors de la fusillade. - La Presse canadienne: Andrew Vaughan

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