Acadie Nouvelle

Le doigt sur le piton!

- morinrossi­gnol@gmail.com Han, Madame?

Le Gallant premier ministre a dû faire appel à un revenant, Jean Chrétien, pour requinquer la campagne libérale à une semaine du vote. S’il faut que le conservate­ur Blaine Higgs fasse apparaître John Diefenbake­r pour donner du pep à la sienne, je fais dans mes hardes!

Jean Chrétien, fidèle à lui-même, a conclu son laïus électoral en lançant: «Soyez de bons chrétiens, votez pour Gallant!»

Ça m’a rappelé l’ancien temps, celui où les bons pasteurs, du haut de la chaire, «guidaient» les choix politiques de leurs brebis. Sortir une telle expression aujourd’hui, c’est d’un quétaine absolu. Mais ça montre aussi à quelle époque l’ancien premier ministre du Canada semble coincé.

J’espère que Brian Gallant ne l’a pas invité pour faire sortir le vote des jeunes!

Pendant ce temps, Blaine Higgs montait aux barricades pour défendre la survie des bons vieux ponts couverts. On aurait aimé qu’il en fasse autant pour défendre la survie des francophon­es, mais bon, il faut d’abord sauver les ponts!

Triste à dire, mais ces supplicati­ons «chrétienne­s» et ces ponts couverts nous renvoient à une époque révolue. On croirait que l’élection se passe en 1918!

De là à prédire un retour en force, cet hiver, des gros manteaux en poil de chat et des ceintures fléchées, il n’y a qu’un pas que je vous invite à franchir illico. En raquettes, de préférence. À moins que vous n’optiez pour le covoiturag­e en carriole pour vous rendre au boulot! C’est très écolo!

Certes, la province du Niou-Brunswick possède la population la plus vieille au Canada, et me semble qu’une enquête révélait, il y a quelques années, que c’était également la province la plus conservatr­ice sur le plan des valeurs sociales.

Mais est-ce une raison pour que les politicien­s en rajoutent, au lieu de tirer la population vers l’avenir?

Évidemment, il n’y a pas que les vieux partis politiques traditionn­els. Il y a aussi le Nouveau Parti démocratiq­ue et le Parti vert.

Ce sont des «petits» partis, mais on connaît l’adage: dans les petits pots, les meilleurs onguents! (Les méchantes langues rajoutent: «et dans les grands, les excellents!»)

Cela dit, même si les partis sont petits, leurs programmes n’en sont pas moins très généreux et véritablem­ent centrés sur le mieux-être des citoyens. Yéé.

Malheureus­ement, à cause de la modestie de leurs moyens, ils peinent à recruter des cohortes de candidats solides et ministrabl­es; ils ont de la difficulté à occuper le terrain médiatique et à faire le plein de votes aux urnes. Résultat: quelques rares députés à l’Assemblée législativ­e.

Mais imaginez le brouhaha si l’un de ces petits partis détenait la balance du pouvoir! Prévoir un méchant électrocho­c politique à Fredericto­n!

Ces partis parviennen­t quand même à embrigader des personnes très engagées dans leur communauté. Je pense spontanéme­nt à mon ami Jean-Marie Nadeau, candidat vert, mais pas vert en politique! Il répond toujours «présent» quand il est question d’améliorer le sort de ses concitoyen­s. Je vote pour lui in pectore!

À force d’être boudées par les citoyens, les formations politiques marginales ne peuvent compter que sur des candidats prêts à tout, y compris à perdre leur pari électoral, pour faire avancer leurs idées progressis­tes. On pense à d’autres candidats verts comme Kevin Arseneau, Nancy Benoît, Charles Thériault, pour n’en nommer que quelques-uns.

Parfois, devant l’Everest politique qui les attend, je me demande s’il ne serait pas préférable pour eux de militer carrément dans les formations politiques traditionn­elles, en les transforma­nt de l’intérieur, en les amenant à voir le bien-fondé de leurs idées et en se servant de ce tremplin pour les répandre. Simple question rhétorique.

Ce qui serait génial, bien sûr, ce serait une réforme du mode de scrutin assez souple (et démocratiq­ue!) pour favoriser l’entrée de candidats des tiers partis à l’Assemblée législativ­e.

Mais connaissan­t le degré d’avidité du pouvoir des partis traditionn­els, ce n’est pas demain la veille. De toute manière, quand les entend-on parler de démocratie? C’est un concept bon pour les z’intellos, alors que les vieux partis carburent à une vision comptable de la société. Pathétique.

Lundi soir prochain, vous aurez encore un premier ministre. Ce sera ou bien le rayonnant Brian Gallant, de style «vive les déficits, embrayons de l’avant nos gens!»; ou bedon le patibulair­e Blaine Higgs, de style «à bas les déficits, embrayons de l’arrière nos gens!»

Quoi qu’il en soit, vous en serez quitte pour un soir de récréation et quatre ans de récriminat­ions. Eh oui, c’est ça, la politique! Amusez-vous bien, électeurs lecteurs zé lectrices électrices!

Chez moi, en plein coeur de Montréal, on est aussi en campagne. Notre élection provincial­e a lieu le 1er octobre. Les gens semblent hésiter entre voter bonnet blanc ou blanc bonnet.

L’heure du choix approche. Très indécis, j’envisage de voter pour le «Parti nul». Oui, ce parti existe! Et il y a une candidate «nulle» dans mon comté! Incroyable!

Au moins, on sait d’emblée qu’elle est honnête!

Au Couibec, la situation linguistiq­ue est inversée par rapport à celle du NiouBrunsw­ick. Ici, ce sont les anglophone­s qui exigeaient un débat dans leur langue. Et ils l’ont obtenu, bien sûr.

C’est bizarre, mais je comprends bien les doléances de la communauté anglophone du Couibec justement parce que je connais bien les aspiration­s de la communauté francophon­e du Niou-Brunswick! Tout un karma!

Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est qu’une élection générale est un moment de vérité non seulement pour les formations politiques et les candidats, mais également pour le citoyen.

C’est le moment où l’on peut le plus intimement mettre son doigt sur le piton collectif qui allumera la lumière, ou nous plongera dans le noir pour quatre ans. On a beau exiger des politicien­s qu’ils assument leurs responsabi­lités, mais, nous, les citoyens, devons aussi assumer les nôtres.

Alors, LUNDI: ON PÈSE SUR LE PITON!

Car comme le dit un personnage du magnifique roman satirique Archaos ou le jardin étincelant de Christiane Rochefort: «Le Pouvoir n’a de réalité que le crédit qu’on lui fait.»

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