«Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de me cacher»
Les dirigeants de Cannabis NB s’attendaient à voir leurs 20 magasins assaillis dès les premiers jours suivant la légalisation. Ils ne s’étaient pas trompés.
Certains se sont présentés tôt, mercredi matin, sur la rue Main, à Moncton, pour être les premiers à faire leurs emplettes dans les succursales qui ouvraient sur le coup de 10h.
Dave et Robin Buote ont fait la queue afin de se procurer du cannabis légalement. Ils n’auraient manqué pour rien au monde cette journée qu’ils qualifient d’«historique», alors que le Canada devient l’un des rares pays du monde à légaliser la marijuana à des fins récréatives.
«Je voulais soutenir le mouvement, soutenir l’industrie, explique Dave. C’est un jour spécial. J’ai investi dans plusieurs producteurs autorisés, et je suis ça de près.»
Son père Robin a milité pendant près de 50 ans en faveur de la légalisation. Il affirme avoir été arrêté en Ontario pour avoir consommé la substance.
«J’ai été menotté et plaqué contre une voiture de police, raconte-t-il. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de me cacher, il n’y a plus de peur. Je pense que c’est un changement positif.»
Xavier Lord-Giroux, de Dieppe, est lui venu par curiosité.
«On en a beaucoup parlé ces derniers jours, alors je voulais voir à quoi ça ressemble à l’intérieur, je ne m’attendais pas à voir une telle file! Je vais m’informer et peut-être que je vais m’en procurer. Ça m’intéresse qu’il y ait beaucoup de produits néo-brunswickois.»
Consommateur occasionnel, il n’avait jamais acheté de cannabis par lui-même.
«Je ne suis pas un grand connaisseur. C’étaient toujours des amis qui l’achetaient pour moi, lors des soirées. Ça va être une première!»
Quelques minutes plus tard, James sort de la boutique tout sourire, un sac de papier blanc entre les mains. Il se dit soulagé de ne pas avoir eu à se procurer l’herbe sur le marché noir.
«C’est moins de stress, tu n’as pas besoin de monter dans la voiture d’un gars que tu ne connais pas avec la peur de voir la police arriver...»
Satisfait du service à la clientèle, il a bien l’intention de continuer à s’approvisionner dans une boutique plutôt qu’en ligne.
«Je préfère voir ce que j’achète et discuter avec quelqu’un, un peu comme quand je me magasine un pantalon!»
«UN SUCCÈS» POUR CANNABIS NB
La vente en ligne a aussi connu un départ canon dès les petites heures du matin. Près d’un million de pages ont été visitées sur le site internet de Cannabis NB, une journée seulement après sa mise en ligne.
Selon Mark Barbour, porte-parole de la Société de la Couronne, 209 ventes en ligne ont été enregistrées dans les cinquante minutes suivant l’ouverture de la boutique en ligne, à minuit.
«L’équipe est aussi fébrile que les clients. À voir les files dehors, je serais prêt à dire que c’est une bonne journée et un bon succès jusqu’à présent», se félicite Mark Barbour.
Le chiffre d’affaires réalisé lors de la première journée ne sera pas connu tout de suite, ajoute-t-il. «Ça va prendre une journée pour analyser les ventes et vérifier que le système fonctionne. Il va falloir attendre un peu.»
Cannabis NB prévoit des ventes de 45 millions $ d’ici le 30 mars. La société de la Couronne ne s’attend pas à réaliser de bénéfices au terme de l’exercice financier, notamment en raison du report de la date de la légalisation et des investissements importants réalisés. ■