ARSENEAU DÉFIE LES CONVENTIONS
Un député du Parti vert a défié les conventions lors de l’assermentation des nouveaux élus, vendredi, à l’Assemblée législative.
Les quarante-neuf hommes et femmes qui ont été élus le 24 septembre étaient réunis à Fredericton pour prêter serment d’allégeance à la reine en compagnie de la lieutenante-gouverneure et ainsi entamer officiellement leur fonction.
Le député vert de Kent-Nord, Kevin Arseneau, en a cependant surpris plus d’un lors de son serment à Élizabeth II en y ajoutant un passage sur l’importance des Premières Nations.
M. Arseneau a dévié du texte original pour rappeler que le Nouveau-Brunswick est en partie un territoire wolastoqiyik et mi’kmaq «non cédé».
Il a par la suite prêté serment à la reine, mais aussi à «tous les peuples qui composent le Nouveau-Brunswick».
«Je crois que c’est du jamais vu au NouveauBrunswick à ma connaissance», a-t-il commenté après la cérémonie au sujet de son serment modifié.
Kevin Arseneau a indiqué avoir pris seul la décision de changer le serment sans en parler avant avec son parti ou avec les responsables de l’Assemblée législative.
«Dans un contexte de serment comme celui-là, c’était vraiment important pour moi de reconnaître que nous sommes sur des terres non cédées», a dit le nouveau député.
«Je pense que c’est une première étape vers une véritable réconciliation.»
M. Arseneau a aussi prononcé l’entièreté du serment original qui prévoit «fidélité» et «allégeance à Sa Majesté la reine Élizabeth II».
«Je ne m’en cache pas, mais j’ai fait ça en me tordant la langue un peu», a-t-il admis.
«J’ai toujours eu un problème avec le système de la monarchie. J’ai toujours remis en question le sens qu’à cause de son sang quelqu’un serait meilleur qu’un autre.»
Seul Kevin Arseneau a dévié du texte original. Sa démarche n’a toutefois pas choqué outre mesure les 48 autres députés.
«Je trouve ça très bien, a commenté la députée libérale de Caraquet, Isabelle Thériault. Je pense qu’il faut travailler davantage avec les Premières Nations et il faut les reconnaître.»
Le progressiste-conservateur Ted Flemming a déclaré que ce n’était «certainement pas» à lui de «dire quoi faire» aux autres députés.
«Je considère que ces mots (du serment) sont historiques. Il y a un précédent. J’ai choisi de ne pas faire de modification personnelle et je suis maintenant assermenté et (il, Kevin Arseneau) l’est lui aussi.»
Selon le chef de l’Alliance des gens, Kris Austin, «quand tu commences à improviser, ça enlève un peu à la tradition».
«Je pense qu’il y a un script pour une raison. En même temps (Kevin Arseneau) peut faire ce qu’il veut.»
Le serment d’allégeance à la reine que prêtent les députés du Nouveau-Brunswick fait partie de la constitution canadienne et est inscrit dans l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867.
Le greffier de l’Assemblée législative, Don Forestell, n’a pas souhaité discuter du serment d’un député en particulier. Il a cependant confirmé au journal que tous les députés ont prêté un serment valide et qu’ils pouvaient dorénavant
tous «prendre la place qui leur revient de droit dans la Chambre».
Il existe d’ailleurs de nombreux précédents de serment d’allégeance modifié ailleurs au pays, notamment au Québec où la monarchie déplait royalement aux députés souverainistes.
Selon le journal Le Devoir, le premier ministre sortant et député Bernard Landry du Parti québécois avait prêté serment à la reine en 2003 «tant que durera le présent ordre constitutionnel et en espérant que la démocratie change un jour». ■