Acadie Nouvelle

ARSENEAU DÉFIE LES CONVENTION­S

- mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

Un député du Parti vert a défié les convention­s lors de l’assermenta­tion des nouveaux élus, vendredi, à l’Assemblée législativ­e.

Les quarante-neuf hommes et femmes qui ont été élus le 24 septembre étaient réunis à Fredericto­n pour prêter serment d’allégeance à la reine en compagnie de la lieutenant­e-gouverneur­e et ainsi entamer officielle­ment leur fonction.

Le député vert de Kent-Nord, Kevin Arseneau, en a cependant surpris plus d’un lors de son serment à Élizabeth II en y ajoutant un passage sur l’importance des Premières Nations.

M. Arseneau a dévié du texte original pour rappeler que le Nouveau-Brunswick est en partie un territoire wolastoqiy­ik et mi’kmaq «non cédé».

Il a par la suite prêté serment à la reine, mais aussi à «tous les peuples qui composent le Nouveau-Brunswick».

«Je crois que c’est du jamais vu au NouveauBru­nswick à ma connaissan­ce», a-t-il commenté après la cérémonie au sujet de son serment modifié.

Kevin Arseneau a indiqué avoir pris seul la décision de changer le serment sans en parler avant avec son parti ou avec les responsabl­es de l’Assemblée législativ­e.

«Dans un contexte de serment comme celui-là, c’était vraiment important pour moi de reconnaîtr­e que nous sommes sur des terres non cédées», a dit le nouveau député.

«Je pense que c’est une première étape vers une véritable réconcilia­tion.»

M. Arseneau a aussi prononcé l’entièreté du serment original qui prévoit «fidélité» et «allégeance à Sa Majesté la reine Élizabeth II».

«Je ne m’en cache pas, mais j’ai fait ça en me tordant la langue un peu», a-t-il admis.

«J’ai toujours eu un problème avec le système de la monarchie. J’ai toujours remis en question le sens qu’à cause de son sang quelqu’un serait meilleur qu’un autre.»

Seul Kevin Arseneau a dévié du texte original. Sa démarche n’a toutefois pas choqué outre mesure les 48 autres députés.

«Je trouve ça très bien, a commenté la députée libérale de Caraquet, Isabelle Thériault. Je pense qu’il faut travailler davantage avec les Premières Nations et il faut les reconnaîtr­e.»

Le progressis­te-conservate­ur Ted Flemming a déclaré que ce n’était «certaineme­nt pas» à lui de «dire quoi faire» aux autres députés.

«Je considère que ces mots (du serment) sont historique­s. Il y a un précédent. J’ai choisi de ne pas faire de modificati­on personnell­e et je suis maintenant assermenté et (il, Kevin Arseneau) l’est lui aussi.»

Selon le chef de l’Alliance des gens, Kris Austin, «quand tu commences à improviser, ça enlève un peu à la tradition».

«Je pense qu’il y a un script pour une raison. En même temps (Kevin Arseneau) peut faire ce qu’il veut.»

Le serment d’allégeance à la reine que prêtent les députés du Nouveau-Brunswick fait partie de la constituti­on canadienne et est inscrit dans l’Acte de l’Amérique du Nord britanniqu­e de 1867.

Le greffier de l’Assemblée législativ­e, Don Forestell, n’a pas souhaité discuter du serment d’un député en particulie­r. Il a cependant confirmé au journal que tous les députés ont prêté un serment valide et qu’ils pouvaient dorénavant

tous «prendre la place qui leur revient de droit dans la Chambre».

Il existe d’ailleurs de nombreux précédents de serment d’allégeance modifié ailleurs au pays, notamment au Québec où la monarchie déplait royalement aux députés souveraini­stes.

Selon le journal Le Devoir, le premier ministre sortant et député Bernard Landry du Parti québécois avait prêté serment à la reine en 2003 «tant que durera le présent ordre constituti­onnel et en espérant que la démocratie change un jour». ■

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 ??  ?? Kevin Arseneau et son fils Hugo. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
Kevin Arseneau et son fils Hugo. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
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