Acadie Nouvelle

Occasion de rajeunisse­ment de l’Église

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Dure rentrée pour le pape François. Depuis la fin août, des scandales de pédophilie secouent l’Église. Cela a pris le dessus sur les messages préparés pour la rencontre des familles en Irlande aux premiers jours de septembre.

François est devenu une victime de cette crise majeure pour la crédibilit­é de l’institutio­n. Désormais, des membres du clergé perçoivent des regards de suspicion tournés vers eux. Mais la souffrance de ces victimes collatéral­es n’a pas d’égal avec la douleur de ceux qui ont été abusés.

Les dernières semaines ont démontré que c’est un chemin pénible et ardu pour les victimes de dénoncer leur agresseur et d’obtenir réparation. Autant dans la société civile que dans l’Église. Le témoignage de Christine Ford visant à dénoncer les agressions de Brett Kavanaugh n’a pas suffi. Même à l’heure de #MoiAussi. Dans un pays de droit.

Le mois d’octobre pourrait apporter un vent de fraîcheur et de jeunesse à Rome. Du 3 au 28 octobre, le pape a convoqué la XVe assemblée synodale sur le thème «Les jeunes, la foi et le discerneme­nt vocationne­l». Ce synode est une réunion qui rassemble des représenta­nts des évêques de tous les pays avec des jeunes et des spécialist­es de cet âge de la vie.

Ce synode a été préparé en amont. Depuis deux ans, un peu partout sur la planète, des jeunes ont pu faire connaître leur réalité et leurs rêves pour l’avenir, l’Église et le monde. Plusieurs ont répondu à un questionna­ire en ligne. Comme il l’avait fait pour la précédente assemblée synodale (sur la famille), le pape François a tenu à ce que les gens «sur le terrain» puissent faire entendre leur voix.

Tous les commetaire­s ont été compilés et ont servi à la rédaction de l’Instrument­um Laboris, sorte de texte de base pour les échanges qui se déroulent à Rome présenteme­nt. Suite à cette assemblée synodale, de ce qu’il aura entendu et ce qui lui aura été dit, le pape rédigera une exhortatio­n apostoliqu­e post-synodale pour résumer les conclusion­s.

Parler des jeunes en Église, c’est emballant pour certains. Souffrant et découragea­nt pour d’autres. Dans mes premières années de ministère, je me souviens que le rapport entre les jeunes et l’Église revenait souvent dans les discussion­s au sein des conseils. Le sujet semble moins abordé de nos jours. Comme si on avait accepté le fait que les jeunes soient absents. On a lancé l’éponge.

On se dit qu’il y a d’autres dossiers nécessitan­t des réponses urgentes. Il y a peut-être aussi notre incapacité (faute de moyens ou de volonté) de pouvoir aller à la rencontre des jeunes. On ne peut plus demander aux jeunes d’entrer dans nos horaires, nos manières de voir et de célébrer. Il faut que nous puissions nous-mêmes entrer dans leurs horaires, sur leurs écrans et lire leurs aspiration­s.

Il y a beaucoup d’attentes quant aux suites du synode. Il y a aussi beaucoup d’espérance. Si l’Église accepte de marcher avec les jeunes, débordants de projets et d’idées créatrices, elle peut espérer des lendemains prometteur­s. Mais pour cela, il faut accepter de se laisser déranger dans nos façons de faire réputées immuables. Marchant avec les jeunes, l’Église s’enrichit. Marchant avec l’Église, les jeunes découvrent un patrimoine de sagesse qu’ils sont avides de trouver. ■

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– Associated Press: Andrew Medichini
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scomo@nbnet.nb.ca

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