Acadie Nouvelle

Le gouverneme­nt fédéral garde secrètes ses consultati­ons contre le racisme

-

Le gouverneme­nt fédéral consulte des spécialist­es, des «dirigeants» et des membres des collectivi­tés en vue de l’élaboratio­n d’une nouvelle stratégie nationale de lutte contre le racisme, mais cette série de rencontres est tenue secrète dans le but d’éviter que la démarche ne se transforme en affronteme­nts publics. Quatre réunions ont déjà eu lieu dans le sud de l’Ontario et 19 autres sont prévues dans tout le pays d’ici la fin de l’année. Toutefois, le gouverneme­nt refuse de révéler qui a assisté aux réunions, qui participer­a aux prochaines réunions et même où auront lieu ces réunions. Le tout se fait uniquement sur invitation.

Il y a encore des communauté­s canadienne­s où des gens sont victimes de racisme systémique, d’oppression et de discrimina­tion, a déclaré vendredi le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez. Le ministre n’a pas cependant pas expliqué clairement pourquoi il avait affirmé au journal The Globe and Mail, plus tôt cette semaine, que le racisme systémique ne faisait «pas partie de son vocabulair­e» et que le Canada n’était pas une société raciste.

La députée néo-démocrate Jenny Kwan a demandé à Pablo Rodriguez à plusieurs reprises cette semaine à la Chambre des communes de s’expliquer et de présenter ses excuses pour ce commentair­e. En guise de réponse, le ministre a admis que le racisme existe bel et bien au Canada. Les consultati­ons sur le racisme font suite à un rapport du comité des communes sur les formes de racisme et de discrimina­tion religieuse­s systémique­s qui a recommandé, l’hiver dernier, de mettre au point un plan national comportant des objectifs mesurables.

Le gouverneme­nt a discrèteme­nt publié des informatio­ns en ligne sur le début des consultati­ons, le 15 octobre. Un sondage à l’intention du public a aussi été publié en ligne. Les questions portent sur des expérience­s personnell­es en matière de racisme et sur l’existence de discrimina­tion dans le système de justice, dans la sélection de jurés ou dans la planificat­ion des jours fériés par les employeurs.

Mais aucune informatio­n n’est disponible concernant les consultati­ons au-delà du fait qu’elles font appel à «des membres des collectivi­tés, des dirigeants, des spécialist­es (particuliè­rement ceux qui ont vécu des expérience­s), des universita­ires et des intervenan­ts partout au Canada». «Ces réunions ne seront pas ouvertes au public afin que les participan­ts puissent avoir des conversati­ons sérieuses en toute sécurité qui, dans bien des cas, rappellero­nt des souvenirs douloureux», peut-on lire sur le site web du ministère du Patrimoine. Le NPD déplore que le processus soit tellement secret que plusieurs groupes qui voudraient participer ne savent même pas que les consultati­ons ont commencé. En février dernier, une assemblée publique sur le racisme organisée à Toronto par plusieurs députés libéraux et membres de l’Assemblée législativ­e ontarienne s’est terminée par un appel à la police. Selon le député libéral Nathaniel ErskineSmi­th, ce sont quelques suprémacis­tes blancs, déterminés à faire taire les orateurs en réclamant à hauts cris une définition de l’islamophob­ie, qui ont fait dérailler l’événement.

«C’était un rappel troublant du travail qu’il reste à faire au nom de l’égalité que des gens soient si disposés à afficher leur haine en public», a commenté M. Erskine-Smith en chambre cette semaine. - La Presse canadienne

Newspapers in French

Newspapers from Canada