Acadie Nouvelle

Les contestati­ons judiciaire­s liées au cannabis pourraient engorger le système

- Michael MacDonald

La décision du Canada de légaliser le cannabis va créer un important retard dans les tribunaux, car toutes les personnes inculpées de conduite avec les facultés affaiblies par la drogue vont certaineme­nt lancer une série de contestati­ons judiciaire­s, prévoit un avocat spécialisé dans ce genre de dossiers.

Tom Singleton, qui pratique le droit criminel depuis 25 ans à Halifax, explique que le problème réside dans les tests actuelleme­nt utilisés par les policiers pour évaluer l’intoxicati­on des conducteur­s. Des méthodes considérée­s trop subjective­s et imprécises.

Les nouvelles analyses de salive effectuées en bordure de route, mises en place par le gouverneme­nt fédéral en août, ne seraient pas vraiment meilleures d’après Me Singleton.

En entrevue vendredi, l’avocat criminalis­te estime que le gouverneme­nt s’appuie sur des voeux pieux en misant sur ce genre de tests.

Selon lui, les affaires liées à la drogue vont encombrer le système judiciaire en raison du temps requis pour les traiter exactement comme ce fut le cas lors de l’introducti­on des alcootests en bordure de route, il y a plus de 40 ans.

Tom Singleton est convaincu qu’il faudra des décennies aux tribunaux avant qu’ils ne jugent ces tests fiables.

Dans le système actuel, lorsqu’un policier soupçonne un conducteur d’avoir les facultés affaiblies par l’alcool ou la drogue, il peut effectuer une série de tests de sobriété, comme l’examen des yeux du conducteur, l’observatio­n de sa démarche et de son habileté à se retourner ou à se tenir sur une seule jambe.

«Beaucoup de ces choses finissent par être très subjective­s», plaide Me Singleton.

Si l’agent croit qu’il y a assez d’indices pour justifier un dépistage, un agent qualifié est alors appelé à procéder à une évaluation plus élaborée qui compte 12 étapes. Il peut notamment exiger un échantillo­n de sang, de salive ou d’urine.

«Le problème, c’est que des traces de la drogue (cannabis) peuvent rester présentes dans le corps jusqu’à une semaine après qu’une personne en eut consommé», a déclaré Singleton.

«En quoi cela est-il pertinent pour déterminer si la capacité de conduire d’une personne est affaiblie par une drogue? Le simple fait de détecter un niveau de cannabis dans le corps de quelqu’un ne peut pas être rationnell­ement lié à une incapacité de conduire. Il faut beaucoup plus.»

De plus, ceux qui consomment régulièrem­ent du cannabis développer­aient une tolérance à la drogue, ce qui signifie qu’il serait encore plus difficile de mesurer leur incapacité à conduire.

Le criminalis­te soutient que des études menées aux États-Unis ont révélé que les tests de dépistage des experts en reconnaiss­ance de drogues (ERD) étaient inexacts environ 17% du temps.

Selon une enquête menée par Statistiqu­e Canada en 2015, 12% des Canadiens de plus de 15 ans avaient consommé du cannabis au cours de l’année précédente. Un autre sondage mené plus tôt cette année par l’Associatio­n canadienne des automobili­stes (CAA) indique que la moitié des consommate­urs de cannabis affirme avoir conduit sous l’effet de la drogue. ■

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Ceux qui consomment régulièrem­ent du cannabis développer­aient une tolérance à la drogue, ce qui signifie qu’il serait encore plus difficile de mesurer leur incapacité à conduire. - La Presse canadienne: Jonathan Hayward

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