L’histoire de l’art contemporain en Acadie revisitée par 13 créateurs
Treize artistes dans 13 lieux de la ville de Moncton proposent de réinterpréter de façon dynamique par la création un pan marquant de l’histoire de l’art contemporain en Acadie. Les commissaires Michelle Drapeau et Élise Anne LaPlante lancent les préliminaires au vaste parcours d’art public, Images Rémanentes.
D’ici à dimanche, la Galerie Sans Nom, l’Atelier Imago et la Galerie d’art Louiseet-Reuben-Cohen offrent un avant-goût du parcours d’art public Images Rémanentes qui sera dévoilé dans son entièreté le 19 décembre. Le festival d’interventions artistiques et de rencontre Images préliminaires qui se déroule cette fin de semaine propose un menu varié de performances, de tables rondes et de rencontres afin de lancer le projet. Quelques oeuvres du parcours sont déjà complétées et installées dans leur lieu d’exposition. C’est le cas de la sculpture de Jacinthe Loranger dans le Parc du Sommet, inspirée du collectif d’artistes Taupe, de la murale et oeuvre interactive de Marjolaine Bourgeois inspirée de la célèbre exposition des Miroirs (1976) à la Faculté des arts et des sciences sociales de l’Université de Moncton, ainsi que de la série de sérigraphies d’Alisa Arsenault sur l’amitié entre les peintres Yvon Gallant et Nancy Morin.
Pour réaliser ce parcours artistique hors des murs des galeries qui sillonnera la ville de Moncton, les commissaires ont invité des artistes contemporains à créer de nouvelles oeuvres en posant leur regard sur l’histoire de l’art en Acadie à partir des années 1960.
«Au début, on a fait une recherche pour soulever quelques moments marquants de l’histoire de l’Acadie, mais aussi quelques moments qui étaient peut-être moins connus et que l’on considérait comme importants. On les a proposés aux artistes et ceux-ci ont répondu avec des propositions de projets et 13 projets ont été retenus. Ils réinterprètent des sujets tout en respectant leur pratique. À la fois, on fait un retour sur l’histoire de l’art en Acadie, mais on voit aussi ce qui se fait actuellement dans le milieu des arts visuels», a expliqué Élise Anne LaPlante.
Des projets abordent des thématiques comme l’art et la littérature, l’art et l’architecture, tandis que d’autres portent sur des expositions ou encore sur la pratique de certains artistes.
À LA RENCONTRE DES ARTISTES
Depuis sept ans, Alisa Arsenault occupe l’atelier qui autrefois était partagé par les artistes-peintres Nancy Morin et Yvon Gallant. Elle a eu envie de créer une installation qui explore leur amitié et leur pratique artistique. Ce sont deux artistes qui sont ancrés dans la ville de Moncton, précise la créatrice.
«Yvon et Nancy étaient parmi les premiers qui ont occupé cet atelier. C’étaient deux amis inséparables. Le travail de l’un influençait le travail de l’autre. Ils habitaient dans le même immeuble sur la Rue Robinson et ils marchaient ensemble», a raconté Alisa Arsenault.
Aujourd’hui Yvon Gallant est toujours très actif dans sa pratique artistique, tandis que Nancy Morin a quitté le monde des arts visuels pour être moine bouddhiste. Les sérigraphies sur plexiglas d’Alisa Arsenault retracent les pas que les deux amis parcouraient chaque jour entre la rue Robinson et le Centre culturel Aberdeen. Les parcours sont tracés avec des textes tirés d’extraits d’entrevues, tout en abordant les thématiques de leurs oeuvres. Sept panneaux de plexiglas composent son installation qui est en montre au troisième étage du Centre culturel Aberdeen, tout près de son atelier. Une pierre sera également gravée dans la ruelle Robinson.
«Un projet d’art public comme celui-ci permet aux gens de la communauté de voir de l’art contemporain ailleurs que dans une galerie. J’espère que ça va briser les barrières et que ça va donner plus d’ouverture dans la ville envers les arts contemporains et leur donner envie d’aller en voir dans les galeries», a-t-elle soulevé.
Ce parcours diffère des sculptures extérieures traditionnellement associées à l’art public, mentionnent les commissaires. Des oeuvres seront exposées dans certains lieux inhabituels pour les arts visuels comme dans une clinique d’obstétrique et à l’hôpital. Les médiums sont très variés, allant de la gravure aux installations en passant par la performance et l’audiovisuel. Jared Betts, Mario Doucette, Mathieu Boucher Côté, Émilie Grace Lavoie, Dominik Robichaud, Marika DroletFerguson et Luc A. Charette figurent parmi les artistes qui participent au projet Images Rémanentes. En fin de semaine, Mathieu Léger et Maryse Arseneault proposent des performances qui donnent un avant-goût de leur projet, tandis que JeanDenis Boudreau convie les festivaliers à l’École d’art public dans un local situé tout près du Centre Aberdeen, pour un forum de discussion sur l’art public et une performance qui s’étendra sur trois jours. ■