ENCORE DES DISCUSSIONS DIFFICILES
Tout comme leurs confrères canadiens, les pêcheurs américains doivent s’engager dans des discussions difficiles sur leurs pratiques en raison du décès de 18 baleines noires, l’an dernier.
D’ici 2020, tous les vendeurs de fruits de mer devront se soumettre aux normes américaines de protection des mammifères marins – le Marine Mammal Protection Act – afin d’exporter leurs produits aux États-Unis.
Au Canada, cela implique l’élaboration de nouvelles politiques et de règlements de pêche afin de protéger et de promouvoir le rétablissement de la population des baleines noires de l’Atlantique Nord.
Les représentants de pêcheurs du NouveauBrunswick, dont l’Union des pêcheurs des Maritimes et la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, veulent s’assurer d’avoir leur mot à dire dans les changements à venir.
Ils veulent éviter que se répète le scénario du printemps, quand ils ont eu l’impression que le gouvernement leur a fait la sourde oreille en imposant d’importantes fermetures de zones de pêche.
Aux États-Unis, l’industrie entretient de bonnes relations avec les fonctionnaires qui gèrent la pêche, assure la directrice générale d’une association de homardiers du Massachusetts. Cela n’est cependant pas toujours suffisant pour éviter qu’on leur impose des règles avec lesquels ils ne sont pas d’accord.
«Les gérants de la pêche écoutent l’industrie, mais la loi est tellement restrictive qu’ils doivent prendre des mesures ayant des impacts mesurables», explique Beth Casoni, directrice générale du Massachusetts Lobstermen’s Association.
Les responsables américains observent les taux de «retrait biologique potentiel» (RBP) de la baleine noire. Cette donnée ne mesure pas uniquement les décès du mammifère marin, mais toute interaction avec l’activité humaine qui pourrait mener à une baisse de sa population.
«On parle souvent de l’idée que si une baleine entre en contact avec une ligne verticale, que ce soit un accrochage ou un enchevêtrement, ça crée un stress qui réduit sa possibilité d’avoir des nouveau-nés.»
«C’est une théorie, donc nous sommes très concernés. Nous suivons la question de près.»
Durant la dernière saison de mise bas, en hiver 2017-2018, il n’y a eu aucune naissance et cette nouvelle a exacerbé la situation.
Les groupes de protection des animaux, qui auraient les poches plus profondes que les pêcheurs, selon Mme Casoni, s’attaquent aux lignes verticales de pêche. Il s’agirait de «la cible la plus facile», mais pas nécessairement la bonne, selon elle.
Lors de réunions au Rhode Island, la semaine dernière, le groupe Whale and Dolphin Conservation a proposé d’éliminer la moitié des quelques 622 000 lignes verticales de pêche des eaux américaines d’ici cinq ans.
«Jusqu’à ce que nous tombions sous le seuil d’un seul RBP par an, nous pensons que chaque fois qu’une évaluation des stocks a lieu et qu’on n’atteint pas les cibles de RBP, une autre action légale sera déposée.»
Des membres de l’industrie de pêche américaine proposent plutôt d’utiliser des cordages qui brisent plus facilement dans le cas où une baleine s’empêtre avec un engin de pêche.
Pour Mme Casoni, il y a lieu d’être optimiste. Le fait qu’il n’y pas eu de décès en série de baleines noires en 2018 est de bon augure.
Mme Casoni espère qu’il y aura plusieurs naissances de baleines noires au cours des prochains mois. Une telle nouvelle réjouirait non seulement ceux qui souhaitent voir le rétablissement de la population du mammifère marin, mais aussi les milliers de pêcheurs et les centaines de communautés côtières qui dépendent économiquement de la pêche. ■