HÔPITAL DE BATHURST: «ÇA POURRAIT EMPIRER»
Le Syndicat des infirmières et des infirmiers du Nouveau-Brunswick n’est pas étonné par ce qui survient à l’unité d’obstétrique de l’Hôpital régional Chaleur de Bathurst. Sa fermeture temporaire pour une deuxième semaine de suite, faute de personnel, était quasiment écrite dans le ciel.
«Ça ne nous surprend pas, admet bien malgré elle Maria Richard, vice-présidente du regroupement syndical. Plusieurs unités spécialisées ont travaillé à court de personnel cet été. On a vu fermer l’urgence à l’Hôpital de Moncton. On a même vu une infirmière travailler 36 heures consécutives au département d’obstétrique de Bathurst. En fait, ce n’est que la pointe de l’iceberg et ça pourrait empirer à court terme. Ça nous préoccupe beaucoup.»
Elle trouve désolant qu’on en soit arrivé là, car ça fait des années que le syndicat interpelle le gouvernement, les réseaux de santé et le ministre de la Santé sur cette éventuelle pénurie, déplore la porte-parole.
Ce manque de personnel qui touche notamment l’unité d’obstétrique de l’hôpital de Bathurst, indisponible depuis maintenant deux semaines, oblige les femmes sur le point d’accoucher des régions Chaleur et de la Péninsule acadienne à se déplacer vers les centres de Campbellton et de Miramichi. Seuls les cas urgents seront gardés à Bathurst.
«Nous sommes fiers de voir qu’une décision a été prise pour assurer la sécurité des patientes enceintes, mais il est dommage que la direction de l’hôpital de Bathurst n’ait pas été plus proactive concernant l’obstétrique. On comprend qu’il y a des congés qu’on ne peut prévoir, mais quand il y a des congés planifiés, elle peut former d’autres infirmières pour aller remplacer au besoin», soutient-elle.
200 POSTES À POURVOIR
Selon le Réseau de santé Vitalité, quelque 200 postes d’infirmières sont à pourvoir dans les hôpitaux francophones de la province.
Avec plus de deux travailleurs sur cinq qui prendront leur retraite d’ici à cinq ans, toutes ces histoires ne les motiveront pas à rester encore quelques années dans la profession, fait part Mme Richard.
Elles décourageront également la relève à embrasser cette carrière, croit-elle.
La problématique, quoique très sérieuse, n’est pas irréversible, mais la situation doit être abordée plus tôt que tard, à son avis. Le SIINB recommande que le gouvernement du Nouveau-Brunswick améliore les programmes d’éducation et de formation, fasse appel aux infirmières et infirmiers praticiens, et aux infirmières et infirmiers cliniciens spécialisés, et collabore avec les employeurs pour que les nouveaux diplômés obtiennent des postes permanents dans la province.
«Selon ce que l’on constate, le Réseau Vitalité offre des postes occasionnels ou sur des équipes flottantes aux nouvelles infirmières. Mais si vous voulez les garder, il faut leur offrir des postes à temps plein ou à temps partiel avec des conditions favorables. Ces nouvelles personnes n’ont pas les mêmes besoins que celles qui ont débuté il y a 30 ans. Elles demandent plus de flexibilité. Il faut donc être créatif, entraîner des infirmières en disponibilité pour les unités spécialisées ou encore former des infirmières multi-spécialistes», soumet Mme Richard.